Lundi 30 janvier : Hospitality - Hospitality

Il y en a qui ont bien de la chance comme ce trio qui a réussi à se faire signer sur le prestigieux label Merge. Pourtant, à l’écoute de leur premier album on ne comprend pas trop pourquoi. Certes les mélodies sont plutôt accrocheuses, et la chanteuse possède un joli timbre de voix mais il manque au groupe un grain de folie ou de génie pour prétendre pouvoir sortir de la masse. On pense parfois à Deerhoof sans les égarements dont ces derniers sont capables et à défaut de titres réellement marquants, il ne reste plus grand-chose à part une poignée de titres mignons comme Argonauts. C’est dommage car le groupe a tout de même du charme et le disque, à la saveur de l’été, s’écoute d’une traite, mais il ne passera pas l’hiver à cause d’un manque flagrant d’originalité.

En écoute aujourd’hui, le sympathique Friends Of Friends, le premier single du groupe, c’est léger c’est frais, ça s’écoute tout seul, ils sont contents, nous aussi.




Sortie le : 31 janvier 2011
Label : Merge

En écoute dans le lecteur à droite


Pour :
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Couci couça :
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Contre :
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En bonus le clip de Friends Of Friends :


Hospitality - "Friends Of Friends" from stereogum on Vimeo.

Semaine 4 : Cloud Nothings – Attack On Memory [Carpark]


"He played Scrabble on Facebook almost the entire time; I learned some Scrabble tricks. He would alternate between that and writing on his food blog. I don't even know if he remembers what our album sounds like."

Dylan Baldi, âgé d’une vingtaine d’année, n’a pas sa langue dans la poche quand il s’agit de s’attaquer au producteur d’Attack On Memory qui n’est autre que Steve Albini, responsable du son d’In Utero de Nirvana ou Surfer Rosa des Pixies (c’est pas un novice quoi). Pourtant, ce disque est indéniablement marqué par le travail de ce dernier car il est avant tout un formidable retour vers les années 90.

Les groupes qui rendent hommage à cette décennie pullulent ces derniers temps mais avouons le, la claque aura rarement était aussi forte qu’avec le dernier né de Cloud Nothings qui nous a totalement pris par surprise. Retour en 2010, à l’époque, on découvre ce jeunot tout juste sorti de l’adolescence qui nous sort une compilation de titres Garage Lo-Fi. On décèle un jeune talent capable d’enchainer les brûlots et les tubes avec une aisance remarquable. S’ensuit un premier album qui nous avait alors déçu. Oublié le son cradingue, Dylan Baldi avait beaucoup gagné en maturité en quelques mois seulement et la fougue n’était déjà plus là, les mélodies non plus d’ailleurs… Un an plus tard, Attack On Memory montre un groupe qui a encore vieilli mais qui semble enfin avoir trouvé son chemin et retrouvé son inspiration.

Dès l’ouverture on est surpris par l’absence de frénésie, lui qui avait tendance à partir au quart de tour, il nous offre en lieu et place cette longue montée qui finit dans une explosion de rage. Bien que ce morceau soit assez singulier par rapport au reste qui a tendance à jouer à toute berzingue, Cloud Nothings présente avec No Future/No Past la ligne directrice de leur nouvel album. Le son est puissant, clair et massif.  Instantanément, il est difficile de ne pas penser à Nirvana qui pouvait eux aussi jouer dans ce registre d’autant plus lorsque Dylan Baldi crie comme un enragé (Bon dieu comment fait-il pour ne pas se faire pèter les cordes vocales ?), jouant cette fois ci sur les plates bandes de Francis Black qui restera un des plus grand et beau gueulard de l’indie Rock.
Après cette mise en bouche, le groupe de Cleveland revient vers des chansons plus directes et incisives où ils alternent entre le punk et le grunge mais toujours à la sauce des années 90, et ça cogne sévère. No Sentiment, chanson la plus « calme », est tout de même portée par cette guitare jouant inlassablement la même note à une vitesse folle, le son nous écrase et Baldi crie encore. C’est un disque qui bien que jouissif et très direct vient vous bousculer, on s’éloigne des compositions ensoleillées pour une ambiance plus sombre et inquiétante. Le groupe se permet aussi quelques extravagances comme avec Wasted Days, longue de 9 minutes mais qui passe à une vitesse folle ou la présence d’un titre instrumental alors que l’album ne possède que 8 chansons.

Quoiqu’ils disent, leur nouvelle production marque un grand changement dans leur son, peut être est ce parce que Dylan Baldi s’est moins comporté comme un homme orchestre et a laissé ses petits camarades marquer leur empreinte, peut être est ce le lieu mythique de l’enregistrement, n’empêche on reconnait le travail de Steve Albini par ce son massif et cette voix peu travaillée qui donne au disque un supplément d’âme, un disque qui semble être taillé dans la roche, un disque sans fioritures qui se contente de faire les gros bras non sans finesse.

Attack On Memory, qui porte très bien son nom, est une belle surprise de la part de Cloud Nothings qui nous avaient quelque peu déçus. Sans temps morts, on passe avec eux une demi-heure qui vous décrasse les oreilles et vous fait taper du pied comme jamais. Si les références ont tendance à jouer en leur défaveur on appréciera cependant l’ensemble pour sa cohérence et sa qualité car ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur des albums aussi jubilatoires.




Sortie le : 24 janvier 2012
5 titres en écoute à droite.


Couci-couça :
Visual Music
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Contre :
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En bonus, le premier clip d'Attack On Memory :

Cloud Nothings - "No Future / No Past" Official Video from Urban Outfitters on Vimeo.

Top albums 2011 : 10ème - 1er


Enfin! On y est, les dix meilleurs albums de l’année sont là, ils sont beaux, on les aime. J’espère que vous aurez apprécié ce bilan musical qui m’a donné beaucoup de travail, je tiens à le préciser. On ne va pas faire un long discours, les articles parlant d’eux-mêmes je vous souhaite donc comme d’habitude une bonne lecture, une bonne écoute, et je vous dis à bientôt en espérant une année 2012 de haute tenue en matière de musique.

Vous trouverez tout en bas un lecteur pour écouter les chansons. En cas de problème (chanson inécoutable, lecteur absent/cassé…), n’hésitez pas à me laisser un commentaire pour corriger le problème.

Pour rappel :



10 : Petit Fantôme - Yallah


On n’aimerait pas lui mettre la pression mais on attend énormément de Pierre Loustaunau dans un futur proche. Avec ce mini album (en fait c’est un EP, enfin je crois, mais on s’en fout), Petit Fantôme nous offre ce que l’on aimerait entendre dans chaque formation Française se disant pop : un minimum d’originalité. Car en plus de composer de superbes mélodies, l’artiste bricole ses compositions en y ajoutant une multitude d’idées et d’effets pour mieux les faire décoller. On saluera au passage le travail de Père Dodudaboum et de Pendentif qui réalisent chacun un remix non dénués d’intérêts.Si cela ne suffisait pas, Petit Fantôme prend le risque de chanter en Français mais force là encore l’admiration avec des textes ensoleillés faussement candides. On y parle de tout plaquer pour partir vers une destination idéale où l’on y vivrait d’amour et d’eau fraiche. Son univers a un parfum d’adolescence et de nostalgie, on s’affranchit des barrières pour vivre nos aspirations. Yallah est un disque plein d’espoir où l’on s’abandonne aux rêves et à un passé fantasmé.

Label : Animal Factory


09 : Telekinesis - 12 Desperate Straight Lines


12 Desperate Straight Lines est un peu la surprise de ce top 10. C’est la surprise parce que son premier album n’avait vraiment rien de folichon, un album pop/rock sans grande envergure. Cette seconde livraison est du même acabit, les chansons sont simples et évoluent toutes dans le même registre. Qui plus est, Michael Benjamin Lerner n’innove en rien, c’est juste un disque de power pop comme l’ont fait des milliers d’autres groupes avant lui. A l’heure des bilans, force est de constater que 12 Desperate Straight Lines a été un des albums les plus écoutés de l’année. La recette est pourtant simple mais Telekinesis a sûrement écrit le disque le plus homogène et le plus estival. Les mélodies sont légères, courtes et efficaces, on l’écoute d’une traite et qui plus est, en boucle. Telekinesis s’est avéré être le compagnon idéal pour les réveils embrumés, les ballades sous un soleil de plomb et finalement, pour tous les moments de la journée et de la nuit. Michael Benjamin Lerner a démontré qu’il n’était pas nécessaire d’innover pour faire un bon disque, une chose que l’on a tendance à oublier de nos jours.

Label : Merge


08 : Moomin - The Story About You


The Story About You est un cas étrange car il a tout de l’album chiant. Inutile de préciser que sa présence dans le Top 10 prouve tout le contraire. Tout d’abord, c’est un disque long. Avec 10 chansons pour plus de 60 minutes, on pourrait nous faire frôler l’indigestion surtout quand la musique évolue si peu tout du long. Seulement, on ne sait par quel miracle, la musique du Berlinois devient l’un des voyages les plus passionnants et hypnotisants de l’année. Du titre éponyme avec sa rythmique folle en complet décalage avec le piano d’une tristesse sans pareil, à Sundaymoon qui clôture le disque dans un ballet aérien mené par des beats omniprésents, on est sous le charme. Moomin s’autorise tout, changeant d’ambiance constamment comme avec cette escapade enivrante et jubilatoire qu’est I Wanna. Tout cela, sans jamais sacrifier cet équilibre entre les rêveries que sa musique nous procure, la beauté fragile qui nous touche et l’excitation qui nous envahit.

Label : Smallville


07 : King Creosote & Jon Hopkins - Diamond Mine


Diamond Mine, c’est avant tout l’histoire d’une collaboration entre deux orfèvres : King Creosote et Jon Hopkins. Le premier est un bourreau de travail qui a tendance à sortir autant d’albums qu’il n’y a de mois dans l’année, de l’autre côté on retrouve Jon Hopkins, électronicien et producteur de génie qui ne cesse de grimper les échelons. Ensemble, ils construiront cette œuvre sur 7 ans, sans contraintes, ils ont pris tout le temps dont ils avaient besoin pour écrire ces quelques compositions. Tandis que King Creosote s’est occupé de composer, d’écrire les paroles et de les interpréter, le travail de Jon Hopkins a été tout aussi important en tant que producteur. Diamond Mine est presque un disque d’ambiance où le bruit des vagues et des discussions dans les cafés résonnent à nos oreilles. Jamais pompeux, c’est au contraire un disque plein d’humilité et de pureté. Si l’on pourrait y voir un disque inoffensif, sachez qu’une fois apprivoisé, il ne vous lâche plus, il vous obsède au point de ressentir le besoin de s’en abreuver jusqu’à en tarir la source. Heureusement pour nous, elle semble inépuisable tant les richesses dévoilées se font de plus en plus nombreuses, car il suffit de tourner, dans nos doigts fébriles, ce diamant brut pour y découvrir une facette toujours plus étincelante.

Label : Domino


06 : The Roots - Undun


On croyait que The Roots était à l’agonie, perdu dans des productions sans intérêt qui se contentaient de recycler ce qu’ils avaient déjà fait en mieux par le passé. Il n’y avait donc en toute logique, rien à attendre du 11ème album studio de The Roots, surprise, c’est peut être le meilleur. En regardant les avis d’autres blogueurs et webzine, je suis tombé sur la critique de Soul Brotha Music qui en quelques mots résument en quoi Undun est si important : "On dit rarement d’un album Rap qu’il est émouvant". Tout est là. A vrai dire, je n’ai jamais été autant touché par un album de rap. The Roots y raconte sur toute la durée du disque, la triste vie de Redford Stevens, un jeune vivant dans une banlieue pauvre des Etats Unis. La plus belle idée aura été de commencer par la mort du personnage, au fil des chansons, on remonte son histoire, on découvre la vie de cet anti-héro inspiré par une chanson de Sufjan Stevens qui rejoue pour l’occasion ce titre. Entre les 4 mouvements instrumentaux qui concluent le disque, les mélodies poignantes et cette rage qui avait quitté le groupe depuis un moment, Undun est un vibrant témoignage du talent d’un des groupes les plus importants du Rap.

Label : Def Jam


05 : Atlas Sound - Parallax


4ème meilleur album en 2008, 29ème en 2009 (réévalué à la hausse depuis), 4ème en 2010… Les années passent et Bradford Cox continue de truster mes tops de fin d’année sans réussir à décrocher la 1ère place. Soyons clair, ce gaillard est très talentueux et le prouve encore avec Parallax, un album qui regorge de pépites. Cependant, l’artiste doit être frappé par une malédiction où je ne sais quoi mais le fait est qu’il y a "un problème Bradford Cox". Aux débuts de sa carrière, jusqu’à Logos, on regrettait l’inégalité de ses productions dus à des titres plus brouillons qui pâtissaient face au reste du disque d’une toute autre ambition. Avec Halcyon Digest, son groupe révélait un son plus pop et laissait de côté les expérimentations sonores qui nuisaient à la cohérence de leur disque. Pas de bol certaines chansons nous faisaient regretter le Deerhunter d’autrefois. Sur Parallax, il en est de même, le son est bien plus travaillé et les titres ambiants et expérimentaux se sont fait la malle. Problème, son projet solo ressemble beaucoup trop à son groupe initial et manque cruellement de singularité. A ce moment là, on est bien embêté et on ne voit pas comment il pourrait franchir un nouveau cap car, à défaut de chef-d’œuvres, il continue d’écrire de grands disques. Si les reproches sont nombreux, il ne faut pas oublier qu’il reste un des plus passionnants compositeurs de son époque. Comme d’ habitude, Parallax est peuplé de grandes compositions où l’étrangeté des titres finit par dévoiler leurs incroyables richesses grâce à un remarquable sens de la mélodie. Ce nouvel album est imparfait, et il n’est donc pas un chef d’œuvre mais peut être n’est ce pas plus mal, c’est peut être tous ces défauts qui le rendent si humain et si touchant.

Label : 4AD


04 : Real Estate - Days


Malgré les changements de membres qui ont eu lieu au sein de la formation de Real Estate, le groupe est resté le même depuis sa découverte en 2009. Il y a un véritable savoir faire pour déclencher des émotions chez l’auditeur. Days est, comme son prédécesseur, aérien, c‘est un disque de doux rêveur évoquant l’évasion et où la mélancolie est sans cesse invitée. La principale force du quatuor devenu quintet avec l’arrivée d’un claviériste est ce talent pour mêler les lignes de guitares sans jamais sonner brouillon mais au contraire, créer une véritable alchimie. Dès les premières écoutes tout est clair, les guitares n’ont jamais aussi bien sonnées, les mélodies nous éclatent en plein visage et le charme agit instantanément. Days est un album pop évident, un album que peu d’écoutes suffiront à apprivoiser mais qui se dévoile être passionnant dans sa construction. Ce disque appartient à cette catégorie très fermée qui révèle à chaque écoute de nouvelles subtilités et les nombreuses couches de guitares en apparence n’y sont pas pour rien. Peut être est ce parce que leur musique respire la sincérité et l’humilité que ce groupe possède un capital sympathie énorme mais il faut bien l’avouer, Days est une réussite et est plus qu’une simple confirmation de leur premier essai mais un gage de qualité pour l’avenir. Real Estate ne réinvente rien mais ce qu’ils font, ils le font merveilleusement bien et dans leur domaine, peu de groupes peuvent prétendre rivaliser avec eux.

Label : Domino


03 : Panda Bear - Tomboy


On est en avril et on croit tenir l’album de l’année, pourtant, les mois passent et Tomboy ne revient que très rarement dans les oreilles. Il faudra attendre le 29 novembre et le passage de Noah Lennox dans la capitale pour retrouver les sensations que ce disque nous avait procuré à sa sortie. Ce concert a été d’une importance capitale pour comprendre l’ampleur de cette production et l’apport essentiel de Sonic Boom. Il faut savoir que Panda Bear recherche constamment à sonner différemment, après l’acoustique Young Prayer et le luxuriant Person Pitch basé sur des samples, Noah Lennox cherchait une nouvelle approche à sa musique résolument pop. La solution, il la trouvera donc avec Peter Kember qui accentue l’écho surdéveloppé du disque qui était déjà très marqué avant son arrivé et lui apporte des sonorités beaucoup plus mécaniques. S’affronte alors deux mondes, d’un côté il y a ce son très froid et industriel, de l’autre, il y a la sensibilité pop très nature de Noah Lennox. Les deux hommes nous convient alors dans un étrange voyage où l’on découvre une nouvelle facette de l’artiste. Il réussit une nouvelle fois à nous surprendre aussi bien par la qualité de ses compositions que par son travail effectué au niveau du son. Pourtant derrière ce travail très réfléchi, Panda Bear écrit une musique sensorielle, celle qui convoque votre imaginaire, qui vous berce, qui vous fait rêver et vous fait oublier.

Label : Paw Tracks


02 : Robag Wruhme - Thora Vukk


Fermez les yeux et imaginez une techno assez minimale aux rythmes toujours plus frénétiques mais qui laisseraient se faire envahir par les cordes et le piano pour un résultat aussi jouissif que poétique. Ce disque se passe de mots, c’est une musique que l’on vit et qui vous happe dès les premières secondes, c’est une musique aussi belle que dansante, troublante, qui ne cesse de vous faire frissonner. Thora Vukk est un bel exemple de cette capacité de passer par deux états complètement différents, on est submergé par le piano et les cordes superbes avant que la rythmique endiablée ne reprenne le relais. Que dire des voix furtives sur Tulpa Ovi qui justifieraient à elles seules l’achat de ce disque. Thora Vukk est un album onirique, beau, mélancolique, nostalgique et poétique (oui oui, tout ça à la fois), il vous rend béat et vous emporte dans votre imaginaire. C’est un plaidoyer pour la vie, des jolies choses et de ces moments magiques que vous repassez dans votre tête alors que vos pieds ne peuvent s’arrêter de danser.

Label : Pampa


01 : Kurt Vile - Smoke Ring For My Halo


2011 aura été ma véritable rencontre avec Kurt Vile, un jeune compositeur plein de talents qui à déjà bien roulé sa bosse. Dès le premier titre, Kurt Vile développe un folk aérien, rêveur et mélancolique, on est charmé instantanément. Malgré son jeune âge, cet enfant prodige fait preuve d’une grande maturité. A la frontière du chant et du parlé, sa voix se fait grave et profonde et son interprétation n’a d’égal que ses compositions remarquables. Kurt Vile évoque souvent un Dylan plus psychés ou un Tom Petty moderne. Smoke Ring For My Halo est une évidence, il est touché par la grâce où chaque composition est limpide. Sans rien inventer, Kurt Vile écrit des titres aux allures de classique Folk/Rock, c’est un disque songeur qui laisse à l’auditeur le temps d’apprécier chaque note de son jeu libéré. Les cordes résonnent dans nos oreilles, elles nous caressent délicatement le tympan, on frissonne parfois sur quelques refrains à la beauté irréelle. Surtout, ce disque vieillit chaque jour un peu mieux, d’un excellent exercice de style, Smoke Ring For My Halo est devenu un trésor intemporel d’une élégance et d’une justesse rare.

Label : Matador

Top chansons 2011 : 10ème - 1er

2011 aura été indéniablement une année à chansons. Sans ces 10 premières places, mon année aurait été grandiose, mais elles sont là et elles sont un peu comme la cerise sur le gâteau. Ces 10 compositions ont été, comme vous pouvez vous en douter, écoutées à outrance. On retiendra de ces titres, la grande forme des Français avec pas moins de trois titres représentant notre nation et de quatre femmes. Un record pour Ears Of Panda.

Vous trouverez tout en bas un lecteur pour écouter les chansons. Excepté une qui a été malheureusement impossible à intégrer. En cas de problème (chanson inécoutable, lecteur absent/cassé…), n’hésitez pas à me laisser un commentaire pour corriger le problème.

On se retrouve dimanche ou lundi pour les 10 meilleurs albums selon Ears Of Panda. Bisous!



10 : PJ Harvey - The Last Living Rose


Les meilleures sont les plus courtes dit-on. Voilà un dicton à la con qui ne se vérifie que trop rarement en musique mais pour une fois on lui donnera raison avec The Last Living Rose et ses 2 minutes et quelques. La grande force de cette chanson, c’est les changements incessants que PJ Harvey produit en un temps si court. C’est simple, on compte quatre parties bien distinctes avec en toile de fond les accords de guitare qui tournent en boucle. Chaque virement mélodique est produit par un nouvel instrument qui se met en avant. Ainsi, les cuivres, puis les chœurs et enfin la guitare électrique tirent la couverture pour eux. C’est aussi un titre qui évolue sur un fil, partagé entre sa fragilité et son côté conquérant produit par un jeu très frontal de certains instruments. Toute la force de The Last Living Rose est là, c’est dans cette ambiguïté constante que PJ Harvey nous touche au plus profond de nous.

Extrait de l'album Let England Shake
Label : Island


09 : Tyler, The Creator - Yonkers


On change totalement de registre avec Yonkers, le premier single extirpé du très inégal Goblin. Il n’est pas question de faire dans les sentiments ici, Tyler, The Creator agresse l’auditeur dans ce morceau carrément flippant fonctionnant sur une simple boucle. Mais qu’elle boucle! Froide, mécanique, on écoute les délires schizophrènes du rappeur à moins que ce soit de son alter ego Wolf Haley. Peu importe, ce branleur s’amuse à défoncer tout ce qui bouge avec sa verve d’une rare violence en nous prenant, non pas comme témoin, mais plutôt comme un psychiatre. Unique en son genre, Yonkers est venu mettre un grand coup de pied dans le monde du rap Américain et rien que pour cela, on le remercie.

Extrait de l'album Goblin
Label : XL


08 : Cults - Abducted


Après Most Wanted, Cults réitère en plaçant pour la seconde année consécutive une de leur chanson dans le top 10. Il faut l’avouer, Most Wanted à côté, c’est du pipi de chat car Abducted est sans aucun doute le grand tube de leur premier album. Contrairement au reste du disque, le morceau est beaucoup moins léger dans son instrumentation et assume les paroles sombres de la chanteuse qui nous parle de l’échec de sa relation amoureuse. Un peu moins orienté vers la pop des années 60, c’est une composition qui déploie une force incroyable pour se faire entendre, c’est la bourrasque qui emporte tout sur son passage, celle qui nous obsède et vers laquelle on finit toujours par retourner. En étant la plus éloignée du style atypique de Cults, on rêve d’un prochain album qui se rapprocherait du fantastique Abducted.

Extrait de l'album Cults
Label : In The Name Of


07 : Woodkid - Iron


Dans le rayon épique on appelle Woodkid et sa chanson Iron. Derrière ce nom se cache Yoann Lemoine un clippeur qui a commencé sa carrière avec Yelle et qui a depuis fait un bon bout de chemin en signant la vidéo du dernier single de Lana Del Rey. A force de tourner des clips pour les plus grands, Yoann Lemoine a sûrement voulu lui aussi se frotter au monde de la musique et il a bien eu raison lorsque l’on écoute Iron. La formule est simple, des cuivres et des rythmiques tribales qui pètent, tout ça soutenu par des claviers et sa voix si désabusée. Son premier album prévu pour 2012 est intitulé The Golden Age et ne devrait pas passer inaperçu.

Extrait de l'EP Iron
Label : Green United Music


06 : Fránçois & The Atlas Mountains - Muddy Heart


On s’évade avec ce titre des touches à tout de Fránçois & The Atlas Mountains. Dès que la rythmique démarre, on part au loin, on survole des plaines arides, les cheveux aux vents. C’est con à dire mais c’est ce qu’évoque immédiatement la chanson, le son est chaleureux mais il y a une vraie fraîcheur et une sensation de liberté qui s’en dégage. Muddy Heart est un croisement entre la pop et la musique Africaine qui n’a vraiment rien de novateur mais Fránçois Marry y insuffle sa poésie et sa sensibilité avec beaucoup d’aisance. Il y a chez eux un naturel et une décontraction qui se ressent dans leur jeu. Ni triste, ni joyeux, Muddy Heart serait plus une agréable ballade, qui vous apaise et qui vous ouvre, à chaque fois un peu plus, les yeux sur la beauté du monde qui nous entoure.

Extrait de l'album E Volo Love
Label : Domino


05 : Girls - My Ma


Sans aucun doute, My Ma restera la plus belle chanson du groupe sur Father, Son, Holy Ghost. Elle est un bel exemple de l’ambition qu’ils ont placé dans ce disque. Le son est clair et en impose, on est loin du minimalisme de leurs chansons passées. Ici, l’orgue Hammond donne du relief tandis que les lignes mélodiques, les voix des choristes  et d’Owens viennent donner un supplément d’âme et d’émotions à cette chanson. Par rapport aux compositions d’Album, le tempo a sérieusement ralenti. Aux premières notes, on sent déjà que ça va pleurer dans les chaumières. Basé sur des paroles simples à la beauté et l’honnêteté désarmante, on ne peut être que touché par la candeur dont fait preuve Christopher Owens. My Ma est comme tout le disque, il a une gueule de classique avec ses deux solos de guitares et ses voix soul d’une classe folle. Girls prend encore une fois notre cœur en otage dans cette lettre ouverte à sa mère, écrite par un fils perdu qui, malgré le succès, est toujours aussi paumé.

Extrait de l'album Father, Son, Holy Ghost
Label : True Panter Sounds


04 : Adele - Rolling In The Deep


Adele c’est avant tout un triomphe pour l’industrie musicale et une histoire de chiffres impressionnant. C’est 16 millions d’albums vendu en 2011, une histoire loin d’être fini pour 21 qui continue à truster les charts. Avec une première place au Billboard 200 en début d’année 2012, ce sont 16 semaines en tout qu’elle a placé son disque au top du classement, un fait qui n’était pas arrivé depuis 98 et la BO de Titanic. Tout cela elle le doit à deux chansons : Someone Like You et Rolling In The Deep. Si la première est une superbe ballade, c’est surtout cette dernière qui nous aura frappée par la puissance qui est déployée. Ce blues/Gospel/Disco comme elle aime à décrire sa chanson, est une montée constante où chaque instrument est sans cesse amplifié.  C’est une charge sonore, la batterie martiale et le piano ne cessent de battre la mesure, Adele est déterminée à nous envoyer dans les cordes. La grande force du titre est cette impression que le couplet est toujours plus fort que le précédent, les écoutes ont beau avoir été nombreuses, le refrain explose toujours autant. On est bouleversé par la voix impressionnante d’Adele quelque peu démonstrative mais jamais dans l’excès qui signe une chanson pleine de détresse  et d’urgence.

Extrait de l'album 21
Label : XL


03 : Charles Bradley - The World (Is Going Up In Flames)


L’année dernière on plaçait l’entraînant I Need A Dollar, petit tube soul en or, dans notre top 10 des chansons 2010. En 2011 c’est le sexagénaire qui prend le relais avec  The World (Is Going Up In Flames). Je vous arrête tout de suite, à côté, Aloe Blacc ressemble à une vaste blague, à de la musique d’ascenseur pour combler les silences. Cela aura été le premier choc de l’année et à vrai dire on n’aura pas été beaucoup plus marqué par les mois qui ont suivi. Son grand atout, c’est sa voix, elle crie à n’en plus pouvoir, l’émotion et la ferveur transpirant à chaque note. The World (Is Going Up In Flames) obsède, la tristesse est palpable, une rage désenchantée nous poursuit dans ce titre en tout point bouleversant.

Extrait de l'album No Time For Dreaming
Label : Daptone



02 : Lana Del Rey - Born To Die


Lana Del Rey ou la dernière sensation "indé" s’en sera pris plein la gueule, il faut dire que la demoiselle ne semble pas vouloir jouer franc jeu et pourrait bien être un joli coup marketing. Pourtant derrière ses yeux de biches, sa bouche gonflée et son nez affiné, sa musique, qu’elle soit écrite par elle ou non, a été une véritable gifle. On l’a connue avec Video Games, où elle nous faisait découvrir une musique cinématographique inspirée par les années 50. Un Blue Jeans plus tard, la future diva pop  est revenue avec la chanson Born To Die qui fait tomber le masque. Derrière la "Gangsta Nancy Sinatra", comme elle aime se qualifier, laisse apparaitre une femme fragile à travers ses paroles. La mélodie n’est pas en reste, pleine d’emphase, les violons se multiplient et sa voix fait le grand écart. Entre les détracteurs et les adorateurs, Ears Of Panda a fait son choix.

Extrait du single Born To Die
Label : Interscope


01 : M83 - Midnight City


A la mi-juillet je suis parti en Espagne, il faisait beau, il faisait chaud, on avait eu un bel été. Je suis rentré ensuite en France, il faisait froid, il faisait moche, je voulais repartir. Heureusement, Anthony Gonzalez a eu la bonne idée de nous faire découvrir le premier extrait de son album à ce moment là. Ca a prolongé mon été d’un mois. Au-delà d’une musique reconnaissable entre mille dès les premières secondes, M83 a réussi un truc complètement fou où les sons étranges sont devenus des excitants pour toute une jeunesse qui ne s’est pas trompée. En France, ce titre lui a permis de se faire connaitre par un public plus large, à l’étranger, et en particulier aux Etats-Unis, il n’a fait que gagner en popularité, devenant aux côtés de Phoenix et Daft Punk un des groupes Français phare sur la scène internationale. Midnight City est un titre euphorique, on s’excite sur les refrains et on danse lascivement sur les couplets avant de jubiler sur le solo de saxophone qui prend la forme d’un bouquet final.  Bien qu’elle soit une des chansons les plus écoutées de l’année, Midnight City semble ne pas vouloir s’user, elle est à l’épreuve du temps et restera à n’en pas douter, un des moments forts de cette décennie.

Extrait de lalbum Hurry Up, We're Dreaming
Label : Naïve


04 : Adele - Rolling In The Deep