Il fut un
temps où Clermont-Ferrand est devenu le siège du Rock’n’roll Français, c’était
en 2009. Trois jeunes Clermontois sillonnaient l’A71 au volant de leur Mustang.
Coiffés de gomina et parés de leurs plus belles bottines, ce groupe avait
réussi à charmer les critiques en mélangeant le rock de Memphis à la variété
Française. L’exercice était pourtant casse gueule, on se souvient de ces jeunes
groupes de rock Français médiatisé à outrance, jouant la carte du rétro en
tentant de chanter dans leur langue natale qui finirent par se casser les
dents. De ce massacre, seul le groupe de Clermont Ferrand en rescapera, peut
être est ce parce qu’ils allaient plus loin qu’un bête pastiche en composant
des chansons empruntées de modernité ou tout simplement parce que les textes de
Jean Felzine volaient au dessus de
la mêlée.
Deux ans ce sont écoulés depuis, Ils ont quitté l’A71 pour rejoindre la capitale afin de
confirmer tous les espoirs placés en eux. En route, le groupe semble d’ailleurs
avoir perdu sa fièvre rock’n’roll, bien sûr, on ne perd pas son identité sonore
du jour au lendemain et il existe encore des traces de leur influences 50’s
mais elles ne se font plus autant ressentir au profit d’une écriture plus
classique mais moins référencée que par le passé. Pourtant, Mustang est loin de se ranger dans une
case, au contraire, sur Tabou, le
trio a choisi un parti pris en lorgnant de plus en plus vers la variété
Française! Oui, l’association de ces deux mots fait peur mais on ne parle pas
ici du dernier disque d’un quelconque académicien mais bien d’un groupe qui
tente d’élever le niveau actuel de la musique Française. Ainsi, Mustang renoue avec des artistes des
années 60 comme Nino Ferrer avec le titre Tabou,
l’équivalent de Pia Pia Pia sur le
premier disque ou Polnareff sur le superbe restons amants qui taquine de la mandoline.
Ok, la variété c’est cool mais encore une fois, il ne faudrait pas
les réduire seulement à ces quelques références car Mustang c’est plus que ça. On le sait, le nom de leur premier album
y fait vaguement référence. Kraftwerk reste un groupe très important à leurs
yeux. On l’avait entendu sur c’est fini
il y a deux ans avec cette valse de synthé enivrante. Ici, l’instrument vient
souvent donner du relief à leurs chansons comme sur l’excellent titre la princesse au petit pois, parfaite
synthèse du groupe qui démontre qu’ils sont loin d’être dans un exercice de
style passéiste.
Enfin, il ne faudrait pas oublier les textes de Jean Felzine, on pense notamment au très drôle J'fais des chansons, qui porte un regard cynique sur les soit
disant artistes ("Je suis plus
froid qu’un glaçon, mais sensible au fond… Artiste…"[…] "La chanson pour papa quand il mourra, je l’ai
faite. Je t’aimais papa, je ne te le disais pas, je t’aime."). Les récits
d’amours ratés et les peines de cœur restent sa principale inspiration. Tour à
tour tortionnaire (niquée), esclave
(Ramper), ou simplement amoureux blessé (Où
devrai-je aller), Felzine trouve
les mots justes dans ces histoires universelles.
On regrettera cependant le manque de fulgurances sur ce nouveau
disque, à contrario d’A71 qui
collectionnait les mélodies imparable, Tabou
se fait plus sage. Paradoxalement, c’est un disque plus ambitieux mais qui a
tendance à partir dans tous les sens au risque de ne plus trop savoir où on va,
la faute à un groupe encore jeune qui semble ne pas avoir trouvé totalement ses
marques. Néanmoins, leur musique sincère est pétrie d’intentions louables. C’est
certain, Mustang a encore de la
route à parcourir mais avec un potentiel comme le leur, l’avenir pourrait bien
leur sourire très vite.
En écoute aujourd’hui, Où
devrai-je aller, sublime conclusion où l’on retrouve Jean Felzine seul devant
son piano pour un morceau de pure variété comme on les aime.
sortie le : 24 octobre 2011
Label : Sony
En écoute dans le lecteur à droite
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Couci-couça :
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