Semaine 37 : The XX – Coexist


L’une des grosses sensations de 2009 est et restera The XX. Sorti de nulle part, ils avaient laissé la critique pantoise face à un premier album qui tutoyait les cieux. Basé sur des sonorités minimales et des compositions simples, le quatuor originaire de Londres avait fait fondre plus d’un cœur indé. Pourtant chez Ears Of Panda il en aura fallu du temps pour apprivoiser ce premier essai. Si l’on était conquis par la grandeur des singles, le reste du disque semblait bien fade à côté. Avec le temps, cette impression d’avoir un album en montagne russe a laissé place à un amour immodéré pour leur musique à la beauté glaçante. C’est donc sans trop d’attente qu’est arrivé ce deuxième disque enfin dans mon cas, car pour les amoureux de la première heure il aura fallu attendre trois ans. Cette attente s’explique principalement par la distance prise par Jamie Smith avec ses deux compagnons (la troisième personne, la guitariste Baria Qureshi, ayant quitté le navire en plein milieu de la tournée /uncool). Pendant que Oliver Sim et Romy Madley Croft comptaient fleurette,  le petit génie plus connu sous le nom de Jamie XX a mis son talent au profit du regretté Gil Scott-Heron en remixant son dernier et ultime album. We’re New Here fut d’ailleurs applaudi par la critique et permis au jeune homme de tourner cette fois ci seul en tant que DJ.

Mais bon, c’est bien beau de tripoter des boutons devant un public ecsatsié mais au bout d’un moment faut arrêter les conneries et retourner en studio avec les copains qui l’attendaient bien sagement avec de nouvelles chansons en main. Soyons clair, l’écriture des XX n’a pas changé d’un iota. Leurs compositions épurées jusqu’à l’os se contentent de recréer la magie du premier album en écrivant des lignes de guitares ainsi que de basses simples. Ce qui pourrait être un reproche est ici tout le contraire. On salue le talent de Croft et Sim qui ont cette facilité déconcertante pour écrire des chansons à l’évidence mélodique tel qu’Angels, une composition limpide et poignante basée sur quelques accords mais d’une incroyable efficacité quand il s’agit de vous faire hérisser les poils.
Là où le bât blesse, c’est que Coexist est beaucoup moins régulier que son prédécesseur, peut être que la donne changera avec les années comme ce fut le cas pour le premier album mais on a beaucoup plus de mal à y croire face à la morosité de certains titres trop calmes, trop amorphes et surtout sans grandes mélodies. Heureusement, c’est là que Jamie Smith entre en jeu. Après son escapade solo on attendait vraiment qu’il donne aux XX une autre dimension à leur musique, qu’il la fasse décoller vers d’autres horizons, le pari est à moitié réussi. Si des influences dubstep sont présentes tout au long du disque, on aurait aimé qu’il se lâche encore plus. On apprécie le juste dosage sur des titres comme Fiction ou Sunset qui nous donneraient presque envie de danser mais on regrette la folie parfois un peu timide comme sur Swept Away, seul titre où Jamie XX semble avoir pris des libertés avec les compostions du duo sans en vouloir en faire trop. Les 5 minutes passées, un goût d’inachevé nous reste dans la bouche et laisse place à un constat qui pourrait s’avérer être vrai pour l’intégralité de l’album.

On ne sait pas si c’est par peur de paraitre daté d’ici deux ans, de tomber dans le mauvais goût mais The XX font exactement ce qu’on attendait d’eux. Coexist est un disque sage et lisse sans aucunes excentricités mais qui tient pourtant la route pour deux choses. La première, c’est l’apport de Jamie XX qui a amené avec lui son expérience de talentueux DJ/producteur et qui propose quelques innovations bienvenues comme ce Steelpan sur Reunion qui ne manque pas de charme. La deuxième chose est toute simple. Sim et Croft sont deux grands songwriters et le prouvent encore une fois à merveille, la plupart du temps, avec des compostions pleines de grâces. Mais la grâce a toujours une fin et en restant dans leur zone de confort, le trio pourrait bien finir par décevoir ou même lasser les plus acquis à leur cause. On leur souhaite donc qu’une chose, c’est de prendre des risques  bordel. Surtout qu’on les aime d’amour ces trois emos aussi touchant sur disque qu’en interview. Alors s’il vous plait, donnons nous rendez vous dans trois ans (va pour quatre) et signez un grand album à la fois surprenant et beau. Vous avez le talent et l’inspiration pour.


Label : Young Turks
Sortie le 10 septembre 2012
5 titres en écoute à droite.

Pour :

Contre :
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Couci couça :
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