Mardi 7 juin : Battles - Africastle

C’était avec un sentiment d’excitation mélangé à une certaine forme de crainte que l’on attendait ce disque. De l’excitation d’abord car leur premier album Mirrored était une petite bombe rare dans son genre. Porté par des chansons comme Tonto et surtout Atlas, une des meilleures compositions des années 2000, Battles avait construit un disque fou, complexe et totalement jouissif. Composé par quatre brillants musiciens, chacun venait porter une pierre à un imposant édifice qui prenait forme au fil des minutes. C’est avant tout Tyondai Braxton, chanteur et spécialiste des boucles instrumentales, John Stanier, batteur métronomique et roi des contres tempo, ainsi que Ian Williams, pionnier du Math-Rock avec les légendaires Don Caballero que reposait ce groupe à l’alchimie parfaite.

Seulement, à l’août 2010, Braxton se casse et la crainte nous empare. Mine de rien, il avait prouvé avec son album solo Central Market toute la folie et l’ambition qu’on avait perçu en lui. Avec ses allures d’orchestre électronique sous acide, il avait créé une œuvre surprenante et aussi imprévisible que Mirrored. Qu’allait donc devenir Battles avec deux bras et une voix en moins ? La réponse est ici, avec ce Gloss Drop pas glop.

"Plus c’est long, plus c’est bon" pouvait on dire à propos de Battles à la sortie de Mirrored, on aimait cette façon qu’ils avaient d’étirer les morceaux en longueur jusqu’à la chute qui n’en était que plus explosive. Le trio a pourtant quelque peu laissé cette idée de côté pour se concentrer vers un format et un son plus pop (mais pas trop, faut pas déconner). En témoigne les invités vocaux qui s’adaptent comme ils peuvent aux rythmes. Il y a ceux qui obtiennent la mention honorable (les bondissant Aguayo et Yamantaka Eye), et ceux qui échouent soit à cause d’une composition fade Kazu Makino sur le très plat Sweetie & Shag), ou par une interprétation totalement foiré (Gary Numan qui ne cesse de beugler de manière insupportable).

Gloss Drop marque surtout un manque cruel d’idées, les titres s’enchainent et l’ennui pointe rapidement le bout de son nez. La batterie, bien que toujours prodigieuse, semble plus en retrait pour cacher un jeu moins inventif et jouissif. Cet album qui se voulait plus récréatif n’arrive pas à nous emporter par son manque de limpidité. Battles nous a à l’usure, pas à force de taper du pied, mais par le côté répétitif de leur musique où tout fini bien trop souvent en une déflagration sonore indigeste.

Si l’on a entre les mains un successeur honteux de Mirrored, Battles n’a pas perdu pour autant son âme en signant une nouvelle fois une œuvre atypique. De plus, quelques morceaux arrivent toujours à nous provoquer un plaisir auditif notamment les trois premiers titres, mais c’est beaucoup trop peu pour parler d’un disque réussi. L’excitation a disparu dans les esprits (trop) torturés des membres du groupe pour ne laisser que la crainte, hélas, confirmé ici. A l’avenir, on cherchera notre plaisir dans les projets solos de Tyondai Braxton, qui on espère, sera plus convaincant que ses petits camarades.

En écoute aujourd’hui, Africastle, une ouverture pleine de promesses non tenues.




Extrait de l'album : Gloss Drop
sortie le : 06 juin 2011
Label : Warp
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Tasca Potosina
Funk You Dear
Esprits critiques
Pinkushion
Novorama
Mowno

Couci couça :
Spot Mag
Playlist Society
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Contre :
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