Girls, drôle de nom pour ce
groupe Californien à la géométrie variable. Girls, c’est avant tout deux hommes, Chet "JR" White, bassiste et producteur et bien sûr Christopher Owens figure torturée et
forcément fascinante qui fait de lui l’élément principal de ce collectif. On ne
reviendra pas sur sa jeunesse chaotique, seulement, le parallèle entre ce qu’il
a vécu et les paroles qu’il accouche est évident. Alors qu’Album était le reflet d’un adolescent désespéré, candide et surtout
romantique, Father, Son, Holy Ghost laisse
entrevoir un personnage plus mûr mais vivant toujours dans la douleur. Entre poésie
et souffrance, Owens écrit sûrement
ses plus beaux textes, la célébrité n’ayant rien changé, au contraire, ses sombres
sentiments ont grandi avec lui. Il est loin le temps où Owens chantait son désir d’avoir un petit ami rêvé, aujourd’hui il
s’appelle Alex mais le ton n’est plus
le même. Amour, mélancolie… Il partage ses peurs, ses doutes et ses aspirations.
Si en deux ans, bien des choses ont changé, Owens est au fond resté le même. Un être sensible, presque ingénu,
étonné par la cruauté du monde qui l’entoure. Tout cela est retranscrit sur cette
pochette qui reprend toutes ces paroles à la fois simple mais d’une beauté et d’une
honnêteté désarmante.
Pourtant, le plus grand changement n’est pas à chercher du côté des
paroles mais dans leur façon de composer. A quelques exceptions, le côté
immédiat et dépouillé de leur pop mélodique a disparu au profit d’un son plus mature. En
clair, si Christopher Owens est
passé de l’adolescence à l’entrée de la vie adulte, leur musique, elle, a vieillit
d’une décennie. Loin d’être un mal, Girls
a décidé de prendre un virage artistique qui leur sied très bien. Il n’y a qu’à
entendre Vomit, premier single de ce
nouvel album pour comprendre ce à quoi il faut s’attendre. Beaucoup moins dans
une recherche d’efficacité que par le passé, il s’agit avant tout pour le
groupe d’instaurer une ambiance.
Séparé en deux parties bien distinctes, on retrouve au début, des
morceaux se rapprochant de ce qu’ils avaient pu faire par le passé. Honey Bunny, l’ouverture de l’album
aurait même pu figurer sur leur premier disque s’ils ne l’avaient pas autant
travaillé (chœurs gospel, production léchée…). On retrouve même un étonnant Die, sorte de hard rock qui se conclut
sur une touche pleine de raffinement. Si la richesse des premières compositions
que ce soit au niveau de leurs arrangements ou tout simplement dans l’évolution
que connait chaque morceau nous avait mis la puce à l’oreille, c’est My Ma et Vomit pierres angulaires du
disque qui finissent par nous convaincre que Girls n’est plus le même groupe qu’il y a deux ans. Ces chansons annoncent
ce qui suivra par la suite à l’exception de la sympathique chanson pop Magic, l’instant détente de la seconde partie,
qui aurait sûrement trouvé une meilleure place en début d’album plutôt qu’entre
ces deux longs et hypnotiques titres que sont Forgiveness et Just a Song.
My Ma donc, accessoirement
la plus belle chanson du groupe et peut être de l’année est un bel exemple de l’ambition
qu’ils ont placé dans Father, Son, Holy
Ghost. Le son est clair et en impose, l’orgue Hammond (une des nouveautés)
donne du relief tandis que les lignes mélodiques et les voix d’Owens et des choristes viennent donner
un supplément d’âme et d’émotions à cette chanson. Par la force des
arrangements et sa construction on comprend très bien que Girls a cherché à réaliser un disque plus cohérent que son prédécesseur
qui était plus urgent en laissant croire que les chansons auraient pu être
enregistré en une seule prise. Vomit,
continue dans cette même lancée mais en répétant inlassablement les mêmes
couplets et les mêmes refrains, ce qui pourrait être anodin au prime abord (ce
qui a été d’ailleurs le cas) révèle finalement un songwriting fascinant, où chaque
minute se voit ajouter d’un instrument, un chant, amplifiant toujours un peu
plus la composition au point de captiver l’auditoire.
Faire mieux que leur premier effort n’était pas une mince affaire et
pourtant, il semblerait que le pari soit tenu. La fougue a disparu au profit d’une
maitrise et d’une maturité qui leur va comme un gant. On pourra reprocher
beaucoup de choses à Father, Son, Holy
Ghost mais on ne pourra pas douter de l’honnêteté de leur démarche. Ils font dans l’emphase des sentiments sans jamais tomber dans la
caricature, il y a chez ces Californiens une innocence bienvenue et touchante.
Si cette maturité pourra être vu comme un disque rétrograde/passéiste, on lui préférera
le terme de classique car chacune des compositions tend à le confirmer, c’est bel
et bien un grand disque qui se cache derrière leur apparente fragilité.
Sortie le : 12 septembre 2011
5 titres en écoute à droite.
Pour :
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Couci-couça :
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Contre :
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1 commentaire:
En ce qui me concerne, c'est couci-couça avec mention +. Le solo de Forgiveness, j'en suis quand même assez fan pour le jouer à la guitare. Et My Ma, c'est vrai, est une grande chanson.
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