Semaine 23 : Fucked Up - David Comes To Life [Matador]



Il était une fois David, un modeste et désabusé employé d’une usine de fabrication d’ampoules. Arriva alors un beau jour où David rencontra Veronica. C’était une activiste et anarchiste qui le réveilla alors de sa torpeur. Il en tombera follement amoureux et concevront ensemble des projets audacieux et radicaux. Ensemble ils voulaient faire exploser cette ville, la réveiller, comme cela venait d’arriver à David seulement, Veronica mourra dans l’explosion laissant un David seul et dévasté.

C’est le point de départ de cet opéra rock, une œuvre ambitieuse en quatre actes racontant l’histoire de David qui sera amené à rencontrer différents personnages. Il ira de surprises en surprises pour à terme renaitre dans le corps d’un homme nouveau. David Comes To Life, en plus d’être un excellent album de punk/rock est une œuvre ambitieuse imaginée par les esprits fertiles du sextet canadien Fucked Up. Ils étaient attendus ces Canadiens! Après avoir gagné le prestigieux Polaris Music Prize avec le pourtant pas évident The Chemistry Of Common Life, ils devaient réussir en écrivant un successeur digne de ce nom. Le pari est réussi haut la main, en s’éloignant du punk/hardcore pour un punk plus mélodique, Fucked Up prouve qu’ils sont capables de proposer avec leur troisième album une perspective nouvelle qui pourrait bien gagner de nombreux adeptes malgré la voix si particulière de Damian Abraham.

Damian Abraham, c’est le chanteur, ou plutôt celui qui beugle dans le micro et qui au premier abord ne semble pas faire dans la sensiblerie. Si vous préférez, c’est un chanteur dont le régime alimentaire consiste à boire de la bière et qui aime avant tout caché sa bite entre ses grosses cuisses sur scène. Malgré les a priori que l’on pourrait avoir, c’est de son imaginaire que lui ai venu l’histoire touchante de ce fabricant d’ampoules qui brassent de nombreux thèmes, que ce soit l’amour, la mort, la culpabilité et j’en passe.David Comes To Life n’est pas une simple histoire gueulé par un mec extravaguant, c’est surtout une musique enivrante et urgente. Fucked Up c’est aussi trois guitares, une basse et une batterie qui délivrent à chaque composition son lot de riffs à faire remuer la tête de votre grand-mère. C’est du rock qui fonce tête baissée, qui ne fait pas dans la demi-mesure et qui ne vous lâchera pas durant 80 minutes. C’est bien simple excepté le morceau en guise d’ouverture, jamais le groupe nous laisse respirer, la partie rythmique est excellente, à la fois sèche et violente tandis que les guitares nerveuses ne cessent de s’emballer emportant tout sur leur chemin sans nous oublier au passage. Seuls moments de douceurs, la voix de Jennifer Castle qui surgit à de rares occasions.

Si il y a deux ans le groupe m’avait laissé sur le carreau avec un genre dont je suis peu habitué, cette fois ci, il remporte totalement mon adhésion en lissant leur jeu sans se corrompre pour autant. David Comes To Life est un album aussi beau que revigorant qui arrive à tenir sur toute la durée en signant un grand album de punk/rock avec des riffs en veux tu en voilà. Bref, Fucked Up a fait un putain de disque qui mine de rien, se trouve sans concurrent sérieux à portée de main.



sortie le : 6 juin 2011
5 titres en écoute à droite.

Pour :
Nomag
Branche ton sonotone
Des oreilles dans Babylone
Nuage noir
Le parallèle
...

Contre :
...

Mercredi 8 juin : Cults - Abducted

Cela fait longtemps que Panda Panda attendait ce moment, enfin pas si longtemps que ça puisque le groupe a connu une ascension fulgurante. C’est en 2010 que Madeline Follin et Brian Oblivion forment le duo Cults et publient un mini EP contenant trois chansons sur leur bandcamp. Très vite, ils se font repérés, le net s’affole et le buzz s’amplifie. En fin d’année, ils deviennent l’un des groupes les plus attendus en 2011 et deviennent la première signature d’In The Name Of, le label fraichement créé par Lily Allen.

Il est très simple de comprendre l’engouement vis-à-vis du groupe par le public. Avec ses deux premières chansons (Go Outside et Most Wanted) le duo proposait un pur produit pop indé, on retrouvait ainsi glockenspiel, voix féminines aux allures de chorales d’enfants mais surtout, ils ont réussi à faire le lien entre notre époque et les années 60. Avec ces deux titres, ils parvenaient à composer une musique originale, aux sonorités modernes mais dont l’emballage possédait un aspect rétro des plus exquis en rappelant le célèbre "Wall Of Sound" Spectorien.

Un an après la création du groupe, nous voici déjà avec leur premier album entre les mains et ça commence très fort. Abducted, dernier single en date, est un candidat sérieux au titre de chanson de l’année. Le titre s’éloigne de la pop enfantine au profit d’une musique plus mélancolique, plus grave, portée par des guitares et une voix d’une puissance phénoménale. C’est à un véritable mur du son auquel on assiste et où le lumineux glockenspiel surgit encore. Cependant, le résultat parait moins référencé qu’un Go Outside ou Most Wanted. Abducted, c’est la bourrasque qui vient tourmenter nos esprits, la chanson qui vous obsède et vers laquelle vous finissez toujours par y retourner.

C’est la première surprise, la meilleure chanson est la plus éloignée du style qui les a fait connaitre, on espère alors en retrouver du même acabit mais malheureusement non, le reste revient sur les acquis du groupe quitte à tourner un peu en rond… Excepté l’inquiétant et envoutant Bad Things, le reste de l’album a tendance à toujours sonner de la même façon. Pourtant, il est difficile d’en vouloir au groupe. Si l’on prend chaque chanson individuellement, chacune est un tube potentiel où l’on retrouve tous les charmes des débuts, mais dans son ensemble, le duo ne surprend guère quitte à nous faire trouver le temps un peu long vers la fin du disque à ressasser les mêmes rythmes, les mêmes sons…

Il est donc dommage d’avoir écarté des titres tel que le rugueux The Curse aux guitares tranchantes et aux voix tonnantes ou Make Time qui, bien que très proche des autres chansons de Cults, propose un refrain en or. Le résultat n’a pas à rougir pour autant car Cults est un disque attachant et original où l’évidence pop jaillit à chaque refrain. La chanson Abducted, si différente, laisse à penser qu’elle fait partie des dernières chansons écrites. On rêve alors à un futur album dans le même registre qui pourrait s’avérer très prometteur. Le nom de leur groupe n’est pas encore mérité, mais qui sait ce qu’il en adviendra d’ici quelques années? Ce qui est certain, c’est qu’on n'a pas fini d’entendre parler de cet attachant duo.

En écoute aujourd’hui, Abducted, évidemment…
En bonus, le clip, superbe lui aussi.




Extrait de l'album : Cults
sortie le : 07 juin 2011
Label : In The Name Of
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Nuage Noir
Toujours un coup d'avance
Sensation Rock
Dirrty Music
...

Contre :
...

Mardi 7 juin : Battles - Africastle

C’était avec un sentiment d’excitation mélangé à une certaine forme de crainte que l’on attendait ce disque. De l’excitation d’abord car leur premier album Mirrored était une petite bombe rare dans son genre. Porté par des chansons comme Tonto et surtout Atlas, une des meilleures compositions des années 2000, Battles avait construit un disque fou, complexe et totalement jouissif. Composé par quatre brillants musiciens, chacun venait porter une pierre à un imposant édifice qui prenait forme au fil des minutes. C’est avant tout Tyondai Braxton, chanteur et spécialiste des boucles instrumentales, John Stanier, batteur métronomique et roi des contres tempo, ainsi que Ian Williams, pionnier du Math-Rock avec les légendaires Don Caballero que reposait ce groupe à l’alchimie parfaite.

Seulement, à l’août 2010, Braxton se casse et la crainte nous empare. Mine de rien, il avait prouvé avec son album solo Central Market toute la folie et l’ambition qu’on avait perçu en lui. Avec ses allures d’orchestre électronique sous acide, il avait créé une œuvre surprenante et aussi imprévisible que Mirrored. Qu’allait donc devenir Battles avec deux bras et une voix en moins ? La réponse est ici, avec ce Gloss Drop pas glop.

"Plus c’est long, plus c’est bon" pouvait on dire à propos de Battles à la sortie de Mirrored, on aimait cette façon qu’ils avaient d’étirer les morceaux en longueur jusqu’à la chute qui n’en était que plus explosive. Le trio a pourtant quelque peu laissé cette idée de côté pour se concentrer vers un format et un son plus pop (mais pas trop, faut pas déconner). En témoigne les invités vocaux qui s’adaptent comme ils peuvent aux rythmes. Il y a ceux qui obtiennent la mention honorable (les bondissant Aguayo et Yamantaka Eye), et ceux qui échouent soit à cause d’une composition fade Kazu Makino sur le très plat Sweetie & Shag), ou par une interprétation totalement foiré (Gary Numan qui ne cesse de beugler de manière insupportable).

Gloss Drop marque surtout un manque cruel d’idées, les titres s’enchainent et l’ennui pointe rapidement le bout de son nez. La batterie, bien que toujours prodigieuse, semble plus en retrait pour cacher un jeu moins inventif et jouissif. Cet album qui se voulait plus récréatif n’arrive pas à nous emporter par son manque de limpidité. Battles nous a à l’usure, pas à force de taper du pied, mais par le côté répétitif de leur musique où tout fini bien trop souvent en une déflagration sonore indigeste.

Si l’on a entre les mains un successeur honteux de Mirrored, Battles n’a pas perdu pour autant son âme en signant une nouvelle fois une œuvre atypique. De plus, quelques morceaux arrivent toujours à nous provoquer un plaisir auditif notamment les trois premiers titres, mais c’est beaucoup trop peu pour parler d’un disque réussi. L’excitation a disparu dans les esprits (trop) torturés des membres du groupe pour ne laisser que la crainte, hélas, confirmé ici. A l’avenir, on cherchera notre plaisir dans les projets solos de Tyondai Braxton, qui on espère, sera plus convaincant que ses petits camarades.

En écoute aujourd’hui, Africastle, une ouverture pleine de promesses non tenues.




Extrait de l'album : Gloss Drop
sortie le : 06 juin 2011
Label : Warp
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Tasca Potosina
Funk You Dear
Esprits critiques
Pinkushion
Novorama
Mowno

Couci couça :
Spot Mag
Playlist Society
...

Contre :
...

Lundi 6 juin : Arctic Monkeys - Reckless Serenade

Arctic Monkeys, ceux qu’on nous vend comme les sauveurs du rock Anglais sont de retour… Soyons clair, je n’ai jamais été un fan inconditionnel du groupe parce que ces jeunes gens ont un gros problème. Enfin, un problème, c’est à la fois une qualité mais qui explique pourquoi je n’ai jamais accroché à la totalité d’un de leurs albums. Le problème d’Arctic Monkeys est surtout qu’il est un groupe à single et cela depuis le départ, chaque disque souffrant de la présence d’une poignée de morceaux exceptionnels.

Je leur reconnais un talent indéniable pour réussir à composer des titres excitant, des tubes à la pelle, mais toujours noyés dans un ensemble avec des hauts et pas mal de bas. Suck It And See devrait donc être leur plus faible album puisque qu’il n’y a pas vraiment de chansons plus mémorables les unes que les autres. Etonnement, c’est l’inverse qui se produit, et pourtant, Suck It And See est un disque raté.

C’est un disque raté sur bien des points. D’abord, c’est grâce à cette perte en efficacité qu’on finit par écouter l’album en entier sans avoir envie de passer sans cesse à la prochaine chanson. Ce disque repose beaucoup moins sur quelques singles et le déséquilibre ne se fait alors plus ressentir. On apprécie finalement l’album dans son intégralité malgré quelques coups de mou qui nous font parfois trouver le temps long (c’est un peu leur marque de fabrique en même temps).

Ce qu’on ne peut pas leur enlever, c’est cette volonté de toujours avancer sans jamais regarder derrière eux. Après deux albums adolescents évoquant la banlieue Anglaise et l’aride Humbug, bas du front et bien plus sombre qui lorgnait du côté du stoner de Josh Homme, Arctic Monkeys échoue en Californie.

Le problème c’est que les Fish and Ships, ça n’aime pas trop le soleil et les singes de l’arctique ont vite attrapé une insolation. A défaut de guitares énergétiques on se retrouve avec des instruments lourds. Si l’on retrouve parfois l’esprit d’Humbug dans les guitares, Suck It And See est plus lumineux, les morceaux bourrins laissent plus de place aux compositions apaisées et estivales qui tombe à pic pour un été caniculaire.

Suck It And See est un disque qui ne plaira sans doute pas aux fans du groupe, ils signent un quatrième opus en perte de vitesse où l’héroïsme et la rage ont disparu. Le plus drôle est de voir cette bande qui a totalement perdu le son de ses débuts pour se transformer en un groupe qui ne cesse de s’américanisé. Finalement, les héros du rock Anglais sont devenus un groupe cramé de L.A mais pas encore mort. On serait presque impatient de connaitre la suite tiens.

En écoute aujourd’hui, Reckless Serenade, une ballade inoffensive qui a pourtant la saveur d’un été sur le déclin, un soupçon de mélancolie et de jolies guitares qui nous font croire qu’Arctic Monkeys n’a pas encore dit son dernier mot.



Extrait de l'album Suck It And See
Sortie le : 06 juin 2011
Label : Domino
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite.

Pour :
Sound Of Violence
Mowno
En 100 mots
Sensation Rock
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Couci couça :
Playlist Society
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Contre :
Tasca Potosina
Soul Kitchen
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