Semaine 22 : Karaocake - Rows & Stitches [Clapping Music]

Avant même d'avoir écouté une seule note de l'album, c'est toujours avec plaisir que l'on se plonge dans un disque Clapping Music, qui décidément, n'en finit pas de dénicher les pépites musicales



Chez Clapping Music, les sorties se suivent mais ne se ressemblent pas. Après la folie Clara Clara menée par le génial François Virot et Nightcrawler aka redThe disque tout aussi passionnant, voici Karaocake. Dirigé par la délicate Camille Chambon, elle nous emporte dans un doux monde cotonneux pendant ces 12 titres enregistrés dans sa chambre qu’on imagine parfaitement réalisés sous la couette. Parée de ses plus beaux synthés, la demoiselle souffle aussi bien le chaud par son minimalisme et son esprit fait-maison que le froid par les sonorités des synthétiseurs et la désespérance de ses morceaux. Pour que le tout prendre forme, elle est épaulée par Domotic (Stéphane Laporte) et Charlotte Sampling (Tom Gagnaire), qui sans enlever le côté lo-fi « fait de petits rien » apporte du relief et quelques envolées qui sont le bienvenu.

Toute la tristesse que dégage ce Rows & Stitches a pourtant un goût chaud et agréable, un disque qui donne l’envie d’y retourner encore et encore pour s’imprégner de la beauté de ses mélodies. Car Camille se révèle une grande compositrice aussi bien à l’aise quand il s’agit de faire parler la poudre à la manière des Dum Dum Girls(Eeeeerie) que dans les envolées aux claviers atteignant des sommets (Kingdom). Et que dire de Bodies & Minds formidable objet pop qui nous enivre par la cadence métronomique de la batterie et les boucles de synthés qui n’en finissent plus.

Rows & Stitches est indéniablement un disque attachant pour de multiples raisons mais la plus belle des explications est sa voix. Douce, et chaleureuse mais dominant les instruments avec une certaine mélancolie, Camille Chambon possède bien là son plus bel instrument, chantant les notes dans les graves mais avec beaucoup de rondeur, elle fait parfois penser à une (Au revoir) Simone à elle seule, où à la chanteuse des regrettés The Organ.

Seule ombre au tableau, Karaocake a peut être succombé aux titres en trop ou, tout simplement, a mal choisi la tracklisting de ce premier effort prometteur. Il aurait été judicieux, par exemple, de ne pas positionner en fin de course les deux titres les plus lents et les plus contemplatifs donnant une furieuse envie à nos doigts de passer à la suite. Face à certaines grandes chansons, on retrouve aussi quelques compositions un peu plus faibles donnant l’impression d’un disque en dents de scie.

Ces quelques défauts ne doivent pas vous arrêter dans votre envie d’écouter ce disque car Rows & Stitches le mérite. Cet album, c’est tout et son contraire, c’est la légèreté des mélodies qui se confronte à la froideur des synthés, c’est la joie qui se dégage des compostions qui se confronte à la voix mélancolique de Camille Chambon. Rows & Stitches est tout simplement beau et prouve que Clapping Music s’affirme bel et bien comme l’un des plus passionnants labels Français.



sortie le : 02 juin 2010
5 titres en écoute à droite.

Des critiques positives chez :
Muzzart
Autres directions
Playlist Society
Ground Control To Major Tom

Jeudi 3 juin : Teenage Fanclub - Dark Clouds

Quand on tient un blog, ce n’est pas toujours facile, de se plonger dans les vieilleries discographiques, heureusement, certains groupes dont la gloire et le prestige les ont quittés depuis un moment continuent à publier au fil des années de nouvelles compositions pour montrer qu’ils sont toujours bien vivant. Alors non, je ne connaissais pas Teenage Fanclub, si on m’avait demandé il y a un mois de quoi il s’agissait, j’aurai sûrement répondu un groupe de jeunes Anglais vaguement branchouille qui feraient du rock avec une pointe d’éléctro pour le style quoi. Que voulez vous quand on a 23 ans, on peut difficilement avoir son premier émoi musical avec un album comme Grand Prix leur plus grand succès qui a déjà 15 ans. Car à 8 ans, on se penche rarement sur l’indie pop Anglaise ou quoi que ce soit d’ailleurs. C’est donc avec 20 années de retard que je tombe sur ces vieux de la vieille et découvre une pop des plus classiques. Ils ont un son un peu Anglais sûrement à cause de la production mais pourtant il y a chez eux un son typiquement Américain, il n’y a qu’à écouter The Fall aux allures de ballade dans les plaines du Middle West que seuls ces bon vieux papys du rock qui ont participés à Woodstock en 69 sont capables. On pense un peu aux Byrds aussi… Bref des influences à chercher Outre-Atlantique qui sont pourtant servis par quelques notes de piano ou de violons qui renvoient au pays des rosbeef, ce qui est plutôt étonnant pour un groupe…Ecossais.

Dans ma tête Teenage Fanclub avait aussi une connotation agressive ce qui fait en fait ma deuxième fausse idée à propos de ce groupe plus doux qu’un agneau. Du début à la fin Shadows est un disque d’une politesse extrême. On n’en sort pas brusqué, ni agressé mais emporté comme dans une balade champêtre. La voix m’a même fait penser à la voix la plus douce qui est existé c'est-à-dire Elliott Smith la tension dramatique et la tristesse en moins…

Sans aucun doute, Shadows est un disque mignon mais ce débordement de bons sentiments finit par peser ! Teenage Fanclub, c’est un peu ce mec souriant, gentil, toujours calme mais qui est une vraie tête à claque ! Il y a parfois cette envie qui démange, de les secouer vivement ainsi que leur donner un aller retour bien senti pour essayer de les réveiller en vain… Heureusement l'élégance de certaines chansons rattrapent le tout on pense à Baby Lee et son joli refrain, la rêveuse Sweet Days Waiting, le troublant The Past ou encore Dark Clouds qui malgré son introduction au piano un peu cul-cul gnangnan possède cette beauté fragile. Ces quelques titres sauvent le tout faisant passer ce disque de mauvais à indifférent et qui a au moins le mérite de nous donner envie de se plonger dans leur âge d’or à l’époque où la Britpop était reine.

En écoute dans le lecteur à droite
Extrait de l'album : Shadows
sortie le : 31 mais 2010
Label : Merge
Myspace



Mon ignorance vis à vis des Teenage Fanclub doit jouer... Les autres apprécient :
Music In Belgium
Soul Kitchen
Benzine Magazine
Gonzaï

Mercredi 2 juin : Born Ruffians - Sole Brother

En 2008 si on m’avait pointé un revolver dans la bouche et prié de ne garder qu’un album pour l’été, mon choix aurait été rapide : Red, Yellow And Blue s’imposait comme le disque incontournable, et pas seulement en période estivale, mais sur l’année entière voire même l’un des meilleurs disque de la décennie (carrément !). S’imposant dans le trio de tête de mon top de cette année , ce trio fraichement signé par le prestigieux label Warp avait tout pour eux alors : Une fraicheur, des tubes à profusion et surtout de l’énergie à revendre qui était leur principal atout. Sans sacrifier au grand jamais la cohérence qui parcourait chacun de leur titre, chaque membre du groupe s’évertuait à donner le meilleur d’eux même entre le bassiste Mitch Derosier jouant le plus vite possible en se bousillant les doigts à chaque note et qui s’égosillait la voix à la moindre occasion pour accompagner ses amis, ou Steve Hamelin comme un fou derrières ces fûts, toujours à la limite de l’audible et laissant libre court à son imagination débordante quand il s’agissait de composer des rythmiques fun et complexe à la fois. Et puis au milieu de tout ça il y avait le garçon prodige, ce « little garçon » intransigeant avec sa guitare quand il s’agissait de jouer des hymnes pop et possédant un talent vocal hors pair, un Animal Collective à lui tout seul. De ce Red, Yellow And Blue il n’y avait rien à jeter et là (excuser moi l’expression mais…) c’est le drame. En pleine tournée, le batteur jette l’éponge laissant les deux autres comparses dans la panade, le groupe est au bord du gouffre alors que l’avenir leur souriait à pleine dents. S’en suit une période de doute qui débouche sur un petit miracle où les ados se retrouvent enfin. Plus réunis que jamais ils se lancent alors dans la suite de leurs aventures attendues alors comme des messies par le Panda. Oui mais voilà, cette période noire du groupe semble avoir eu des conséquences importante sur eux. D’ados ils sont devenus des vieillards fatigués, on ne parle même pas de l’âge adulte mais bien celui du cinquantenaire ventripotent, la preuve en est avec Luke Lalonde au visage d’enfant portant fièrement ces petites lunettes rondes de doyen du village.

Et pourtant, rien ne préparait à une telle débâcle. En témoigne leur participation au coffret Warp qui célébrait les 20 ans de leur label où le trio s’était lancé avec talent dans une reprise regroupant deux titres du gourou Aphex Twin. Pourtant, face à l’album Say It, la gueule de bois se pointe rapidement… Si Oh Man n’annonçait pas forcément une telle baisse de régime mais plutôt une entrée timide, les espoirs sont rapidement plombés par Retard Canard, titre Ô combien inutile, aussi répétitif que mollasson. L’album n’est pas autant mauvais, car Born Ruffians se rattrape en fin de disque avec les sympathiques Come Back et Nova Leigh sans pour autant retrouvé la fougue de leur jeunesse ou avec les deux meilleurs titres du disque. What To Say de prime abord décevant qui finit pourtant par dévoiler une certaine mélancolie qu’on n’avait pas forcément aperçu chez eux depuis leur début et Sole Brother sommet de l’album qui rappelle peut être les moins bonnes chansons de Red, Yellow And Blue mais ce qui est encore un niveau au dessus de la grande majorité des compositions de la plupart des groupes. A l’écoute du disque, on peut se demander où sont passés les divagations rythmiques qui ont laissé place à une batterie naviguant à une cadence de croisière ou encore les jeux vocales aliénés au charme incroyable. Ni bon, ni mauvais, Say It est surtout une erreur dans une discographie parfaite. On aurait encore aimé apercevoir en eux ce soupçon de folie enfantine mais au lieu de ça, les Canadiens jouent la carte de la maturité. Pour la suite, on leur souhaite de retrouver le chemin de la fontaine de jouvence car Say It est indéniablement la déception de l’année.



Extrait de l'album : Say It
sortie le : 01 juin 2010
Label : Warp
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Un avis totalement contraire ici