Top albums 2010 des blogueurs

15 en 2008, 37 en 2009, nous sommes cette année 60 blogueurs musiques francophones à vous présenter au travers d'un classement commun les 20 albums qui nous auront collectivement le plus marqué en 2010. En espérant en toute humilité vous permettre de redécouvrir certains disques ou mieux d'en découvrir de nouveaux...


The Radio Dept - Clinging To A SchemeThe Radio Dept - Clinging To A Scheme


Branche Ton Sonotone : Les suédois de The Radio Dept. creusent le sillon d'une pop douce et fantomatique avec un acharnement de surdoués. Leur dernier opus a la couleur d'un coucher de soleil sur un lac scandinave : mélodies diaphanes, tourbillons distordus et rythmiques hypnotiques sont au rendez-vous d'un album qui a un goût d'insaisissable. Un charme nordique, à la fois enjoué et nostalgique, distant et incroyablement émouvant. A lire la critique du Golb et de Branche Ton Sonotone


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Syd Matters - BrotheroceanSyd Matters - Brotherocean


La musique à Papa : Mon histoire avec Syd Matters ? Cela me rappelle ces filles que l'on rencontre comme ça au hasard d'une soirée et auxquelles on n'attache d'abord pas vraiment d'importance. Pas qu'elles soient moches, loin de là, mais on les trouve un peu ...chiantes, manquant de fantaisie. Et puis, un jour, c'est la révélation. On ne comprend pas vraiment pourquoi : est-ce nous qui avons changé ou est-ce elles ? En tout cas, "Brotherocean" a résonné comme une évidence. Comme s'il n'y avait rien eu avant. Et tant pis, s'il n'y a rien après... "A moment in time ", comme disent les anglais. A lire la critique de Rigolotes chrOniques futiLes et insoLentes et de So Why One More Music Blog


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Deerhunter - Halcyon DigestDeerhunter - Halcyon Digest


Esprits Critiques : Réussir un mélange est une chose compliquée. Si vous mélangez des couleurs dans un verre, il y a des chances que vous obteniez un cocktail maronnasse peu appétissant. La musique de Deerhunter, ça pourrait être ça. En mêlant de la noirceur, du son brut, du kraut, des mélodies presque pop et un son aquatique, le risque de gloubiboulga est présent. Pourtant, la bande à Bradfortd Cox a (encore) livré une œuvre subtile et unique, et arrive (encore) à polir un genre qu'il faudrait créer pour eux. Ils savent en tout cas faire monter une ambiance en neige, profiter de ce son vaporeux pour que le brouillard précipite en averse et mener vers une fusion encore plus fluide entre l'écriture et le son. A lire les critiques de Tasca Potosina et de Ears Of Panda


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Pantha du Prince - Black NoisePantha du Prince - Black Noise


Playlist Society : "Black Noise" est un lac perdu dans les montagnes : derrière son romantisme pictural et ses sonorités enivrantes et apaisantes se cachent les traits des tornades à venir et des rayons du soleil qui comme chez Turner caressent les tragédies. Les mélodies électroniques de Hendrik Weber nous guident alors dans la taïga, se dérobent et nous abandonnent face à l'aurore boréale. A lire la critique de Pop Revue Express et le live report de Rigolotes chrOniques futiLes et insoLentes


Joanna Newsom - Have One On MeJoanna Newsom - Have One On Me


Brainfeeders & Mindfuckers : Joanna Newsom ne s'impose jamais nulle part. Elle se fraie un chemin délicatement, avec grâce, avec le temps de son côté. Elle effleure du son de sa harpe, comme une caresse derrière l'oreille, sa voix est devenue satin, mais au fond, rien n'a changé. Elle reste impossible à apprivoiser, toujours insaisissable. Elle s'échappe par tous les détours, dans cette forêt qu'elle dessine en trois disques et quelques chansons. Il suffit donc d'être patient, de la laisser s'approcher peu à peu, puis de se plonger entièrement dans la mystique lumineuse de "Have One On Me". Alors Joanna Newsom devient cette amie imaginaire qui ne peut sortir que d'un rêve. Mais tout est bien réel. A lire les critiques de Playlist Society et de Listen See Feel


Mount Kimbie - Crooks & LoversMount Kimbie - Crooks & Lovers


Chroniques Automatiques : "Crooks & Lovers", trop court, bancal mais pourtant tellement maitrisé, contient des morceaux frisant la perfection, qui dragueront tous les cœurs sensibles. Mélancolie electronica matinée de rythmes 2-step, Mount Kimbie, c'est surtout mini-jupes et
arcs-en-ciel, bitume et claquements de doigts. Bonheur. A lire les articles de Brainfeeders & Mindfuckers et de Musik Please


Cougar - PatriotMGMT - Congratulations


Laisseriez-Vous Votre Fille Coucher avec un Rock-Addict ? : MGMT avait réussi à prouver sa capacité à coller quelques tubes imparables au milieu d'un album fadasse. Le "toujours difficile deuxième album" en est l'antithèse : pas de morceau direct (hormis l'imparable Brian Eno) mais un album fabuleux de complexité, de richesse, une pièce montée de folie(s) et de "plus" qui jamais ne touchent au "trop". Si c'est ça l'avenir du space-rock (ou du prog), on signe des deux mains, et on attend la synthèse en sifflotant "Flash Delirium". A lire les critiques de Des Oreilles dans Babylones et du Golb


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Zola Jesus - StridulumZola Jesus - Stridulum


Unsung : Pour la première fois, Zola Jesus s'est enregistrée en studio, entourée de musiciens professionnels. Cette production soignée met surtout en valeur sa voix profonde, ce timbre légèrement rauque à donner des frissons, renforcé par la réverbération, l'atmosphère angoissante entre rythmiques 80's, piano entêtant, et des textes emprunts de doutes, d'espoirs fragiles, et de complaintes mélancoliques. Cet émouvant "Stridulum" révèle une jeune artiste talentueuse. A lire les articles de Little Reviews et Toujours Un Coup d'Avance !


Gil Scott Heron - I'm New HereGil Scott Heron - I'm New Here


Arbobo : Une histoire d'ange déchu, une histoire vraie. Une histoire de phoenix, de père putatif du rap extrait de tôle par un producteur aux doigts d'or. Il a serré la main du diable, le bougre. Gil Scott-Heron vient peut-être de publier son plus bel album, le plus noir, creusé à mains nues dans le bitume crasseux de New York. Ca saigne, ça saigne mais c'est vivant. C'est palpitant. A lire les critiques de My(Good)Zik et du Choix de Mlle Eddie


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LCD Soundsystem - This is HappeningLCD Soundsystem - This is Happening


I Left Without My Hat : James Murphy a beau s'en amuser et assurer le contraire ("You wanted a hit, but that's not what we do"), ses Lcd Soundsystem, tout en popisant leur propos, n'auront pas franchement changé leur fusil d'épaules avec "This is Happening", troisième et ultime album du groupe. Continuant de rendre hommage à la musique contemporaine par divers emprunts voulus ou fortuits (du Velvet Underground par ci, du Bowie par là), "This is Happening" est un disque aux contours rock, aux beats toujours synthétiques, mais à la vision globale très pop. Surtout, il n'est rien de moins qu'une belle épitaphe pour une des aventures discographiques les plus passionnantes et emballantes de ces dix dernières années, au fronton de laquelle le mot plaisir semble avoir été gravé en lettres d'or. A lire les critiques de Chroniques Automatiques et La Musique à Papa


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Sufjan Stevens - The Age of Adz Sufjan Stevens - The Age of Adz


Ears of Panda : 5 ans après Illinois, Sufjan Stevens nous revient, non sans quelques doutes, avec son projet le plus personnel et sûrement le plus risqué. Retrouvant ses premières amours pour la musique électronique sans abandonner pour autant son goût pour la pop baroque, le compositeur de 35 ans accouche d'un disque pour le moins étonnant. Le génie détruit pour mieux reconstruire et nous offre cet album d'un genre nouveau; à l'ambition démesurée, aux sons hachés, rugueux, épileptiques même, sans perdre jamais de sa superbe. On retrouve alors, dans l'essence même de ce disque, ce doux rêveur toujours en perpétuel mouvement, qui nous avait laissés sans nouvelles depuis bien trop longtemps. A lire les critiques de Esprits Critiques et Brainfeeders & Mindfuckers


Flying Lotus - CosmogrammaFlying Lotus - Cosmogramma


So Why One More Music Blog : Le prodige originaire de la Cité des Anges s'affranchit sur ce troisième album des formats classiques en terme de durée et des carcans trop étroits d'un genre que l'on définissait comme l'abstract hip-hop. Entouré de musiciens talentueux et confirmés, élégant dans son costume de chef d'orchestre qui lui sied à merveille, il dirige des micro-symphonies aussi organiques qu'électroniques, laissant parler son héritage et s'exprimer sa fibre jazz. A lire les critiques de De La Lune On Entend Tout et de Nuage Noir


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Caribou - SwimCaribou - Swim


Pomme de Pin : Hypnotique et viscéral, réfléchi et instinctif, cérébral et dansant, sur "Swim", Caribou mêle boucles électroniques et rythmiques tribales et en profite pour réconcilier la tête et les jambes. L'expression Intelligent Dance Music reprend des couleurs et en une tournée tellurique, toutes batteries dehors, Dan Snaith fait mentir tous les clichés sur les mathématiciens. A lire les critiques de Five Minutes et So Why One More Music Blog


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Owen Pallett - HeartlandOwen Pallett - Heartland


C'est entendu : Débarrassé de son pseudo geek à souhait (Final Fantasy), Owen Pallett brandit l'étendard de son patronyme civil comme le symbole d'une ambition enfin assouvie. Auto-proclamé Seigneur Divin du Royaume de "Heartland", il décore cet univers d'arrangements subtilement magnifiques et réalise un chef d'oeuvre pop dont la "lecture" révèle une mise en abyme homo-érotico-créatrice digne de tous nos louanges. A lire les critiques de Feu à Volonté et de Ears Of Panda


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Janelle Monae - The ArchAndroidJanelle Monae - The ArchAndroid


Le Gueusif Online : Une torpille de soul-funk qui n'oublie pas d'être outracière, voire parfois un peu kitsch, mais qui détonne certainement dans le paysage musical monochrome de cette année 2010. Une voix, une présence et un talent à suivre, que ce soit en studio ou en live, où toute la classe de Janelle Monàe resplendit. A lire les critiques de With Music In My Minds et Music Lodge


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The Black Keys - BrothersThe Black Keys - Brothers


Le Choix de Mlle Eddie : Ô Dan Auerbach que ta voix est belle ! "C'est pour mieux te régaler", pourrait-il me répondre. Le duo d'Akron s'autorise tout sur cet album : rock, blues, pop et même soul, avec une production qui n'a jamais été aussi bonne. Un poil trop lisse, diront certains, par rapport à ses prédécesseurs. C'est vrai, mais ce qu'ils perdent en abrasivité ils le gagnent en diversité. Et Auerbach n'a jamais aussi bien chanté. Ce Brothers, c'est la grande classe. A lire les critiques de La Quenelle Culturelle et du Gueusif Online


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Beach House - Teen Dream.Beach House - Teen Dream


Hop : Beach House tutoie enfin les sommets avec ce troisième album. Plus faciles d'accès, plus immédiates que par le passé, les chansons de Beach House brillent ici par l'éclat des mélodies, par la beauté triste et bouleversante des arrangements assez somptueux que l'on trouve tout au long de ces dix hymnes à la mélancolie qui évoquent la froideur d'une piste de danse au petit matin. A lire les critiques de Between The Line Of Age et du Choix de Mlle Eddie


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Four Tet - There is Love in YouFour Tet - There is Love in You


Good Karma : Obsédant : c'est le moins que l'on puisse dire de ce cinquième album de Kieran Hedben. Très loin de son groupe de post-rock Fridge, l'Anglais a choisi la musique électronique pour s'exprimer en solo. En résulte un disque inspiré par le jazz, la house et l'electronica. Il y livre des compositions aussi bien dansantes qu'introspectives, à l'inspiration et la production impeccables. Lumineux. A lire les critiques de Chroniques Automatiques et de I Left Without My Hat


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Swans - My Father Will Guide Me Up A Rope To The SkySwans - My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky


Where Is My Song : A l'heure des come backs périmés et après 13 ans de silence, les Swans réactivés offrent un album magistral, oppressant, monolithique, volontiers misanthrope, beau comme un mensonge et sale comme la vérité. Une rigoureuse apocalypse. Bande son idéale pour la fin du monde civilisé, que l'on peut désormais attendre avec sérénité. A lire les critiques de Playlist Society et du Golb


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Gonjasufi - A Sufi and a KillerGonjasufi - A Sufi and a Killer


Des Oreilles Dans Babylone : Sans aucun doute possible l'ovni musical de 2010, Sumach Ecks a surpris tout le monde. Débarqué de nulle part bien qu'actif depuis les années 90, il est sorti de son désert de Mojave parrainé par Warp pour nous livrer un disque intemporel et inclassable. Soul chamanique, hip hop dérangeant, rock bordélique, chaque plage de cet objet unique accouche d'un genre nouveau. Il y a tant d'inventivité et d'imagination dans cet album qu'il est impossible d'en faire le tour en moins de cent écoutes. Passer à côté serait une erreur monumentale. A lire les critiques de Chroniques Electroniques et de Les Insectes sont nos amis


Les participants au Top des Blogueurs 2010 :


Alain de Soul Kitchen, Anakin de Attica Webzine, Arbobo de Arbobo, Benjamin F de Playlist Society et de Ricard SA Live Music, Benjamin L de Le Transistor, Benoit de Pop Revue Express et de Hop, Catnatt de Heaven can wait, Cedric de So Why One More Music Blog, Daniel de Listen See Feel, Dat' de Chroniques Automatiques, Dr Franknfurter de The Rocky Horror Critic Show, Dragibus de Les insectes sont nos amis, Eddie de Le Choix de Mlle Eddie, Edouard de Ears of Panda, Ed Loxapaq de Chroniques Electroniques, Elliott de Weirdbrowser, Neska de Adiktblog, Fabien de Kdbuzz, GT de Music Lodge, Gui Gui de Les Bons Skeudis et du Mellotron, Guic'The Old de Laisseriez-Vous Votre Fille Coucher avec un Rock-Addict ?, Jimmy de Nuage Noir, Joanny de Discobloguons, Joe Gonzalez de C'est entendu, Joris de Tasca Potosina, JS de Good Karma, Ju de Des Oreilles Dans Babylone, Julien LL de Des Chibres et Des Lettres, Junko de Unsung, Laure de Not For Tourists, Laurent de Rocktrotteur, Leroy Brown de I'll give her mélodies, Marc de Esprits Critiques, Martin de Branche Ton Sonotone, Matador de Between The Lines Of Age, Michael de Crystal Frontier, Mmarsup de Little Reviews, Myriam de Ma mère était hipster, Nathan de Brainfeeders & Mindfuckers, Nicolas de Soul Brotha Music, Olivier de Feu à Volonté, Olivier R de Where Is My Song, Paco de De La Lune On Entend Tout, Paul de Pomme de Pin, Pauline de E-Pop, Pierre de Musik Please, Rod de Le Hiboo, Romink de My(Good)Zik, Sabine de With Music In My Mind, Sfar de Toujours un coup d'avance !, Ska de 7 and 7 is, Sunalee de Bruxelles Bangkok Brasilia, Sylphe de Five-Minutes, Systool de Le Gueusif Online, Thibault de La Quenelle Culturelle, Thomas de Le Golb, Twist de I Left Without My Ha, Vincent de La musique à Papa, Violette de Rigolotes chrOniques futiLes et insoLentes, Xavier de Blinking Lights


Chef de projet : Benjamin F / Identité visuelle et design : Laurent / Communication : Romink, Sylvie et les Waaa / Porte-paroles : Arbobo et JS


Plus de tops : le classement de GT sur Music Lodge

Lundi 15 novembre : Nightlands - God What Have I

Encore un ! C’est vrai quoi, des groupes comme Nightlands on a parfois l’impression d’en bouffer tous les jours. Depuis l’avènement d’Animal Collective et de Grizzly Bear, groupes qui donnent une grande importance à leurs chants, des ersatz on en a connu une pelletée avec parfois quelques bonnes surprise comme Fleet Foxes il y a deux ans qui donnaient envie d’émigrer dans les Pyrénées pour s’improviser berger. Nightlands s’inscrit donc exactement dans cette veine vous savez à quoi vous tenir. Derrière ce nom se cache en fait Dave Hartley, bassiste et guitariste de The War On Drugs (le groupe de Kurt Vile) dont les deux projets n’ont rien de vraiment comparable.

Ici, on évolue dans un son harmonieux où les instruments ont un écho surdéveloppé donnant l’impression que le disque a été enregistré dans une cathédrale tant le son résonne. D’entrée, Hartley en impose avec son orgue résonnant comme jamais. Se contentant de répéter inlassablement les deux mêmes accords, le musicien construit alors peu à peu un morceau aux allures tribales. Ce côté primaire, on le retrouvera ici et là dans des rythmiques atypiques ou des chœurs se répondant tour à tour. Dans la première moitié du disque, Nightlands émerveille dans cette capacité à créer des collages de toutes sortent qui peuvent paraitre à la fois brouillonnes et clairvoyantes jusqu’au limpide Till I Die reprise des Beach Boys exécuté d’une main de maitre, révélant finalement sa principale inspiration.

La seconde partie du disque enchante cependant un peu moins où l’on découvre un Dave Hartley plus intimiste. Si l’arpège de A Walk In Cheong, 1969 donne une impression de transition très agréable, gardant à l’esprit ce folk inspiré par celui des 70’s que l’on retrouve tout au long de l’album, la partie plus contemplative à tendance à durer oubliant au passage la confiance dont il faisait preuve au début ainsi que les mélodies pop/folk qui faisaient mouches. Sans faire de faux pas, le disque accuse un petit coup de mou à la fin faute à un disque trop déséquilibré donnant tout au début et nous laissant les restes pour les 3 derniers titres. Cependant, Nightlands reste une agréable surprise et aurait tendance à se poser comme un cousin de la scène énoncé aux débuts plutôt qu’un vulgaire ersatz, et pour un premier album c’est déjà beaucoup.

En écoute aujourd’hui, God What Have I, le morceau le plus réussi mais aussi le moins personnel où l’on reconnaitra sans peine (c'est partit pour un coup de name-dropping...) Bon Iver, Local Natives et Animal Collective pour un titre rêveur gagnant en ampleur au fil des minutes.

PS : Vous pouvez acheter l'album en version digital pour 5$ (ou plus) soit un peu moins de 4€ ici



Extrait de l'album : Forget The Mantra
sortie le : 9 novembre 2010
Label : Secretly Canadian
Bandcamp (album en écoute)
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Samedi 13 novembre : A Sunny Day In Glasgow - Drink Drank Drunk

Cette année, noël est arrivé plus tôt que prévu, le 19 octobre, A Sunny Day In Glasgow donnait leur troisième disque gratuitement (à télécharger ici). Depuis leurs débuts je suis ce groupe qui ne m’avait enchanté que moyennement avec le brouillon mais prometteur Scribble Mural Comic Journal, la consécration n’étant venu que par la suite avec Ashes Grammar un grand album de Dream Pop plutôt exigeant mais très jouissif au fils des écoutes. Leur dernier disque, Autumn, Again, est la suite logique du précédent. Rien d’étonnant là dedans puisque, les chansons ont été enregistrés au même moment mais ont été finalement écartés. Ce genre de disques est la plupart du temps assez casse gueule dans le sens où l’on se retrouve parfois avec un disque sans queue ni tête et des chansons sans intérêts puisque ce sont finalement ni plus ni moins des fonds de tiroir.

Le fait qu’il soit gratuit n’avait rien de rassurant aussi, on aurait put penser qu’ils avaient au moins l’honnêteté de ne pas essayer de nous revendre un album pourri qui aurait suffit à justifier une tournée et la vente de quelques tee-shirts à une poignée de fans (Quoique les fans de A Sunny Day In Glasgow ne doivent pas être très nombreux)… Finalement, Autumn, Again est une très bonne surprise. Surpris parce que c’est ce qu’ils ont fait de plus commercial. Beaucoup plus pop et accrocheur ils auraient sans doute eu peu de mal à revendre au moins autant que leur précédent disque. Plus commercial reste tout de même un bien grand mot pour le groupe de Philadelphie qui se complait toujours dans cette atmosphère vaporeuse et trouble où l’évidence des mélodies côtoient des bizarreries sonores.

A Sunny Day In Glasgow fait encore un sans faute avec ce nouvel album qui tranche avec le précédent par sa durée puisque l’on passe de plus d’une heure à trente minutes, mais qu’importe, Autumn, Again est un excellent disque pop qui plus est gratuit dont il serait dommage de s’en priver.

En écoute aujourd’hui, Drink Drank Drunk qui à part faire réviser le verbe irrégulier, montre le versant le plus radiophonique du groupe et démontre à quel point, au-delà des effets innombrables, la pureté de leurs mélodies.



Extrait de l'album : Autumn, Again
sortie le : 19 octobre 2010
Label : -
Myspace
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Mercredi 10 novembre : Kanye West - Runaway

Dans les albums les plus attendus de cette année il y a bien sûr My Beautiful Dark Twisted Fantasy, le nouvel album de Kanye West prévu pour le 22 novembre. Attendu parce que depuis un moment le monsieur nous titille avec ses GOOD FRIDAYS, collection de titres livrés en pâture chaque vendredi aux auditeurs affamés. Et il faut bien l’avouer, il n’y a pas grand-chose à jeter. Rien même. Si on rajoute à ça que dans ces fameuses sessions on retrouve quelques titres qui seront présent sur son futur album dont le gigantesque Monster et les deux singles remarquables en tout point (Runaway et Power), on obtient un sérieux concurrent au titre d’album de l’année. Déçu par ses deux précédents disques (Graduation sûrement son plus mauvais album et 808’s Heartbreak utilisant à outrance l’auto-tune jusqu’à l’écœurement), je retrouve ce qui m’avait plu dans ses débuts, des compositions qui ne laissent rien au hasard, de l’ambition et de l’audace.De l’ambition et de l’audace, il n’en manque pas, la preuve avec ce moyen métrage, élu par moi-même meilleur teasing pour un disque depuis que la musique existe. Si l’on reconnait bien là toute la mégalomanie qui caractérise bien le personnage, on ne peut que se prosterner devant le fait accompli. C’est beau et plein d’idées dans la réalisation notamment dans l’utilisation des couleurs. Tout ça donné gratuitement et surtout réalisé par Kanye West lui-même. Un grand bravo pour cet artiste qui s’est toujours remis en question depuis ses débuts. Garder le 22 novembre en tête, car on risque de connaitre le meilleur album rap de l’année.





Réalisé par Kanye West
Myspace

Mardi 9 novembre : Beach Fossils - Daydream

Ca y est on se caille les miches, l’hiver est bel et bien présent et n’hésite pas à nous le faire savoir à grand renfort de bourrasques et de pluies glaciales. Musicalement, l’hiver c’est aussi la fin d’une année qui comme à son habitude livre chaque semaine de moins en moins d’albums. La vie est tout de même bien faite pour les blogueurs laissant le temps pour nous de commencer nos tops ou autres joyeusetés pour ceux qui ne sont pas fans de ces classements stériles. Certes, il y a encore énormément de disques qui vont sortir (Panda Bear, Kanye West …) mais ayant loupé pas mal de d’albums cette année j’ai décidé d’arrêter plus tôt que prévu pour me plonger dans des CDs sortis depuis janvier et dégotter les perles rares que j’ai certainement loupé.

Bref c’est l’hiver et ça tombe bien on va parler de Beach Fossils tout droit sortis de Brooklyn vivement conseillé par un ami qui a su me le vendre aussi bien qu’un Steve Jobs quand il s’agit de refourguer ses cochonneries de pommes excessivement chères. Une argumentation qui tient en 5 mots aura suffit à me lancer dans ce premier disque : « le Real Estate de 2010 », bam. Parce que le Real Estate de 2009, le vrai l’original m’avait donné un bon coup sur la tête. Avec Beach Fossils, j’espérais donc retrouver ces chansons pop teintées de surf, de cet étrange mélange de mélancolie de beauté et de sérénité mais la promesse n’a finalement pas été à la hauteur de mes attentes.

La comparaison est pourtant juste puisque le style des deux groupes est assez similaire que ce soit dans le son très Lo-fi ou dans le jeu des guitares se ressemblant beaucoup. La saveur des compositions n’est cependant pas la même. En commun, on retrouve cette sérénité car Beach Fossils fait lui aussi dans les mélodies sucrées. Ce n’est pas calme, ce n’est pas bourrin, ça bouge, sans remuer l’arrière train. En conclusion, on peut dire que ce premier effort est à la cool. Un disque qui s’écoute posé, tranquillement, dans un transat, un mojito à la main, en tapotant du pied le sable chaud. Le quatuor démontre le plus souvent leur capacité à écrire des mélodies bien troussées tel que l’entêtant Youth, et parfois, mais c’est beaucoup plus rare, à accuser une petite baisse de régime qui fait que les titres passent dans une oreille pour ressortir directement de l’autre.

Leur album est bon mais il leur manque contrairement à Real Estate une âme (le baratin sur la mélancolie, la beauté, la sérénité tout ça…) qui permettrait de rester attentif tout du long de l’album ce qui n’est malheureusement pas le cas une fois passé le très beau Window View.

En écoute aujourd’hui, Daydream, qui ne laisse entrevoir que les qualités de ce groupe prometteur dont on attend déjà la suite pour savoir si l’on jettera ou non les New-Yorkais aux oubliettes ce dont l’on doute fort parce que mine de rien c’est quand même bien chiadé !



Extrait de l'album : Beach Fossils
sortie le : 24 aout 2010
Label : Captured Tracks
Myspace
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Pour :
Hartzine
Branche ton sonotone
Kill Me Sarah
En 100 mots
La musique à papa
Little Reviews

Contre :
...

Mercredi 3 novembre : N.E.R.D. - God Bless Us All

Disons le tout de suite, Nothing, le nouvel album de N.E.R.D. (pour No-one Ever Really Dies) ne faisait pas partie de ma top-list de la semaine, mais bon à défaut de « trouver » ce que je voulais, leur quatrième album a finit par arriver dans mon ordinateur… Parce que N.E.R.D. qui comprend le duo Neptunes producteurs à la chaine de nombreuses chansons ayant fait date dans la dernière décennie (Hollaback Girl, Milkshake, Drop It Like It’s Hot, Rock Your Body, Grindin…) n’a jamais été capable de réaliser l’exploit sur leurs propres albums excepté sur In Search Of… premier album qui mélangeait habilement les genres.

Alors même qu’ils étaient les plus courtisés, Fly Or Die ressemblait à un R’N’B à la sauce rock ringarde et vulgaire tandis que Seeing Sounds alors déjà sur la pente descendante en matière de popularité était juste vulgaire. Ha si, lourd aussi. Si tout commence mal avec Party People brassant inutilement du vent en compagnie de T.I., les trois amis se rattrapent vite avec le suave et sensuel Hypnotize U produit par Daft Punk (Hé ouai). Sans en faire des tonnes ce qui faisaient défauts dans leur deux précédents disques, N.E.R.D. a réapprit à être plus juste et finalement plus sobre sans laisser tomber une instrumentation et une production conséquente. I've Seen The Light / Inside Of Clouds peut par exemple en témoigner avec ses claps et ses cuivres chauds claquant à nos oreilles doucereusement.

Finalement, Nothing n’est pas si vide, loin de là puisqu’il nous réconcilie enfin avec ce talentueux trio. Bien qu’ils s’égarent par moment le temps de quelques titres pas forcément utile, ce quatrième opus est bon et se permet même un grand titre en écoute aujourd’hui.

God Bless Us All donc, un habile mélange entre la puissance des couplets convoquant une rythmique Hip Hop et des cuivres agressifs dans la veine de Clipse, et la beauté du refrain dans un esprit beaucoup plus soul où le chant (pas vraiment leur point fort) devient comme par magie divin.



Extrait de l'album : Nothing
sortie le : 02 novembre 2010
Label : Star Trak
Myspace
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Mardi 2 novembre : Brian Eno - Paleosonic

Après un arrêt obligatoire suite à un pc (oui je dis bien pc) qui avait décidé de ne plus marcher me revoilà avec dans les oreilles le nouvel album de Brian Eno qui lui ne doit pas connaitre de problèmes de PC. Le mec… (Transition à la con bonjour). Small Craft On A Milk Sea est donc la suite directe du pas top Another Day On Earth sortit il y a déjà 5 ans. Entre temps on aura eu le droit à de multiples rééditions, raretés comme on est en droit de s’attendre face à un artiste aussi réputé. Surtout il y aura eu une collaboration avec son poto David Byrne il y a deux ans dont quelques écoutes ne seraient pas volées pour ce disque charmant comme tout. Bien sûr, on n’est pas là pour ressortir toute la discographie assez dantesque de Brian où l’on peut compter 25 albums solos sur wikipedia depuis 1974 sans compter tous les albums où il a collaboré et tout ce qu’il a produit pour le meilleur (Talking Heads) et pour le pire (U2 2.0).

Pourtant, toutes ces années n’auront pas suffit à ce personnage pour épuiser son inspiration. D’ailleurs, pour son grand retour, Brian Eno a mis les petits plats dans les grands. Epaulé par Leo Abrahams (inconnu) et surtout Jon Hopkinsauteur d’un formidable Insides l’année dernière. Signé chez le très renommé et pas moins excellent label Warp, Brian Eno avait tout pour faire un disque fracassant. Oui, mais non. Oui parce que l’on ressent le travail accompli avec des titres accrocheurs et percutants aussi plaisants qu’excitants et non, pour des raisons bien plus nombreuses.

Tout d’abord, il y a la construction du disque : bancal comme pas possible. Une entrée douce, un milieu de disque violent et une fin très atmosphérique, très expérimentale et très lente surtout, de quoi faire sombrer n’importe qui dans un ennui profond. Une fin surtout qui représente quasiment la moitié du disque puisque les chansons qui ne font pas la dentelle sont au final assez courtes. Small Craft On A Milk Sea est finalement un disque très exigeant ou les longues plages ambiantes me laissent totalement de marbre. A l’image de Late Anthropocene qui connait très peu de variations durant les huit minutes qui viennent clôturer ce disque laissant un goût amer.

Je ne doute pas que certains y trouveront leur compte (enfin ils seront peu quand même) mais suite au teasing fait par cet artisan en matière d’électronique qui nous faisait découvrir tour à tour Horse et 2 Forms Of Anger, deux grandes réussites qui peuvent vaguement rappeler le travail effectué par Flying Lotus. Excepté quelques titres remplissant leur objectif, c'est-à-dire poser une ambiance en dévoilant une once de beauté (Small Craft On A Milk Sea ou Emerald And Stone), les titres « lents » sont rares à produire cet effet. Dommage car à trop vouloir jouer les avants gardes on en perd parfois l’essentiel : les mélodies.

En écoute aujourd’hui Paleosonic qui n’est peut être pas le morceau le plus turbulent mais qui laisse entrevoir ce dont un vieux bonhomme de 62 ans est encore capable de faire aujourd’hui.


Extrait de l'album : Small Craft On A Milk Sea
sortie le : 02 Novembre 2010
Label : Warp
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Semaine 41 : Sufjan Stevens - The Age Of Adz [Asthmatic Kitty]



Il aura fallu 5 ans pour avoir un successeur à l’intemporel Illinois, un album qui aura marqué de nombreuses personnes dont Panda Panda qui ne se lasse toujours pas de cette œuvre ambitieuse et parfaite. Le mot peut paraitre fort mais parfait est bel et bien l’adjectif qui correspond le mieux au 5ème album de l’artiste originaire de Détroit. Dire que l’attente fut longue pour écouter son successeur est un euphémisme. Pourtant, ce compositeur talentueux et prolifique n’a pas passé son temps à se tourner les pouces. Entre les chutes de studio de Illinois paru un an après (The Avalanches) contenant quelques perles ainsi que les cinq premiers volumes de chansons de noël où l’on retrouvait l’indispensable volume 5 contenant les magnifiques Sister Winter et Star Of Wonder. Et puis ce fut le silence radio pendant deux ans. Seuls quelques interviews où le jeune homme se questionnait sur sa condition d’artiste et sur la nécessité de faire des chansons et qui provoqua quelques émois quand à un possible arrêt définitif. Les nouvelles se firent rare entre l’apparition surprise du volume 8 des chansons de noël (destiné seulement à des proches, les volumes 6 et 7 étant toujours inconnu du public) et The BQE premier vrai projet de Sufjan Stevens depuis Illinois. Si le volume 8 m’avait réjouit laissant entrevoir la suite des événements avec une place prépondérante pour l’électro, The BQE fut une douche plutôt froide. Instrumental de bout en bout destiné à illustré un film réalisé par ses soins, le tout manquait finalement de mélodies marquantes. Et puis finalement Août 2010 fut la libération avec l’apparition d’un EP annonçant l’arrivée imminente d’un nouvel album. Un Ep de 60 minutes (Ha oui quand même) où l’on trouve à boire et à manger, peut être trop long, pas assez de mélodies marquantes… Enfin, Age Of Adz arriva alors qu’on ne l’attendait plus vraiment, comme un vieil ami qu’on n’avait pas vu depuis des lustres.

Les retrouvailles ont finalement un goût de nostalgie, malgré la réverbération sur sa voix, la guitare douce et les quelques notes de piano parsemées ici et là sur Futile Devices ont un effet dévastateur sur l’auditeur. C’est beau. Tout simplement. C’est d’une pureté et d’une justesse comme il l’avait si bien fait auparavant. On pense à quelques ballades d’il ya quelques années qui nous avait déchiré le cœur à l’époque, To Be Alone With You ou The Dress Looks Nice On You viennent nous rappeler à quel point le compositeur est capable de nous dévaster avec simplement quelques notes. Too Much, second titre de l’album est son contraire. Composés d’une multitude de bruits et de sons électroniques dans un ensemble qui peut faire penser à un joyeux bordel, révèle une complexité de la composition qu’on avait pas encore vu chez lui, 10 ans après ses débuts. Malgré cela, le titre ne déçoit pas, loin de là, la voix aidant, répétant inlassablement les mêmes mots (« There’s too much… ») sur une mélodie des plus simples, le beau gosse de l’indie pop vient nous remémorer son Illinois avec instruments à cordes et à vent à l’appui.
La suite de l’album penche sérieusement du côté de l’électro plutôt que du folk intimiste. Mais on est loin ici d’un électro bête et méchant. Le travail fourni par Sufjan Stevens est titanesque. La structure des morceaux rarement simple brasse un mélange des genres. Pop, folk, électro, classique font union pour formé un tout jamais entendu jusque là dans l’histoire de la musique. Une sorte de symphonie classique du futur en somme. Au fil des minutes, il n’est pas rare que les compositions se déstructurent pour former quelque chose de nouveau ainsi Age Of Adz débutant sur des cuivres aussi menaçant que les grondements d’un orage et de flûtes ( ?) épileptiques comme pourrait être le chant d’oiseaux affolées laisse place aux chœurs apaisés et à la délicatesse du piano.

Si Illinois était ambitieux dans la force de son orchestration et de ses arrangements, The Age Of Adz l’est encore plus, auquel on rajoute la prise de risque totale dont fait preuve Sufjan Stevens dans la réinvention de son style sans perdre pour autant son identité. Là où il fait encore très fort c’est aussi dans les mélodies qu’elles soient tristes ou enjouées, on adhère à toutes au point de reprendre en chœur les chants accrocheurs et addictifs du chanteur. Et puis comment ne pas parler de Impossible soul titre qui clôture en beauté l’album. Long de 25 minutes (sans coupures), la chanson compte au moins cinq segments différents s’enchainant le plus naturellement du monde. Si les deux premières parties sont de toute beauté , c’est peut être les moins intéressantes. Il faut attendre dix minutes pour être réellement subjugué. Les frissons font alors leur apparitions, l’auto-tune qui est loin d’être mon invention favorite sied pourtant comme un gant au chanteur suivi par quelques notes de piano troublantes. Et arrive ce final libérateur, jouissif, laissant un grand sourire béat à la place des larmes. Cordes, cuivres, chœurs, machines… Tous se retrouvent dans cette conclusion festive où il ne manque plus que les feux d’artifices. Une fin qui laisse croire que l’artiste est finalement complètement décomplexé, débarrassé des règles de la musique en faisant ce que bon lui semble. Les dernières minutes ferment la boucle. Seul avec un banjo et une guitare, le compositeur nous remémore les débuts du disque et le fantastique Futile Devices. Répétant sans cesse les mêmes paroles : “Boy we can do much more together”... Oui, on espère qu’il pourra faire beaucoup plus mais la tâche semble particulièrement ardu après deux efforts finalement très différents mais tous deux aussi réussi car ne nous trompons pas, notre vieil ami touche une nouvelle fois la perfection du bout de ses doigts.



sortie le : 11 octobre 2010
5 titres en écoute à droite.
Myspace

Pour :
Esprits critiques
Mowno
So Why One More Music Blog?
Derrière la fenêtre
Branche ton sonotone
Brainfeeders & Mindfuckers

Contre :
Hop
Des chibres et des lettres

Samedi 16 octobre : Florent Marchet - Roissy (Avec Jane Birkin)

Après une escapade en 2008 avec ses frères animal racontant la vie d’une entreprise où toute une famille y participait, Florent Marchet revient en solo avec Courchevel après Gargilesse et surtout Rio Baril véritable chef d'œuvre de la chanson française qui avait su allier textes intelligents et touchants avec une orchestration ambitieuse qui pouvait rappeler le travail de Sufjan Stevens. Alors que ses deux précédents disques formaient une histoire entière (poussant Frère Animal à être présenté comme un livre-musical) avec un dénouement tragique. Que ce soit dans ses textes grinçants, mélancoliques ou poétiques ou dans les arrangements de ses morceaux n’hésitant pas à y ajouter des instruments peu commun (mandoline…), l’artiste âgé aujourd’hui de 35 ans a toujours montré une ambition à élever la scène musicale française vers des niveaux rarement atteint jusque là.

Sur Courchevel, Florent Marchet fait preuve de peu de renouveau malgré quelques changements. Tout d’abord, le concept : "un album, un récit" disparait ici pour laisser place à 10 histoires qui tournent cependant sur les mêmes thèmes. Beaucoup des chansons tournent autour de la famille du fantasme du cousin (?) qui passe ses vacances à Courchevel, l’ami trentenaire qui a toujours vingt dans sa tête (Benjamin), et surtout les relations amoureuses (l’eau de rose, Pourquoi êtes vous si triste?…). Le jeune homme prend de l’âge aussi et cela se ressent, se positionnant souvent comme l’enfant auparavant même si c'est encore souvent le cas ici, on le retrouve maintenant du point de vue des parents (Narbonne plage) et fait face à la crise de la trentaine (Benjamin). Cet album n’a rien de joyeux, nombreuses sont les histoires virant de l’insignifiant au drame comme il l’a toujours fait (les poignants Roissy , Narbonne Plage ou Courchevel).

Les cuivres se font beaucoup moins présents maintenant pour laisser place à des instrumentations plus électroniques en restant plus modérés qu’un Sufjan Stevens des dernières années, se contentant de quelques mélodies jouées au synthé. L’ambition est pourtant loin d’être à la baisse, même si tout semble avoir été simplifié, Florent Marchet fait preuve de beaucoup de talent pour habiller ses textes moins fort qu’auparavant car moins évident au niveau de la compréhension. Il varie même les plaisirs sur des mélodies plus dansantes, tel que Benjamin et ses beats électro rappelant Les Rita Mitsouko ou la famille Kinder tube le plus évident qui a un sérieux goût de M avant de décoller vers d’autres cieux dans les refrains.

6 ans après ses débuts solos, Florent Marchet ne déçoit pas et signe encore une fois un grand album qui ne devrait pas décevoir ses auditeurs, et pourquoi pas conquérir quelques cœurs grâce à quelques titres radiophonique en rien honteux. Courchevel possède une force dramatique et est d’une justesse qui lui permet de ne jamais tomber dans la mièvrerie ni dans le pathétique ce que peu d’albums français peuvent se targuer de posséder.

En écoute aujourd’hui, Roissy en duo avec l’inattendue Jane Birkin parfaite dans le rôle de la copine Anglaise pour une des plus belles ballade de cette année.



Extrait de l'album : Courchevel
sortie le : 13 octobre 2010
Label : PIAS
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
La musique à papa
Hop

Vendredi 14 octobre : Cloud Nothings - I Can’t Stay Awake

Ne vous fiez pas à cette pochette d’un calme apaisant, on est très loin du jeune romantique qui gratouille sur sa guitare sèche avec des gazouillis d’oiseux en fond sonore. Dès le premier titre, Dylan Baldi, 19 ans, seul pilote à diriger Cloud Nothings, annonce la couleur. La guitare est nerveuse, le reste brouillon, crade, saturé. Turning On est vraiment un bel exemple de ce qu’on appelle du Garage Lo-Fi , on ne trouve là dedans rien de très propre au niveau sonore, pourtant les compositions sont bien présentes, on trouve sur ce disque autant de chansons que de refrains accrocheurs, ceux qui vous touchent et surtout ceux qui vous font remuer des pieds, que ce soit sur l’intro de You Are Opening et sa guitare funky ou Morgan et ses « hey oh » qui nous donne une envie furieuse de l’accompagner dans ses cris.

A l’image, des groupes garage 60’s, Cloud Nothings produit tube sur tube empruntant de sa sauvagerie à l’esprit des groupes punk. Sans pour autant sur un rythme frénétique sur toute la longueur de l’album, Dylan Baldi sait lever le pied quand il est nécessaire, pour nous livrer de nombreuses chansons un brin mélancolique du plus bel effet. 13 titres, 13 perles, ce premier essai qui est en fait une compilation de tout ce qu’il a fait depuis 1 an seulement est une promesse encourageante pour son premier véritable album qui devrait sortir début 2011 qu’on espère aussi euphorisant.

En écoute aujourd’hui, I Can’t Stay Awake qui fait office d’entrée tonitruante dans ce disque réussit de bout en bout.



Extrait de l'album : Turning On
sortie le : 13 octobre 2010
Label : Carpark
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Mercredi 13 octobre : Belle And Sebastian - I Want The World To Stop

Les jours se suivent et se ressemblent sur Ears Of Panda, en effet, après Antony & The Johnsons, le nouvel album de Belle And Sebastian possède les mêmes défauts et les mêmes qualités que SwanligtsWrite About Love est sans aucun doute du bel ouvrage qui contient de belles musiques pop mais derrière tout ça c’est un peu vide… Cela fait déjà 14 ans que le groupe Écossais nous gratifient de leurs albums pop avec une recette bien à eux et, chose étonnante, avec un sommet artistique qui intervient 10 ans après leur début avec The Life Pursuit. Pas courant de nos jours, surtout pour un groupe médiatisé dès leurs débuts. Write About Love en est donc la suite, et en quatre années, on ne peut pas vraiment parler de remise en question. Les Écossais nous font du Belle And Sebastian pur et dur, mais tout comme Antony, le tout manque cruellement de magie.

Il y a des chansons qui nous chatouillent leurs oreilles avec leur pop qui sans déborder d’originalité ont la signature de Belle And Sebastian mais cela ne m’a pas suffit, j’en voulais plus. Le tout reste beaucoup trop sage et appliqué et laisse planer le doute d’une lassitude au sein même du groupe. .. Quelques lignes plus tard, l’inspiration me quitte déjà comme elle l’a fait en studio avec eux, il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose à en dire, tant leurs compositions n’apportent rien à leur carrière. Pas de bravoure pas de faux pas, un disque comme un autre…

En écoute aujourd’hui, I Want The World To Stop la plus grande réjouissance de ce disque terne.




Extrait de l'album : Write About Love
sortie le : 11 octobre 2010
Label : Rough Trade
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Tasca Potosina
Brainfeeders And Mindfuckers
Volume

Contre :
HOP

Mardi 12 octobre : Antony & The Johnsons - Salt Silver Oxygen

Certains artistes doivent avoir l’impression d’être condamnés à sortir de nouveaux albums avec cette ombre pesante qui plane au dessus de leur tête. Cette ombre, c’est leur chef d’œuvre et il est parfois difficile de s’en affranchir… Antony Hegarty en fait partie. Avec le plébiscité I’m A Bird Now qui lui avait ouvert les portes d’une reconnaissance méritée on avait découvert une voix unique en son genre, une voix qui restera gravée dans les mémoires et qui laissait pointer un certain émerveillement quand à la capacité après tant d’années depuis que l’homme a commencé à chanter qu’on puisse encore entendre des voix aussi originales et émouvantes.

Avec lui, on était peu habitué à une sortie discographique rapide, c’est donc avec surprise que le monsieur nous sort un disque deux ans à peine après The Crying Light qui avait fini album de la semaine sur ce blog mais qui n’avait pas sur la durée réussit à m’enchanter toute l’année. En effet, malgré toute la beauté que peut dégager Antony Hegarty avec sa voix, malgré les bonnes idées qu’il peut faire preuve en matière de mélodies et d’arrangements (le très Radioheadien période Amnesiac Swanlights), on a toujours l’impression d’entendre la même chose… Certes, il le fait bien, mais il serait temps que l’anglais androgyne pense à renouveler son style comme il nous avait tant agréablement surpris avec Hercules And Love Affair il y a deux ans.

Avec ce disque, on finit par se poser la fameuse question : « Quel intérêt d’écouter un disque alors qu’il a fait le même en mieux il y a cinq ans ? ». Aucune au final, car dans quelques années on reviendra toujours sur le même disque et il ne s’appellera pas Swanlights. Les titres bons dans leur ensemble excepté deux titres assez terne sont loin de la qualité de chansons comme Hope There Someone ou For Today I’m A Boy fatalement. L’artiste souffre finalement de la comparaison avec lui-même ce qui est déjà une bonne chose mais pour éviter cette lassitude, Antony devrait penser sérieusement à un nouveau projet et pourquoi pas sans ses Johnsons. Car une fois le plaisir de la découverte passé il n’y a plus rien à sauver. Les frissons ont disparu. Hegarty sort un bon album à défaut d’être magique.

En écoute aujourd’hui Salt Silver Oxygen qui nous rappelle le dernier album d’Owen Pallett, que je n’ai pas écouté depuis quelques mois…



Extrait de l'album : Swanlights
sortie le : 11 octobre 2010
Label : Rough Trade
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Bon pour les oreilles
Playlist Society

Mercredi 6 octobre : Syd Matters - Hi Life

Il y a des artistes auxquels on ne prête pas ou peu d'attention et puis un beau jour ils sortent une chanson qui va tout changer. Les Français de Syd Matters en font partie. J'avais jusque là une certaine indifférence polie pour ce groupe qui ne m'avait jamais bouleversé. Leur nouveau disque a changé radicalement mon point de vue. Difficile de rester insensible aux compositions obsédantes de Brotherocean. Hier on parlait de Clinic qui avait réalisé une œuvre sage et apaisante, je suis bel et bien obligé de ressortir les mêmes adjectifs pour cet album. La recette est pourtant simple, tout est basé sur le trio piano/guitare acoustique/chœurs mais il y a tellement de sensibilité, de justesse que l'on est terrassé par la beauté qu'il s'en dégage. Hi Life en est le plus bel exemple. La mélodie rêveuse nous embarque loin de tout ce qui nous entoure. Un petit bijou illustré par ce clip aux graphismes enfantin mais dont on se fout finalement un tout peu du moment que cette musique continue à caresser nos oreilles.


Syd Matters - Hi Life
envoyé par sydmatters. - Clip, interview et concert.

Réalisé par Jérémie Perin
Myspace

Mardi 5 octobre : Clinic - I'm Aware

Comme j’aime Internal Wangler. Il y avait dans ce disque (qui fête cette année ses dix ans) tout. Des ballades déchirantes et paisibles, des tubes nerveux et accrocheurs, voir des morceaux limite bruitistes mais terriblement jouissifs. Seul un groupe de psychopathes était capable d’écrire un album comme celui-ci et ce groupe s’appelle Clinic. Ca tombe bien ces gars là sont un poil perturbés entre les masques de chirurgien qu’ils portent sur scène et les superstitions un peu idiotes auxquels ils croient (la volonté de ne pas mettre de chanson n°13 sur leur disque). Pourtant, ce coup d’éclat ne fut jamais réitéré reproduisant alors encore et toujours le même album mais de qualité moindre. Ca tombe bien, car depuis un moment, le groupe de Liverpool annonçait un changement radical avec ce Bubblegum, 6ème album du groupe. Un changement qui il faut l’avouer n’est pas non plus bouleversant.

Il faudra seulement oublier les ballades déchirantes, les tubes nerveux et totalement, les morceaux bruitistes et terriblement jouissifs. C’est donc un disque basé sur des ballades paisibles et plutôt accrocheuses, Clinic ayant laissé les guitares électriques au profit des guitares acoustiques. Seuls Lion Tamer, Evelyn et Orangutan viennent nous sortir de notre cocon chaleureux en accélérant le rythme de ce disque très sage. Sage, est sûrement le mot qu’on n’aurait jamais pensé sortir pour un groupe qui, il y a dix ans, sortait une œuvre dérangée/enragée. Pourtant, cet album n’est pas raté, loin de là, même si quelques titres se révèlent superflus avec le temps, nombreuses sont les balades apaisantes et chaudes qui coulent dans nos oreilles de la plus douce des façons. Dès l’ouverture, avec I’m Aware, Clinic charme par ce côté plus pop aidé par des mélodies très réussies.

Finalement, le plus étonnant dans ce disque est la voix d’Ade Blackburn, mise volontairement en avant où le chanteur tend à desserrer les dents, lui qui longtemps, semblait être crispé dès qu’il ouvrait la bouche accentuant le côté fou du groupe. C’est sur des titres tel que le très dénudé Linda qu’on se rend compte de tout l’apport de sa voix. Tout en retenue, le chant sied particulièrement à ce disque quasi-intimiste. Finalement ce changement de direction n’a rien de décevant, au contraire, on peut dire à propos de Bubblegum que c’est une réussite malgré un nombre de titres anodins trop important. Comme débarrassé d’un poids Clinic semble pour la première fois avancer. La présence d’une treizième chanson semble confirmer ce sentiment. Ils ont annoncés vouloir faire un album très électro pour le prochain, on les suivra sans hésitations.

En écoute aujourd’hui I'm Aware l'un des plus beaux titre de leur dernier album. A l’image de Bubblegum ce titre dévoile la facette acoustique du groupe où la guitare et la voix sont très mis en avant. Portée par des chœurs délicieux, cette chanson est une bien belle entrée en matière dans leur nouvel univers.



Extrait de l'album : Bubblegum
sortie le : 04 octobre 2010
Label : Domino
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Semaine 39 : Deerhunter - Halcyon Digest [4AD]

Deux ans après l’incroyable Microcastle, Deerhunter revient confirmer tout le talent qu’on avait vu en eux avec Halcyon Digest un album résolument plus pop que ses prédécesseurs.



Je préviens avant de commencer quoi que ce soit que je ne suis pas sur d’être objectif à propos de ce disque, tant Bradford Cox m’a apporté de nombreux plaisirs auditifs, que ce soit seul avec Atlas Sound, ou avec Deerhunter, jamais, je n’ai été déçu, et si chaque albums possédaient quelques titres un peu en deçà, les merveilles produites à côté rattrapaient le tout. Des merveilles il y en a énormément sur leur dernier disque. Revival et le premier single Helicopter ne mentaient pas sur le contenu auquel on allait avoir le droit sur Halcyon Digest. Plus pop, plus direct, le groupe avait l’intention de laisser de côté les rêveries vaporeuses et le son shoegaze et psychédélique de leurs précédents opus.

Bien sûr on retrouve quelques morceaux qui auraient pu apparaitre sur leurs précédentes productions notamment l’ouverture Earthquake qui rappelle tous les morceaux les plus « atmosphériques » de leurs précédents disques. Mais ce sentiment disparait très vite avec Don’t Cry un titre beaucoup plus terre à terre gardant un esprit brouillon en lorgnant vers le noise rock (guitares et voix saturées). A l’écoute du disque, Earthquake se révèle une exception dont on ne retrouvera l’esprit qu’à moindre mesure sur l’envoûtant He Would Have Laughed, titre clôturant comme il se doit Halcyon Digest.

Entre ces deux titres tout y est plus pop rappelant sur ce point beaucoup plus l’esprit d’Atlas Sound avec son Logos et les morceaux les plus faciles d’accès de Microcastle. Desire Lines par exemple, l’un des meilleurs titres qu’ils n’aient jamais écrit est une sorte de Nothing Ever Happened qui pourrait bien conquérir quelques cœurs avec un refrain des plus addictif, où l’on se surprendra et c’est bien une première chez eux à entonner le refrain avec ces « oh oh » entêtants, genre de choses dont on n’était pas habitué auparavant.

Comme je le disais au début, chaque albums possèdent des titres un peu en dessous et Halcyon Digest ne déroge pas à la règle empêchant ce disque d’atteindre la prospérité, comme j’ai pas peur (Panda Panda n’est pas mon vrai nom) je balance : l’anecdotique Don’t Cry, le très très radiophonique Memory Boy, et le sympa mais sans plus Basement Scene me laissent un peu de marbre face aux monstres présent sur ce disque (tous en écoute dans le lecteur à droite). De plus, contrairement à Microcastle qui pour le coup positionnera Halcyon Digest juste en dessous en terme de qualité, ce dernier disque a peut être un problème de cohérence, les titres s’enchainant sans se ressembler. Du très doux Sailing on passe à un Memory Boy démarrant au quart de tours ce qui est parfois déstabilisant à l’écoute de ce disque.

Mais je vous l’ai dis je ne serais pas objectif, au fond de moi, je me dis que ce disque mérité un 8/10 à cause des défauts énoncés dans le dernier paragraphe. Mais comment ne pas frissonner à l’écoute d’Helicopter l’une des plus belles chansons de cette année, de se trémousser sur le tube Revival ou Coronado et son saxophone au solo endiablé, ou pleurer à l’écoute de He Would Have Laughed ? Non, finalement, 9/10, c’est bien, très bien même, ce disque a beaucoup trop de grands titres pour avoir une note en dessous. Deerhunter produit une nouvelle fois un grand album et commet un sans faute dans sa discographie et démontre tout le bien qu’on pensait du groupe ici. C’est l’un des meilleurs de sa génération tout simplement.

En bonus le meilleur titre en clip :




sortie le : 28 septembre 2010
5 titres en écoute à droite.
Myspace

Pour :
Little Reviews
Brainfeeders & Mindfuckers
Mowno
Kub3
Indierockmag