Les oubliés de la semaine #4

On les a écoutés, on n'en a pas parlé, l'erreur est réparé! Et classés par ordre de préférence s'il vous plaît! Et comme on a pleins de trucs en retard on va faire ça à thème. Cette semaine c'est une spéciale déception : 6 groupes qui ont trusté les tops il y a un temps mais qui déçoivent un peu (beaucoup) cette année…

Jamie Lidell - Jamie Lidell [Warp]

Houlà ça date! Il faut remonter plus précisément à la date de création de ce blog pour trouver trace de notre bon vieux Jamie Lidell, plus précisément le 18/01/2009, le troisième post publié sur Ears Of Panda qui était consacré au top albums 2008. A la 24ème place on retrouvait donc Jim son troisième album studio consacré à la soul et au funk teintés d’électro. Jim était un savant mélange des genres réjouissants qui foutait tout simplement la patate avec de bons gros tubes à la clé (Hurricane, Another Day…). Compass étant passé à la trappe (sorti en 2010), on arrive directement au sobrement intitulé Jamie Lidell. L’Anglais de 39 ans continue dans cette même lignée bien que l’électronique prenne une place plus importante avec une influence 80’s plus prononcée. L’album a beaucoup de problèmes, on a tout d’abord l’impression que Lidell se répète malgré des tentatives assez vaines en terme d’innovations. Il y aussi un trop-plein dans ce disque, trop d’instruments, trop d’effets qui finissent par nous user. Enfin, ce cinquième album est tout simplement mauvais dans le fond. Les compositions ne restent pas en tête et l’ennui finit par s’installer malgré toute la bonne volonté du monsieur. On retient quelques pistes intéressantes comme Why_Ya_Why aux accents Tom Waits, où les quelques chansons qui semblent avoir puisé leurs influences chez Prince.

Note : 05/10
Date de sortie : Février 2013
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Wavves - Afraid Of Heights [Mom + Pop]

De leur début très “Fuck off” avec des compositions noisy sans réelles mélodies, Wavves a lentement, mais sûrement, glissé vers un son plus pop jusqu’à King of the Beach, une célébration de la drogue, de l’alcool, de l’été… Bref, du punk idiot façon Blink-182. Un album génial qui avait fini 12ème de notre top album 2010. Afraid of Heights continue dans cette lignée pop on est donc peu étonné de voir le producteur de Santigold derrière. Pourtant, l’album n’est pas plus lisse que son prédécesseur, le son se veut simplement moins surf et plus classique. Si Afraid of Heights déçoit c’est surtout qu’il est moins cool à tous les niveaux que King of the Beach. Leur quatrième album est au fond plus sérieux, plus sombre et plus adulte alors qu’on voit en Wavves deux gamins un peu cons, champions du monde de la fumette et de la défonce. Leur nouvelle image ne leur sied guère finalement et on regrette le temps où le groupe donnait l’envie furieuse de nous ruer vers la plage.

Note : 06/10
Date de sortie : Mars 2013
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Telekinesis - Dormarion [Merge]

A ma grande surprise, 12 Desperate Straight Lines s’était retrouvé 9ème du top album2011. Pas de recettes miraculeuses, ni d’ambitions démesurées puisque Telekinesis c’est une guitare, une batterie et une basse au service d’un son pop rock simple. Mais bordel ce disque a fait mouche, on était addict à toutes les compositions. Ca envoyait du gros son, c’était efficace… Que demander de plus? Dormarion est quelque part sa suite logique, on retrouve le même esprit avec quelques touches de synthés mais qui ne bousculent en rien l’ordre des choses. Bon c’est quoi le problème alors? Dormarion est tout simplement, moins fort, moins efficace… Ca reste sympathique mais comme ses deux disques sont identiques autant écouter le plus réussi.

Note : 06/10
Date de sortie : Avril 2013
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Yeah Yeah Yeahs - Mosquito [Interscope]

Sans aucun doute la plus grosse déception. Yeah Yeah Yeahs c’est un disque tous les trois/quatre ans, autant dire que l’attente est grande ! Surtout, Yeah Yeah Yeahs, c’est une carrière irréprochable en particulier Fever To Tell (dans le top 20 des plus grands disques de la précédente décennie) et It's Blitz! 28ème du top albums 2009 mais revu largement à la hausse depuis. Le premier point décevant est que pour la première fois un disque de Yeah Yeah Yeahs ne surprend pas, Mosquito reprend les sonorités électroniques du précédent en combinant avec le rock sombre de leur Ep Is Is. Surtout il y a deux grosses fautes de goûts, à tel point qu’on se demande comment ils ont pu penser que ça pourrait être cool de mettre ça sur disque. A moins que ces deux chansons soient pour la beauté du LOL, un peu comme cette pochette dégueu… Area 52 qui parle donc… d’extraterrestre possède un riff merdique sur lequel Karen O chante la même mélodie. C’est moche et ça manque totalement de finesse. La palme revient à Buried Alive qui tient à peu près le coup sur les couplets mais qui se termine sur un grand moment de rigolade pendant les refrains avec l’intervention du rappeur Dr. Octagon qui nous rappelle les grandes heures du Nu metal soit un des genres les plus dégueulasses que la musique ai inventé. Heureusement il y a des compositions telles que Sacrilege, un premier single envoûtant qui vous colle des frissons dans la nuque jusqu’à son final en apothéose avec chœurs gospel et tout le toutim.

Note : 06/10
Date de sortie : Avril 2013
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Phoenix - Bankrupt! [Glassnote]

10ème du top album 2009, Wolfgang Amadeus Phoenix a été le début d’une longue et belle histoire peuplée de réussites pour Phoenix qui s’est même vu recevoir un Grammy Award (équivalent des victoires de la musique), une première pour un groupe Français. Aujourd’hui, Phoenix est une tête d’affiche solide dans tous les festivals où il passe pour défendre un Bankrupt! qui est tout de même un cran en dessous. Il est amusant de voir que Phoenix et The Strokes, frères ennemis, prennent la route similaire des synthés. Pour les premiers, ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère quitte à aller jusqu’à l’écœurement. On frôle d’ailleurs sérieusement le point de non retour en rappelant tous les groupes putes qui les copient pâlement (Pony Pony Run Run…). Néanmoins on est loin du désastre et les Versaillais arrivent encore à déballer quelques belles mélodies et quelques compositions catchy qui permettra à Bankrupt! de passer l‘été (quand il arrivera).

Note : 07/10
Date de sortie : Avril 2013
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Born Ruffians - Birthmarks [Yep Roc Records]

Très gros coup de cœur 2008 (3ème dans notre top), on avait très déçu en 2010 avec leur deuxième album Say It. Birthmarks était un peu la dernière chance pour les Canadiens et confirme finalement que le groupe a encore quelque chose à dire sans que l’on doit s’attendre à un second Red, Yellow & Blue qui était un album pop parfait à la joie communicative. On avait certainement mis trop d’espoirs sur leurs épaules alors que Born Ruffians n’est qu’un petit groupe sans prétention. Birthmarks n’est finalement qu’un très sympathique album qui fait le job, on a de bonnes mélodies mais jamais de grandes chansons. Il en sera sans doute de même pour les prochains qui seront la promesse de passer un agréable moment sans jamais perdurer dans le temps.

Note : 07/10
Date de sortie : Avril 2013
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Jeudi 16 mai : Eluvium - Nightmare Ending

Trois ans après Similies qui voyait Matthew Cooper pousser la chansonnette, on revient aux basiques avec Nightmare Ending, son septième album studio, qui prend la forme de 14 chansons ambient pour un total de plus de 80 minutes. Ce disque a de quoi effrayer plus d’un, 80 minutes ça peut paraître long, surtout pour de l’ambient, mais cet homme originaire de Portland est décidément extrêmement doué.

Il aura suffi que les premières notes de Don't Get Any Closer débutent pour entrer dans le monde si précieux d’Eluvium. On se laisse porter par cette longue et lente ascension de 9 minutes ou quelques notes de piano, passées en boucle, résonnent dans nos têtes. Nourries par les sons noisy qui accompagne presque en continue le disque, Cooper réussit à donner à ses chansons, mêmes les moins évidentes, un souffle libérateur. Ce qui aurait pu être un cauchemar éveillé se transforme en un voyage réconfortant. Sans cesse baigné par ce qui pourrait se rapprocher  d’une heureuse brise, Nightmare Ending convoque à chaque instant la nature. On s’imagine face à l’océan, au bord d’une falaise à-pic, entouré par des plaines désertiques peuplées de hautes herbes, le regard rivé vers l’horizon. Plus que jamais, la musique d’Eluvium est vivante.

Là où ses précédents albums étaient marqués par une mélancolie très forte, Nightmare Ending évoque étrangement un sentiment de plénitude. La recette est pourtant la même, on évolue constamment entre des mélodies de piano déchirantes et des titres plus vaporeux qui prennent tous leurs sens au gré des minutes écoulées. Ce qui n’a pas changé, c’est que ce septième album n’est pas une expérience collective mais solitaire. Sa musique ne se partage pas mais se vit seule, c’est une musique qui évoque nos souvenirs passés et nos désirs futurs. Celle si rare, qui nous fait regarder en arrière sans regretter et nous permet d’affronter l’avenir sereinement.

Nightmare Ending est d’une grande puissance émotionnelle et c’est en cela que Matthew Cooper a sûrement réussi son disque le plus beau et le plus abouti. C’est surtout un album qui s’approprie et où chacun en fera son interprétation. Certains y trouveront sûrement une œuvre tragique tandis que d’autres verront la lumière qui se cache derrière ses compositions. Ce qui est sûr, c’est que peu de gens resteront insensibles à ce Nightmare Ending, incroyablement fort.


Sortie le : 14 mai 2013
Label : Temporary Residence Limited
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Couci couça :
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Contre :
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Mardi 14 mai : Primal Scream - More Light

En 2011, Primal Scream fêtait sur la route les 20 ans de leur album culte Screamadelica, une œuvre intemporelle et orgasmique qui faisait croiser les Rolling Stones avec la House. Un trip acide qui n’a pas pris une ride encore aujourd’hui. Grâce à cette tournée anniversaire (qui valait son pesant de cacahuètes, croyez moi), Gillespie et sa bande ont pu financer More Light, leur dixième album.

Cela faisait 5 ans que le groupe n’avait rien sorti de neuf, on est heureux et à la fois mesuré. Il y a un moment que ces Ecossais ne nous ont pas mis un gros coup de massue derrière la tête à quelques chansons près. Leur âge d’or s’étant éteint en 2000 avec XTRMNTR. More Light est une bonne et mauvaise nouvelle. La bonne c’est que Primal Scream s’est enfin décidé à se bouger un peu en proposant des compositions ambitieuses. On pense à 2013, une odyssée rock qui n’est pas sans rappeler Hey Jane de Spiritualized. River Of Pain, un blues mystique interrompu en plein milieu par un ballet de cordes ou encore Relativity, une ballade psyché qui passe dans tous les états possibles. Charmant. La mauvaise, malgré toute la bonne volonté du monde, c’est que le groupe semble condamner à ne pas répéter les prouesses passées, laissant l’auditeur exprimer un soupir en se disant que « y a pas à chier, c’était mieux avant ».

Ca part pourtant comme un putain de chef d’œuvre, avec sa quadruplette gagnante qui ouvre More Light, ça part dans tous les sens, on ne sait pas où ils vont mais c’est justement ça qui est excitant. Il y a de la fougue, de l’envie d’en découdre, bref ils mettent le paquet et mettent la barre très haute. Trop haute. La suite, bien que loin d’être infâme, s’installe dans un rythme pépère, la nouvelle bassiste Simone (Butler) impose un peu trop son style avec sa grosse basse bien grasse qui a tendance à prendre toute la place. Il y a aussi quelques fausses bonnes idées, Invisible City par exemple, sonne comme du mauvais Dandy Warhols période euh… mauvaise.

C’est dommage car Primal Scream tente beaucoup de choses sur ce disque, des chœurs, aux saxos délurés, il y avait une réelle volonté de marquer l’année, mais avec ses 68 minutes, le groupe aurait mieux fait de faire le tri. En virant 4 ou 5 titres, il y avait vraiment la possibilité de signer un très grand album. Saaaacré Bobby! Il pouvait pas s’en empêcher d’en faire des tonnes celui là.


Sortie le : 13 mai 2013
Label : Ignition Records
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Couci couça :
DumDum
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Contre :
Rave On
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Lundi 13 mai : Bibio - Silver Wilkinson

A l’écoute de son septième album studio, une question se pose, faut-il encore attendre quelque chose de Stephen Wilkinson? La rencontre avec ce musicien talentueux remonte à 2009 avec Ambivalence Avenue, un formidable kaléidoscope où l’artiste Anglais brassait les genres avec intelligence. Le résultat était extatique et promettait un avenir radieux pour le musicien. Seulement voilà, avec Mind Bokeh sa musique s’est radicalisée, ce qui faisait son charme avait disparu et laissait place à un disque se concentrant principalement sur le mariage entre les guitares et la musique électronique. Le résultat n’était pas catastrophique mais était beaucoup moins ludique.

Silver Wilkinson n’est pas une catastrophe mais on en n’est pas très loin. Wilkinson a toujours essayé de nouer ses deux passions, la musique électronique et la guitare. Sur son dernier disque, le deuxième prend une place prépondérante à quelques exceptions près mais on pourrait tout de même qualifier Silver Wilkinson, d’album folk. S’il cherche à créer une ambiance aérienne et vaporeuse, c’est surtout l’ennui qui pointe rapidement le bout de son nez avec des mélodies rarement enivrantes. À tout à l'heure, le premier single nous avait pourtant donné espoir en combinant inspirations orientales, folks et électroniques mais il s’avère être le seul morceau dans cette lignée.

Alors y a bien deux trois titres électro qui se baladent sur le disque mais excepté You qui se détache surtout parce qu’il est coincé entre deux chansons merdiques, là encore, on ne peut pas dire que le musicien fait preuve de prise de risque ou de talent. Tout comme Mind Bokeh, Bibio conclut le disque en beauté, bien que le résultat soit beaucoup moins bluffant que l’électro acoustique St Christopher. Non, You Won't Remember... est juste un titre (folk) mignon comme tout.

Silver Wilkinson est un disque complètement inoffensif, sans passions où Bibio se complait dans des compositions folks sans envergures bien loin de ses ambitions d’antan. A moins de sortir un single solide, pas sûr qu’on s’attarde sur son prochain disque, et encore À tout à l'heure est la preuve qu’il ne faut pas se fier à ça tant ce morceau est loin de l’univers morne du disque.


Sortie le : 13 mai 2013
Label : Warp
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Pour :
Hop Blog
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Couci couça :
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Contre :
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Semaine 19 : Deerhunter - Monomania


“I guess my time as a musician has gone by so fast that I realized that I have no personal life. The other guys in Deerhunter, they all found things. And I just have monomania. I always will. I'm obsessive about one thing, that there's one thing that's going to make me happy and it's making music, or there's one thing that's going to make me happy and it's this person.”

En 2011, alors que Bradford Cox est en promo pour son album solo, il évoque au magazine Rolling Stone son état dépressif et son rapport avec la musique. Avec ces quelques mots on comprend quelque part comment en est il arrivé là, comment Bradford Cox est devenu une véritable icône de la musique indé. Ce qui le démarque des autres c’est qu’il ne fait pas de la musique pour vivre mais vit pour sa musique et pousse ce mode à l’extrême.

Depuis les débuts chaotiques avec Turn It Up Faggot en passant par son expérience solo, Bradford Cox a signé 9 albums dont la moitié est indispensable. On ne compte même pas les splits albums, les nombreuses mixtapes balancés sur le net où les EPs qui viennent prouver que non seulement Bradford Cox est l’un des songwriters les plus prolifiques de sa génération, mais aussi un des plus doués. Même dans les disques moins notables, l’artiste qui va fêter ses 31 ans a toujours montré un sens de la mélodie hors du commun.

Cela fait déjà trois ans que Deehunter n’avait pas donné de nouvelles, plus depuis Halcyon Digest un des sommets de leur carrière. Heureusement, nous n’étions pas en reste puisqu’on avait eu le droit entre temps à une cinquantaine de chansons balancées d’un bloc sur son blog. Parallax, un album solo qui prolongeait l’expérience pop amorcée avec Halcyon Digest ou encore Spooky Action at a Distance l’excellent album de Lockett Pundt, seconde tête pensante de Deehunter qui prouvait que lui aussi en avait sous la pédale.

Cependant, l’annonce de Monomania, leur sixième album, nous avait excité au plus haut point. On parle du meilleur groupe actuel tout de même! L’attente aurait pu être interminable s’ils n’avaient pas présenté très tôt sur le plateau de Jimmy Fallon le single éponyme. Ce disque est l’occasion pour le groupe de prendre une nouvelle forme avec un guitariste en renfort, un nouveau bassiste et… Bradford Cox grimé en Connie Lungpin alter Ego rock’n’roll et Ramonesque avec deux doigts ensanglantés dans des bandages grossiers (pour la blague hein…). Ce premier extrait donne le ton de leur album à venir. C’est crade, garage, nerveux. Jamais le groupe n’avait semblé si survolté depuis leurs débuts. La surprise est totale, après leur excursion très pop on ne s’attendait pas à un album punk garage de leur part. Monomania prend à contre pied nos attentes. Alors qu’on est tellement habitué à voir tant de groupes adoucir leur son, Deerhunter fait marche arrière et remonte même jusqu’en 2005. A côté, les disques Microcastle et Cryptograms paraissent d’une clarté irréprochable.
L’ouverture Neon Junkyard confirme ce que le single annonçait et c’à quoi nous devons nous attendre les douze titres durant. La voix de Bradford Cox est des plus saturés, tout comme les guitares rêches, brouillonnes qui sortent du lot dans cette cacophonie ambiante. La transformation la plus troublante reste le chant de Cox. Il ne chante plus, il crie à gorges déployés, il est en colère et cette rage se ressent sur la quasi-totalité du disque. Autant être clair, ceux qui avaient été charmés par leurs pérégrinations pop risquent d’être chamboulés, voire déçus, par ce disque qui ne cherche pas à caresser nos oreilles.
                                                                                                                              
Monomania est d’ailleurs perturbant, alors que leurs compositions gagnaient avec le temps en complexité, Deerhunter a  rongé jusqu’à l’os les compositions. La démarche se veut plus instinctive, plus directe, plus animale. Les premières écoutes sont donc déconcertantes, le disque n’atteint pas en terme qualitatif leurs meilleurs albums. Encore une fois, quelques chansons sont un cran en dessous ou plutôt s’imbriquent mal dans l’album comme le titre acoustique Nitebike ou The Missing, écrite par Lockett Pundt, une très belle chanson mais qui ne cadre finalement pas si bien que ça avec le reste. On regrette aussi que la promesse d’un disque punk garage ne soit pas tout à fait tenue. Si le chant est toujours enragé, on surprend des mélodies légères et pas forcément rock’n’roll comme sur les couplets de Blue Agent, une sorte de ballade pas vraiment belle, pas vraiment entrainante qui a le cul entre deux chaises à cause des instruments qui paraissent inoffensifs.
                                         
Monomania n’est pas le chef d’œuvre attendu mais reste une nouvelle fois un excellent disque de la part de Deerhunter et pour plusieurs raisons, la première étant que tous ces défauts font parties intégrantes de leur charme. Deerhunter a toujours été bancal et imparfait, une sorte de monstre dans lequel on aperçoit une grande beauté comme He Would Have Laughed qui concluait leur précédent disque. La chanson avait beau paraitre dissonante, elle finissait par nous faire chavirer. Si l’étrangeté ne finit pas ici par révéler la beauté du disque elle vient appuyer le discours et les intentions de Bradford Cox qui était de signer un disque malade et corrosif. Des quintes de toux effrayantes de T.H.M. aux étranges cris poussés sur Leather Jacket II, Cox tire la sonnette d’alarme et témoigne de son malaise. Monomania ne tourne pas rond, il y a quelque chose de pourri dans leur royaume, mais il est pourtant une nouvelle fois une démonstration de force du songwriting de l’auteur, l’autre grande force du disque. Couplets, ponts, refrains… Tout s’imbrique parfaitement sur ce disque, le groupe arrive encore à nous épater sur ce point où toutes les compositions, même dans leurs moments de faiblesses, font preuve d’inventivités et de trouvailles réjouissantes. T.H.M. est un vrai crève cœur et Back To The Middle nous fait fondre avec son solo de guitare presque dramatique… On pourrait passer au crible tous les titres tant l’écriture est un modèle de simplicité et d’efficacité.

On enrage avec Monomania, énième album réussi de la part de Deerhunter mais qui ne décrochera pas la première place du top 2013 et restera une nouvelle fois au pied du podium la faute aux quelques imperfections qui peuplent le disque. L’album ne manque pas de qualités pourtant, en particulier la cohésion en termes de production qui n’avait jamais été aussi grande. Qui plus est, Deerhunter possède cette grande qualité qui est de surprendre son auditeur. On pouvait s’attendre à une suite dans la lignée de Halcyon Digest mais Monomania nous prend à revers et montre un groupe qui possède encore une belle marge d’avance sur les autres. Cette marge d’avance ne devrait d’ailleurs pas faiblir avec les années tant que Bradford Cox garde sa flamme intacte. C’est dans son malheur, dans cette passion dévorante qu’il a pour la musique, cette monomanie qu’il nous fait rêver et nous fais continuer à aimer passionnément la musique.


Label : 4AD
Sortie le : 7 mai 2013
5 titres en écoute dans le lecteur à droite

Pour :
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Les oubliés de la semaine #3


On les a écoutés, on n'en a pas parlé, l'erreur est réparé! Et classés par ordre de préférence s'il vous plaît! Et comme on a pleins de trucs en retard on va faire ça à thème. Cette semaine c'est une spéciale pitchfork : 6 albums qui ont obtenu le précieux Best New Music. Sérieux ça vaut vraiment le coup ou pas?


Autre Ne Veut - Anxiety [Mexican Summer]

Arthur Ashin est New Yorkais, en tout cas il n’est pas Français et on peut s’en douter puisque « Autre ne veut » ne veut justement pas dire grand-chose dans notre langue.  Découvert avec Anxiety, son deuxième album, il marche dans les pas de How To Dress Well (pseudo derrière lequel se cache là aussi une seule personne) en proposant un disque entre R’n’B et expérimentations électroniques. En gros c’est du R’n’B de blanc, fait pour les gens qui n’écoutent pas du R’n’B. Mais le genre a le vent en poupe donc on va en bouffer dans les années à venir. Si le garçon séduit aux premières écoutes, on sature vite face à sa musique qui en fait des caisses. Trop de synthés, de manières, un trop plein qui finit par fatiguer l’auditeur. On préfère de loin How To Dress Well, beaucoup moins abordable mais bien plus intéressant dans le genre.

Note Pitchfork : 8.5/10
Note réelle : 5.4/10
Date de sortie : février 2013
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Waxahatchee - Cerulean Salt [Don Giovanni]

Pochette 90’s, musique 90’s? Yep. On pourrait rapprocher Waxahatchee de Torres, déjà chroniqué ici. Toutes deux composent des chansons rugueuses possédants peu d’arrangements, le but étant de mettre en avant la guitare. On est assez étonné par les très bonnes critiques que se coltine Katie Crutchfield (oui là encore une seule personne se cache derrière ce nom de groupe) mais il faut croire que hormis le R’n’B de hipster (oups j’ai dis le mot interdit), le revival 90’s a le vent en poupe. A ce rythme là on va bientôt ressortir les jeans trop larges et trop troués. C’est chaud. Anyway, Cerulean Salt reste un disque très sympathique, jamais indigeste grâce à ses chansons qui durent rarement plus de 3 minutes. On se dit quand même que ça a beau être cool, ça manque un peu consistance…

Note Pitchfork : 8.4/10
Note réelle : 7.1/10
Date de sortie : mars 2013
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Rhye - Woman [Republic / Innovative Leisure / Loma Vista]

On avait été séduit par The Fall, très beau titre qui pompait tout à la ritournelle de Sébastien Tellier, et on avait hâte de voir de quoi allaient être capable le duo Californien sur le long format (enfin ils vivent en Californie mais c’est moitié Canada, moitié Danemark leur histoire). Ca commence plutôt bien avec Open, meilleure chanson du disque, qui fout une belle claque dans la gueule avec des cuivres tout en nuances, une jolie ballade mi joyeuse, mi mélancolique. Problème, plus on avance dans le disque et plus on s’emmerde, excepté sur le disco Hunger qui fait trémousser le popotin malgré la voix morne du chanteur. Ou de la chanteuse ? Si j’ai bien compris c’est Mike Milosh qui chante mais le mec a vraiment une voix de meuf alors je suis perdu. Sinon l’album reste chouette, c’est très distingué et ça on aime bien, pas trop sirupeux, pas R’n’Besque bobo du tout comme on le craignait, non, juste une belle collection de chansons mais chiantes par moment quand même.

Note Pitchfork : 8.5/10
Note réelle : 7.2/10
Date de sortie : mars 2013
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Youth Lagoon - Wondrous Bughouse [Fat Possum]

Trevor Powers (oui encore un mec tout seul) s’était fait remarqué en 2011 avec The Year Of Hibernation, un formidable premier album lo-fi qui contenait un nombre impressionnant de chansons au piano belle à se damner. Wondrous Bughouse est la confirmation que le garçon a du talent à revendre bien que l’on ressort quelque peu déçu du disque. L’album se veut bien plus expérimental que son prédécesseur sans être inabordable hein. Chaque chanson possède une mélodie bien distincte mais l’album est moins propice à lâcher une larmichette. Cependant, Powers s’est donné du mal sur ce disque en multipliant les chansons à tiroirs, nombreux sont les titres 2 en 1 comme si le garçon s’était retrouvé avec une vingtaine de compositions et s’était décidé à les assembler ensemble. Wondrous Bughouse fourmille aussi de détails, de sons curieux échappés des 60’s, on a l’impression d’être dans un magasin de jouet animé dans lequel des sons surgiraient de partout. Sympa mais pas la claque prévue non plus.

Note Pitchfork : 8.7/10
Note réelle : 8.0/10
Date de sortie : mars 2013
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Grouper - The Man Who Died in His Boat [Kranky]

Ce n’est pas fait exprès mais Grouper est aussi le projet d’une meuf qui est toute seule. Liz Harris donc, une artiste indé de chez indé condamnée à ne jamais rencontrer le succès si elle continue à faire les disques qu’elle fait. En même temps elle doit s’en foutre pas mal puisque c’est le genre à avoir le respect éternel de ses compères (les artistes qui n’ont pas de succès sont toujours très appréciés). Liz Harris a en tout cas signé un joli disque entre ambient et folk. C’est aérien, vaporeux et rêveur, on se laisse bercer par ses chansons qui rappellent quelque part Julianna Barwick en plus accessible tout de même. D’ailleurs chose amusante à faire, vous prenez n’importe quelle chanson de Barwick et n’importe laquelle de Harris et vous les jouez en même temps le résultat sera loin d’être bordélique. A tous les coups y a un bootleg intéressant à faire là.

Note Pitchfork : 8.3/10
Note réelle : 8.1/10
Date de sortie : février 2013
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Iceage - You're Nothing [Matador]

Récemment Iggy Pop déclarait qu’Iceage était le seul groupe punk réellement dangereux. C’est pas faux, après la reconnaissance survenue avec leur premier album il y a deux ans, les Danois continue dans la même lignée avec ce disque violent, puissant et forcément réjouissant ! You’re Nothing n’est pas pour les âmes sensibles ça tabasse tout du long, les riffs pleuvent au milieu du bordel ambiant (ce batteur a clairement une dent contre ses cymbales) mais ils possèdent tout de même de réelles mélodies de quoi faire pâlir n’importe quel groupe. Plus que du punk dangereux c’est peut être même l’avenir du punk qui est là, ces gars là ont en tout cas ont tout compris avec le nihiliste You’re Nothing. A consommer avec modération tout de même, la migraine guette.

Note Pitchfork : 8.6/10
Note réelle : 8.5/10 (Best New Panda)
Date de sortie : février 2013
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Vendredi 10 mai : Alba Lua - Inner Seasons

Oh joie! Quel bonheur d’entendre un tel disque réalisé par des Français! Ces Bordelais émigrés à Paris ont réussi leur coup avec ce premier album solaire qui convoque le fantasme du mythe Californien passé et présent.

A l’instar de leurs petits camarades (Pendentif et consorts), on ressent chez eux l’influence de la côte ouest à deux exceptions près. Le chant est ici en Anglais et l’inspiration de l’état doré ne s’arrête pas à ce siècle mais depuis sa conquête. En grands adorateurs des B.O d’Ennio Morricone, Alba Lua en vient à ponctuer leurs chansons de galops de chevaux, de trains qui sifflent et du vent qui vient s’engouffrer dans les plaines arides. Ouais, dit comme ça, ça parait con mais ces quelques détails donnent aux compositions ce côté western à leurs chansons qui va trancher avec les inspirations Californiennes actuelles. Loin de tomber dans une sorte de pastiche, ils renforcent plutôt ce folklore Américain qu’ils semblent rêver.

C’est dans ce cadre idyllique qu’Alba Lua tisse à la manière de Real Estate des mélodies aux harmonies enjôleuses. Les guitares limpides et le chant clair ne cessent de communier entre eux. Portés par des mélodies accrocheuses, ces jeunes gens réussissent là où beaucoup se sont plantés en signant un disque pop aérien sans réelles fausses notes. Hormis l’ambiance rêveuse et estivale qui habite ce disque, on est surtout admiratif par leurs chansons qui ne cessent de nous surprendre en prenant des chemins insoupçonnés. En remettant sans cesse en question les bases de leurs morceaux, Alba Lua empile les idées et les trouvailles pour ne jamais tourner en rond. Il est donc courant de voir leurs morceaux changer de tons comme sur She's Got a Crush On You qui débute comme un titre surf béat avant de se conclure en une ritournelle désabusée.

A l’exception de quelques longueurs ici ou là, le groupe signe un bel album estival et faussement mélancolique qui, à l’aide de ses chansons midtempo, suspend le temps pour mieux nous faire goûter à un été qui ne voudrait jamais finir.


Sortie le : 6 mai 2013
Label : Roy Music / Universal
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Pour :
Indie Music
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Contre :
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Jeudi 9 mai : Savages - Silence Yourself


En étant infidèle à Johnny Hostile, Jehnny Beth ne pouvait faire meilleur choix de carrière. Si John & Jehn est un projet certes honorable, Jehnny de son vrai nom Camille Berthomier va finalement connaitre la reconnaissance internationale avec le girl band Savages.

On est d’ailleurs quelque peu étonné tant leur post-punk est des plus classiques. Entre Joy Division et Siouxsie And The Banshees, Savages ne bouleverse pas les codes et se contente d’appliquer une recette bien connue. Cependant, il faut reconnaître dans ce premier disque une hargne, une rage et une noirceur qui fait plaisir à entendre surtout de la part d’un groupe Anglais.  On décrie souvent l’Angleterre qui depuis plusieurs années se traîne derrière les Etats Unis avec des groupes offrant une musique policée et fade où chacun n’est que la pâle copie de son voisin. Dans ce paysage musical morne, Savages, à défaut de révolutionner quoique ce soit, est une alternative rafraîchissante qui réussit enfin à concilier la reconnaissance du public, de la critique et a un tant soi peu d’exigence artistique.

Hormis la cause défendue ici, Silence Yourself, est une belle démonstration de la part de ces quatre filles qui en ont dans le paquet. Si l’on n’est pas béat d’admiration face aux compositions de Savages, on apprécie dans sa globalité le ton du disque nerveux de bout en bout en particulier dans la seconde partie. A un Shut Up près les 6 premiers titres n’ont rien d’éclatants. Les choses deviennent vraiment sérieuses avec She Will où la guitare se fait des plus saignantes et la voix de Jehnny Beth toujours plus révoltée. Mais c’est bien le trio final qui risque de mettre tout le monde d’accord avec un Hit Me chaotique que même Jeffrey Lee Pierce n’aurait pas osé sortir, Husbands, le tube incontestable joué à toute berzingue, tendu du début à la fin. Enfin, Marshal Dear est une pause nocturne bienvenue où piano et saxophone pleins d’élégances viennent fermer de la plus belle manière ce premier chapitre.

On doute que Savages va être le sauveur de l’Angleterre mais il a le mérite d’avoir une démarche artistique honnête qui ne court pas après l’envie de jouer dans les stades à coup de morceaux pompiers et gerbant. Rien que pour cela, le groupe mérite qu’on s’attarde sur ce disque au réel parti pris.


Sortie le : 6 mai 2013
Label : Matador
Un titre en écoute dans le lecteur à droite
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Couci couça :
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Contre :
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Lundi 6 mai : Still Corners - Strange Pleasures

Le duo Londonien était à deux doigts d’écrire un très grand album. Après un premier disque plutôt bien reçu par la presse en général mais pas forcément sur Ears Of Panda, on n’attendait pas grand-chose de cette suite qui parait un an et demi plus tard. Cependant, Strange Pleasures est la preuve sonore que la persévérance a du bon. Il serait dommage de passer à côté de ce disque qui commence sur les chapeaux de roue avec The Trip, une longue ballade électroacoustique qui pose les bases de ce disque rêveur et aérien.

De cette ouverture à Going Back to Strange, huitième titre de l’album, on tient même le disque parfait, capable de rivaliser avec la dream pop hautement addictive de Beach House. A la fois légère et mélancolique, les compositions de Still Corners font passer le temps à une vitesse affolante. On est emporté par ces refrains poignants et ces couplets accrocheurs. Le titre Fireflies, aux accents sino-japonais, nous séduit avant de nous renverser par surprise avec ses chœurs venant de nulle part. Future Age, chef d’œuvre pop héroïque a même de quoi faire envier le duo de Baltimore qui aura rarement fait mieux l’année dernière sur Bloom. Alors quand arrive la complainte folk Going Back to Strange qui donnerait presque envie de chialer tant c’est beau, tant ça tranche avec le reste du disque tout en étant dans sa continuité. On a envie de dire, Putain, le voilà notre disque de l’année !

Malheureusement, les quatre derniers titres sont très en dessous et la magie qui, jusque là opérait à merveille, finit par s’estomper. Plus rêche et plus sombre, Still Corners vient titiller sur la fin Chromatics dans un trip 80’s un peu trop marqué et qui n’a plus grand-chose à voir avec le miracle du début. Les émotions ont disparu et on se laisse trainer par cette fin de disque trop morne à notre goût.
                                                               
Si Strange Pleasures n’est pas un chef d’œuvre, ce disque reste une très belle surprise pour sa première grosse moitié qui en fera chavirer plus d’un. Strange Pleasures permet surtout d’attirer notre attention sur Still Corners qui montre un réel talent pour écrire des mélodies pop, belles et efficaces. On gardera un œil sur eux à l’avenir, leur troisième album devrait nous permettre de savoir réellement ce qu’ils ont sous le pied.


Sortie le : 7 mai 2013
Label : Sub Pop
Un titre en écoute dans le lecteur à droite

Pour :
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Couci couça :
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Contre :
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