#0011 : Sabu - Palo Congo


Par son style et plus simplement son nom, on aurait pu penser que Louis "Sabu" Martinez est né à Cuba mais il en est rien puisque c’est de la grosse pomme que ce percussionniste et amateur de jazz est originaire. Précoce, il jouera avec les plus grands dès ses 18 ans avec des artistes tels que DukeEllington, Count Basie ou Thelonious Monk déjà chroniqués ici mais c’est sûrement sa collaboration avec DizzyGillespie et  de nombreux musiciens Cubain que Sabu a trouvé sa voie.

Quand sort Palo Congo, notre musicien a déjà 28 ans. Cela fait 10 ans qu’il tourne de groupe en groupe et cette expérience est déballée sur ce premier album solo de Latin jazz. Ce disque s’éloigne énormément des précédentes œuvres de jazz chroniquées puisque l’accent est mis en priorité sur les rythmes latin et chaleureux joués par Sabu. Cet album brille par l’absence de cuivres qui se contente de trois éléments centraux : les percussions, les voix et la guitare qui annonce les débuts de la Bossa Nova.

Palo Congo est un disque chaleureux et entraînant. Durant 40 minutes Sabu nous emmène dans les clubs populaires de Cuba. L’ambiance est festive et on se laisse prendre au piège par la cadence endiablée des congas. Cette danse affolante de percussions et les chants en cœur pourront aussi rappeler la musique tribale Africaine dans ses moments les plus primitifs.

Le disque est pour son époque et son genre assez fou. Les percussionnistes se déchaînent sur leurs instruments donnant au disque son aspect sauvage et défoulant. Revers de la médaille, ces 40 minutes de percussions qui sont parfois sans accompagnements peuvent finir par fatiguer l’auditeur voire l’abrutir. Par exemple, on peut entendre sur la chanson Simba un mec qui s’amuse à taper sur une putain de cloche et donc nos nerfs. Au contraire quand la guitare prend une place prédominante (au nombre de 3 chansons sur 8 seulement), c’est dans ces moments là que le plaisir devient intense.

Palo Congo est donc un album hautement sympathique, dépaysant, mais qu’on se voit mal écouter à répétition. Ce n’est pas inintéressant, bien au contraire mais on aurait aimé une plus grande diversité dans les chansons qui peuvent se ressembler lorsque Sabu se contente de ne mettre que des percussions.

A contrario des musiciens de jazz qui sortaient 5 disques dans l’année, Sabu était un économe. Peut être conscient que ses albums pouvaient être saoulant à forte dose, le monsieur ne sortira que 3 disques, un par décennie. Et puis à 48 ans, en 1979, il meurt d’un ulcère de l’estomac. Pas drôle et surtout pas de bol (ça c’est de la conclusion où je ne m’y connais pas).


Label : Blue Note
El Cumbanchero et Rhapsodia del Maravilloso en écoute à droite

Mardi 19 février : Beach Fossils - Clash The Truth

Après un premier album remarqué, tout a foutu le camp chez Beach Fossils avec la fuite de John Peña et Zachary Cole Smith partis s’occuper de leurs groupes respectifs (Heavenly Beat et Diiv). Heureusement, cette aventure, c’est avant tout celle de Dustin Payseur maître penseur qui avait conçu ce projet comme un moyen de faire entendre en live ses chansons écrites dans sa chambre.

En cela, Clash The Truth marque un réel désir de montrer une ambition plus grande contrairement au premier disque. Beaucoup moins lo-fi que par le passé Beach Fossils est devenu un vrai groupe studio avec un son clair et puissant. On n’avait pas été franchement convaincu par le premier disque qui reprenait à peu près les mêmes ingrédients que Real Estate sans réussir à retrouver la mélancolie qui transparait dans chaque composition de ses derniers. Qui plus est, on était resté très perplexe par leur mariage des guitares beaucoup moins limpides et émouvantes que la formation du New Jersey. Si l’on retrouve encore cette mauvaise habitude, à savoir essayer de rivaliser avec un des groupes les plus talentueux du moment, Beach Fossils a réussi à dynamiser son jeu et propose ainsi une vision plus étendue de sa musique.

On retrouve parfois dans Clash The Truth une ambiance très New Order grâce à la partie rythmique basse/batterie percutante. C’est dans ces moments là qu’ils nous charment le plus, lorsqu’ils laissent tomber l’ambiance romantique pour montrer une facette plus hargneuse. Cependant, on reste toujours très circonspect face à la popularité de ces derniers et ce n’est pas cet album qui nous fera penser le contraire. Avec ses quatorze titres, Beach Fossils réalise un disque trop long qui nous semble tourner en rond après plusieurs écoutes. Les compositions ont tendances à toutes se ressembler en utilisant souvent la même recette à savoir cette alchimie (supposée) des guitares et la partie rythmique agressive. Cette répétition finit par tuer l’émotion dans l’œuf, le groupe atteignant notre cœur, hélas, qu’à de rares instants.

Clash The Truth est un disque sympa mais ne permet pas au groupe de montrer d’un cran. Ils restent à nos yeux un groupe de seconde zone mais le plus terrible, c’est qu’on n’est pas sûr qu’ils soient capables de faire mieux…

En écoute aujourd’hui, Crashed Out, un des deux tubes présents sur ce disque avec Taking Off. Ce titre possède une urgence et une détresse palpable qui en fait une très belle conclusion à la fois triste et sombre.


Sortie le : 19 février 2013
Label : Captured Tracks
Un titre en écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Autres directions
Mowno
Pinkfrenetik
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Couci couça :
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Contre :
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Semaine 7 : Pissed Jeans - Honeys


L’année dernière on découvrait un trio en provenance du Canada qui avait fait grand bruit avec un premier album de fous furieux. Porté par le prestigieux label Sup Pop, Metz signait un disque jouissif qui leur a permis d’être au devant de la scène du genre Hardcore / Noise rock. Voir ces trois jeunots remporter tous les suffrages semble avoir fait réfléchir nos gars de Pennsylvanie qui, quatre ans après King Of Jeans, reviennent en grande pompe avec Honeys. Parce que le Hardcore c’est pas un truc de bouffeurs de caribou. Parce que porter la barbe et des chemises à carreaux c’est pas suffisant pour être crédible quand il s’agit de tout faire péter. Pissed Jeans, apparu au milieu des années 2000, décide de reprendre leur place de digne héritier de Jesus Lizard.

Bien sûr on n’est pas là pour faire un procès à Metz, surtout qu’on aime beaucoup ce groupe. D’ailleurs, leur premier album et Honeys s’avèrent finalement complémentaires. Là où nos canadiens réussissaient un joli hold-up en enchaînant les bombes instinctives qui vous tenaillez à la première écoute, Pissed Jeans est plus fourbe. Leur quatrième album ressemble à un lendemain de cuite brumeux, les guitares sont brouillonnes et l’ambiance générale se veut lourde et loin de l’urgence de Metz. C’est un peu comme si nos gars d’Allentown avaient déjà tout dis sur le sujet et ne ressentaient plus l’envie ou le besoin de tout faire cracher.

C’est ce qui fait leur point fort comparé à Metz qui pendant 30 minutes non-stop grattait les cordes à toute vitesse jusqu’à l’épuisement, état que l’auditeur finissait par atteindre lui aussi puisqu’il n’avait pas une seconde de répit. Plus équilibré, Honeys varie bien plus les rythmes ce qui nous permet de respirer, de reprendre des forces avant la prochaine salve. C’est là que les années d’expériences parlent. On ressent dans leur musique une réflexion plus poussée que, je bois une bière et je fais cracher mon enceinte jusqu’à saturation. Les genres et les ambiances varient pour notre bien être mental.

Honeys reste cependant un disque exigeant qui vous malmène car très brouillon. Les sons et les rythmes sont hachés, les instruments malmenés et il faudra plusieurs écoutes avant d’adhérer au son lourd et puissant de Pissed Jeans. Ils ont beau tapé comme des beaux diables, au premier abord, leur punk n’est pas toujours percutant et tranche avec la nouvelle génération qui a tendance à chercher l’efficacité.

Au final, Honeys s’impose par son originalité et cette envie de ne pas répéter les mêmes schémas sur les douze compositions. Malgré ses quelques défauts, Pissed Jeans réussit à signer un disque qui impressionne par la puissance qui s’en dégage. Au jeu des comparaisons, si Metz est pour les apprentis amateurs de noise rock, nos anciens sont pour des auditeurs plus confirmés mais pourrait être la passerelle entre ces deux univers.  Moins immédiat, on sent un disque plus propice à la maturité qui pourrait mieux vieillir avec les années. C’est donc un match nul entre les deux formations de Sub Pop mais l’avantage dans la musique c’est qu’on n’a pas forcément de gagnants et que les deux groupes sont avant tout d’une grande complémentarité qu’on préférera à l’un plutôt que l’autre selon notre humeur.


Label : Sub Pop
Sortie physique le : 12 février 2013
5 titres en écoute dans le lecteur à droite
                     
Pour :
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Couci couça :
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Contre :
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Jeudi 14 février : PVT - Homosapien

On a aimé à la folie Pivot avec Make Me Love You et O Soundtrack My Heart, leurs deux premiers albums différents mais qui se retrouvaient dans la volonté de faire taire les voix aux profits des instruments. A l’image des pochettes chaque disque dévoilait une facette des Australiens, lumineuse et contemplative d’un côté, nocturne et fracassante de l’autre. Dès leurs débuts, le groupe avait montré la volonté d’évoluer, de progresser, de toujours rester en mouvement. Il y a trois ans le groupe qui est devenu PVT sortait Church With No MagicRichard Pike s’improvisait (avec les honneurs) chanteur. Malheureusement, cet album voyait aussi le groupe évoluer dans un format plus pop où ils semblaient moins à l’aise quand il était question de privilégier les mélodies efficaces à l’encontre de l’ambiance globale du disque.

Trois ans après, Homosapien voit le jour sous un nouveau label. Bye bye Warp et bonjour les jeunots de Felte Sounds qui ont les honneurs de recevoir un invité de marque dans leurs rangs. Comparé aux changements opérés entre chaque disque, ce dernier n’est pas vraiment une révolution et continue dans la même voie tracée par son prédécesseur si ce n’est qu’elle creuse encore un peu plus l’aspect pop. La voix de Richard Pike est de plus en plus claire et les expérimentations sont moins présentes. Ce qui aurait pu être un désastre total puisqu’ils accentuent ce qu’on n’a pas aimé sur Church With No Magic se révèle finalement un disque honnête.

Ça partait pourtant mal avec la triplette Evolution, Electric et Cold Romance, une trilogie sombre mais un poil daté qui ne donnait pas envie de les prendre au sérieux. Les mélodies quand à elles, ne sont franchement pas convaincantes à l’instar du synthé de Cold Romance qui répète sans cesse le même air relou. C’est véritablement avec Love & Defeat (5ème titre tout de même, on n’est pas loin de la moitié) que PVT prend son envol. Cette basse profonde rappelle l’ambiance nocturne du film Drive tandis que la guitare plaintive qui vient se rajouter est du plus bel effet. Malgré quelques baisses de régimes (Vertigoà ZzzZzz) PVT conclut son disque avec ses deux chansons les plus convaincantes qui sont le langoureux New Morning et le punchy Casual Success, histoire de finir en beauté.

Cependant, une fois l’écoute du disque terminé, on reste sur une note mitigée. Si Homosapien est plutôt agréable en fond sonore, il ne faut pas trop s’attarder dessus au risque de s’emmerder ferme par moments. Quelques coups d’éclats subsistent mais on n’est toujours pas convaincu par le format pop qu’ils ont adopté depuis 2 ans. Ce disque bien qu’un cran au dessus du précédent est encore loin des émotions intenses que provoquent en nous leurs débuts. La réponse pourrait être aussi plus simple mais aussi plus triste, on peut voir dans ce changement de style chez PVT une façon de mieux cacher un instant de grâce révolue depuis belle lurette. Mais on n’espère pas parce que ce serait vraiment trop triste hein.

En écoute aujourd'hui, Casual Success, où le groupe vire presque disco punk avec cette basse grasse et ces cloches qui vous donnent irrémédiablement envie de dandiner vos fesses.


Sortie le : 12 février 2013
Label : Felte
Un titre en écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Ivox
Mowno
Autres directions
Mus(g)eek
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Couci couça :
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Contre :
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#0010 : Thelonious Monk - Brilliant Corners


Si Count Basie nous avait donné un aperçu, Thelonious Monk met les deux pieds dans le plat avec Brilliant Corners que l’on peut qualifier de musique jazz intellectuelle. Ce disque n’est pas, à contrario des deux premiers albums jazz chroniqué, vraiment taillé pour la scène mais a été avant tout pensé pour l’enregistrement studio.

J’ai compté, si je fais 40 chroniques par an du livre 1001 albums. J’aurai fini dans 25 ans (mais oui ce projet va arriver à terme, j’y crois à mort) mais c’était sans compter sur des disques comme Brilliant Corners qui viennent compliquer la tâche. Non, la semaine dernière il n’y a pas eu de critiques de la rubrique 1001 albums tout simplement parce que je ne me sentais pas très chaud à l’idée d’attaquer cette œuvre. J’étais incapable de savoir si j’aimais ou pas, incapable finalement de cerner la musique de Monk.

Ce qui me rassure c’est que je ne suis pas le seul puisque qu’il a fallu beaucoup de temps aux musiciens pour enregistrer ce disque, incapable de jouer les morceaux tels qu’ils avaient été pensés. Bien sûr, Thelonious Monk ne pigeait pas trop pourquoi ses camarades galéraient comme pas possible puisque les enchaînements lui paraissaient le plus naturel du monde alors que ses compositions sont tout ce qu’il y a de plus complexe.

C’est peut être là le point fort mais peut être aussi l’aspect le plus rebutant du jazz. Chaque écoute apporte quelque chose de nouveau, on comprend un peu mieux le cheminement de la composition au fil du temps avant d’oublier l’heure d’après. Brilliant Corners est insaisissable et nous file entre les doigts. Par trop de complexité, on finit par abandonner le fonctionnement de l’œuvre pour se laisser guider par la musique.

Sauf que la musique du célèbre pianiste nous laisse sur notre faim ou plutôt, on reste insensible à son style que ce soit sur le sensible et délicat Pannonica dédié à son amie de longue date Pannonica de Koenigswarter (va prononcer ça) ou sur Brilliant Corners titre quasi légendaire pour sa complexité qui n’apporte pas une quelconque excitation. Les autres albums jazz avaient l’avantage d’être dédiés au live, on ressentait cette énergie et cette effervescence qui animait le groupe. Ici, on se laisse bercer par la fausse improvisation de ce big band talentueux.

Brilliant Corners laisse un vide et nous laisse la désagréable impression de passer complètement à côté. Pourtant il faut reconnaître que ce disque n’est pas du tout désagréable, au contraire. Cette complexité permet au disque cette sensation d’avoir quelque part la chance d’être écouté éternellement pour la première fois, une particularité trop rare dans la musique.


Label : Riverside
Brilliant Corners et Pannonica en écoute à droite

Mardi 12 février : Foals - Holy Fire

Après un coup de je t’aime (Antidotes), l’histoire d’amour avec Foals avait vite tourné à la bluette sans importance (Total Life Forever). En l’espace de 2 ans, les 5 jeunes Anglais étaient tombés dans le moule d’un rock Anglais sans identité où seul Wild Beasts arrive encore à tirer son épingle du jeu. Le groupe se transformait en un banal groupe de pop sensible et délaissait le math rock frénétique des débuts.
                                                
Cependant, tout n’était pas pourri au royaume des Foals et le groupe était encore capable de pondre quelques pépites comme le très beau Spanish Sahara et son envolée électronique. Bien que leur aspect «pop lisse» nous plaisait par moments, on espérait au fond de nous que Holy Fire allait rectifier le tir et signer les retrouvailles avec nos jeunes poulains fous. Pif paf pouf, Holy Fire creuse encore un peu plus le fossé.

Pourtant on pouvait y croire, le groupe annonçait un album  plus incisif avec des guitares tranchantes, on s’attendait à retrouver une once de furie et de folie dans le groupe mais pas du tout. Une fois passé les trois premiers titres, le groupe s’éteint et sert une pop molle sans énergie et sans envie. Il suffit d’entendre la voix de Yannis Philippakis dont le chant ne cesse de ressembler de plus en plus à une longue plainte fatiguée pour comprendre l’état de Foals qui est déplorable.

Le plus naze dans l’histoire reste le niveau des mélodies plus pauvres que Cosette. Sur Holy Fire, la basse tient une place centrale mais il est dommage de voir que ses lignes soient aussi peu inspirées (Out Of The Woods). Pour pallier à ce problème les Anglais cachent la misère avec une multitude de gimmicks supposées cools mais sans intérêts.

Le groupe qui avait mis un point d’orgue à ne pas faire la même chose entre Antidotes et Total Life Forever ne s’est pas pris la tête cette fois ci. On retrouve la recette du précèdent mais en plus poli sûrement afin d’atteindre un plus large public. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre des refrains taillés pour les stades qui ressemblent à du mauvais Coldplay tel que Bad Habit, un sommet de branlitude. On pourrait être content lorsqu’on arrive dans la dernière ligne droite malheureusement, les deux derniers morceaux sont sûrement leurs pires compositions, Foals ayant confondu niaiserie et beauté.

Il y a tout de même quelques chansons à sauver et on peut toujours compter sur eux pour nous pondre un single excitant. Hormis ce détail, Foals a clairement choisit de prendre une direction plus grand public, sûrement convaincus par un sombre crétin qu’ils avaient le potentiel pour devenir le nouveau chouchou des Anglais. Doucement mais sûrement, ce groupe atteint des sommets de nullités.

En écoute aujourd’hui, My Number, un titre funky cool et dansant qui renoue avec l’énergie d’Antidotes sans renier l’ambiance de Total Life Forever.


Sortie le 11 février 2013
Label : Transgressive Records
Un titre en écoute à droite

Pour :
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Couci couça :
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Contre :
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Semaine 6 : My Bloody Valentine - m b v


Finalement, il aura fallu attendre 21 ans (et quelques mois) pour entendre le successeur de Loveless et mettre fin à une des plus longues arlésiennes de l’histoire du rock. Pour bien comprendre, il faut remonter en 1991 lorsque sort Loveless, un classique instantané qui créer un genre à part, le shoegaze. Kevin Shields et sa bande écrivent un chef d’œuvre, un disque incontournable dans l’histoire du rock, un disque parfait, intemporel (ouai, là c’est le moment de sortir les superlatifs en fait). Auréolé de ce succès, le groupe signe un gros chèque avec Island Records et engloutissent la totalité de leur argent dans un studio inutilisable. C’est donc en 1993 que les merdes commencent. S’ajoute à cela la pression que subit Kevin Shields face au succès critique de Loveless, la tête pensante va devenir incapable de boucler ce troisième disque qui va petit à petit se faire oublier. Avec les années, My Bloody Valentine ne va devenir plus qu’un souvenir d’adolescence, chacun se consacrant à un nouveau projet et Kevin Shields se contentant d’aider d’autres artistes à la production ou à l’écriture.

C’est en 2007 que le web, apparu entre temps, s’excite après que Kevin Shields annonce le retour de My Bloody Valentine sur scène. Dans la foulée, il précise que le troisième album enregistré en 1996 est au 3/4 terminé. Et ouai, le mec il balance ça trankilou comme s’il bossait sur ce disque depuis 10 ans et qu’il avançait à son rythme. Mais cette excitation va être de courte durée puisque ce nouvel album va être sans cesse repoussé, retardé avec de nombreuses excuses à la clé. Et puis la semaine dernière, dans la nuit du 2 février, le mec vend le disque sur sa page. Bien sûr, personne n’a encore écouté la bête que c’est déjà un succès commercial. Le site plante, le manager annonce 30 000 disques vendus dont 15 000 vinyles en 24h (ce qui le fait déjà rentrer dans le top des ventes vinyles de 2011) et c’est tout naturellement dimanche la bouche encore pâteuse que l’on découvre la bête de 20 ans d’âge.

Les premières écoutes s’avèrent clairement décevantes, disons qu’après tant d’années on pensait tomber sur un disque un peu plus fou ou tout simplement avec de meilleures mélodies parce que bon, au début, c’est pas la folie du tout. Dans son ensemble le disque laisse entrevoir derrière ses épaisses couches de guitares distordues une dream pop vaporeuse un peu molle. Au jeu des comparaisons, m b v se révèle beaucoup moins percutant que Loveless, disque de toute façon insurpassable puisque parfait (on se répète mais bon c’est important de comprendre que pour un mec qui s’appelle Kevin c’est déjà bien d’avoir fait un truc qui restera dans l’histoire). Passé les trois premières écoutes, on a l’impression d’avoir écouté un truc très brouillon et amorphe. m b v, c’est un peu comme votre vieil oncle super sympa à l’époque mais qui était devenu aussi fun qu’une poignée de porte depuis qu’il s’était pris un train en pleine tête. On commence à se demander si on se serait pas un peu foutu de notre gueule au vu des critiques (en une journée la moitié de la population avait déjà son avis quand même hein) qui s’étaient pas mal excitées sur un truc qui faisait beaucoup de bruit pour rien. Avions-nous là la fameuse madeleine de Shields qui leur rappelait leur jeunesse qui fout le camp? La réponse est non car m b v, loin d’être le disque parfait, propose quelque chose de nouveau et réussi en étonnant l’auditeur.
La grande force est là, 22 ans ont coulé sous les ponts et des sosies de My Bloody Valentine, on en a connu beaucoup entre temps. Pourtant, m b v écrit un disque shoegaze qui détonne comparé à ses enfants. Si ce genre qu’ils ont inventé a souvent était associé au rock, My Bloody Valentine en vient parfois à la dream pop nébuleuse. Les guitares deviennent claires et léthargiques, elles tentent de se frayer un chemin à travers le mur sonore des basses et des effets toujours plus nombreux. Quand déboule Is This And Yes, titre apaisé où Bilinda Butcher (qui est la seule à avoir bien vieillie, elle s’est même embellie tiens) pose sa voix aiguë sur un synthé façon orgue, on n’est presque pas étonné tant la chanson cadre avec l’ambiance générale de l’album. Si différent et pourtant m b v aurait pu sortir en 1996 que cela n’aurait choqué personne, comme Loveless aurait pu lui, sortir cette année. m b v tout comme son prédécesseur possède cette intemporalité, souvent la marque des grands disques.

Enfin ça c’est pour les deux premiers tiers qui sont certes hautement recommandables mais qui vont être vite oubliés par la triplette déjà culte. Globalement, si les 6 premiers titres sont une rétrospective de tout ce que peut être le shoegazing (du poppy New You au plus rugueux Who Sees You) sans répéter ce qui a déjà été fait sur Loveless, In Another Way, Nothing Is et Wonder 2 qui clôturent l’album tentent de voir au-delà. In Another Way est quasiment le premier titre qui envoie le bois. Les guitares agressives sont dominées par ce synthétiseur sorti des années 90 aux airs rêveurs. L’alliance entre les deux instruments qui pourtant s’opposent donne un ton psychédélique à ce titre qui pourrait rappeler un 1979 des Smashing Pumpkins en beaucoup plus bruitiste. Ensuite, débarque Nothing Is, un titre instrumental et expérimental là encore bourrin où les guitares électriques deviennent une véritable machine de guerre qui répète en boucle les trois mêmes notes durant toute la chanson. Le son ne cesse de s’amplifier comme si les couches se rajoutaient les unes aux autres mais la guitare devient de plus en plus précise. Nothing Is est un rouleau compresseur qui grille vos derniers neurones mais terriblement jouissif. Enfin, Wonder 2 est sans conteste le morceau le plus étonnant avec ces moteurs à réaction passé à l’envers puis  à l’endroit. Ces trouvailles sonores donnent à la chanson tout son aspect dissonant. Il est amusant d’avoir autant de plaisir à l’écoute d’un titre où rien ne semble être en harmonie et pourtant on est tout de même fasciné par les sons crées par Kevin Shields.

On regrette que le reste du disque ne soit pas à l’image de ces trois dernières chansons où l’on découvre un My Bloody Valentine qui va réellement de l’avant. On regrette que ce disque soit trop  nébuleux et trop avare en mélodies malgré le son démentiel qui s’en échappe. Malgré ses failles, My Bloody Valentine continue de captiver les foules et m b v vient s’ajouter à une discographie exemplaire qui clôt une trilogie brillante. A défaut d’être un chef d’œuvre, cet album pourrait ouvrir les portes d’un horizon nouveau entrevu dans ces trois derniers morceaux mais ça, il faudra attendre encore un bon moment avant de connaitre la fin de l’histoire.


Label : Pickpocket
Sortie digitale le : 2 février 2013
Sortie physique le : 22 février 2013
5 titres en écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Bon pour les oreilles (que je rejoins pas mal excepté sur la comparaison Loveless 2.0 pour les six premiers titres, mais si t'as rien compris à ma chronique jette un oeil à la sienne)
Les critiques musicales
Dum Dum
Mille Feuilles
Goûte mes disques
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Couci couça :
La musique à papa
Indie Rock Mag
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Contre :
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Jeudi 7 février : Veronica Falls - Waiting For Something To Happen

Depuis 2010, la twee pop connait un regain d’intérêt représentée par des groupes talentueux comme Real Estate ou The Pains Of Being At Heart. Vous savez la twee, c’est la musique préférée des adultes qui ont toujours 15 ans dans leurs cœurs, qui aiment la pop ensoleillée et un peu enfantine. Beaucoup de groupes ont eu leur heure de gloire. Tapis dans l’ombre, ces quatre jeunes venant de tous les horizons (il y a même une française) mériteraient assurément d’avoir la leur.

Le groupe composé de deux garçons et deux filles ont eu la lourde tâche de donner suite à un premier album très réussi grâce à une efficacité exemplaire quand il s’agissait d’écrire des chansons aux refrains accrocheurs. Heureusement, Waiting For Something To Happen n’a pas à rougir de son prédécesseur puisque Veronica Falls n’a pas perdu de sa superbe en cours de route.

Par contre, ils ont perdu l’ambiance sombre pour mieux accentuer les harmonies vocales et le balai de guitare incessant qu’ils nous offrent ici. C’est là qu’on trouve une grande partie de leur charme. Chaque composition permet au groupe de s’amuser à entrelacer les voix de Roxanne Clifford (la lead singer) et Patrick Doyle qui ne cessent de se répondre ou de chanter à l’unisson. Il en va de même pour les guitares limpides et lumineuses qui se complètent toujours à merveille on ne sait par quel miracle.

Moins fracassant, Waiting For Something To Happen est aussi un disque plus apaisé et moins hargneux qui révèle un goût pour les mélodies légères. A bien y regarder, ces 13 chansons sont un peu la bande sonore de ceux qui vivent une jeunesse éternelle, insouciante et rêveuse. Bien sûr Veronica Falls n’invente rien et n’a pas écrit le disque parfait mais ils aident à redorer le blason d’une indie pop qui était tombée en désuétude il y a quelques années et quand c’est aussi bien fait on en redemande.

En écoute aujourd’hui, Broken Toy, un choix méga difficile tant l’album est homogène mais qui représente plutôt bien le groupe.


Sortie le : 04 février 2013
Label : Bella Union
Un titre en écoute dans le lecteur à droite

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Contre :
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Semaine 5 : Ducktails - The Flower Lane


Retrouver Ducktails en album de la semaine n’est pas vraiment une surprise tant on aime l’homme derrière ce projet. Au commande du groupe il y a Matthew Mondanile qui s’est lancé dans cette aventure en 2008 mais ce n’est qu’un  an plus tard qu’on fera sa connaissance avec son side-project qui va très vite dépasser son bébé, les désormais incontournables Real Estate. Dès leur premier album on a été, il faut le dire, sur le cul avec leur pop mélancolique et ensoleillée aux harmonies enchanteresses. Du coup, 3ème meilleur disque en 2009 et 4ème en 2011 pour leur deuxième et dernier album en date. Ouai on est bien fan et pourtant, on ne s’était jamais trop attardé sur Ducktails excepté quelques écoutes inattentives de III: Arcade Dynamics qui ne nous avait pas laissé de souvenirs impérissables.

The Flower Lane son cinquième album studio est l’occasion de réparer cette erreur d’autant plus qu’il rejoint la grande maison Domino, promesse d’un disque plus ambitieux et plus propre. Forcément lorsqu’on est reçu sur un si gros label, l’heure à la déconnade est révolue et ça s’entend dès la première écoute. Matthew Mondanile a décidément mis les petits plats dans les grands en s’associant avec une pléthore d’invités. On retrouve ainsi Daniel Lopatin (Oneohtrix Point Never, Ford & Lopatin) aux synthés, Joel Ford (Ford & Lopatin) à la basse, Madeline Follin (Cults)  et Jessa Farkas (Future Shuttle) qui font une apparition derrière le micro, Sam Mehran à la guitare (ex-Test Icicles) et le groupe Big Troubles en backing band. Bref, le mec s’est fait plaisir et si tous ces invités auraient pu nous filer une indigestion, il faut savoir qu’ici tout est très bien élaboré afin de nous livrer un disque réussi et grisant de bout en bout.
Ce qu’on aime dans The Flower Lane, c’est de retrouver toutes les inspirations et tout son amour pour un large éventail de la pop des années 80 parfaitement assimilées ici. De Peter Gutteridge (dont il fait une reprise) à Prefab Sprout en passant par Orange Juice, le garçon fait le grand écart sans tomber dans le piège de l’hommage trop évident. Rien de plus agaçant qu’un album qui rappelle tel groupe sur telle chanson, puis machin et ainsi de suite… Ici, le petit malin ne cesse de brasser ses influences qui se retrouvent toutes sur chaque chanson. Au lieu de faire tour à tour un pastiche de chaque artiste qu’il a chéri dans sa jeunesse, il a préféré piocher des idées ici et là pour livrer au final 10 compositions détonantes, cohérentes et originales. Plus qu’un hommage à ces groupes, Il rend hommage à une époque sans jamais tomber dans la copie conforme.

Ce qui pourrait être presque un exercice de style n’en est rien, on est face à un artiste qui a parfaitement appris sa leçon et qui la récite non sans passion et en apportant sa touche personnelle. The Flower Lane aurait pu ressembler à un délire rétro voire ringard mais c’est sans compter sur le génie de Matthew Mondanile qui vient jouer dans la même cour que ses amis contemporains de Destroyer ou Ariel Pink. Il insuffle a ses compostions ensoleillées des saxophones et des guitares 80’s du plus bel effet. Cerise sur le gâteau, Real Estate a finit par dépeindre sur lui lorsqu’on écoute l’ouverture Ivy Covered House qui possède ce même amour pour le mariage des guitares, des mélodies émouvantes, nostalgiques et estivales à laquelle il faut rajouter toutes les références citées plus haut.

Au-delà de ses modèles, Matthew Mondanile confirme ce talent pour écrire de jolies mélodies pop qui font mouche à chaque fois. Il n’y a rien pas grand-chose à jeter même si les compositions se révèlent un ton en dessous des grands dieux suprêmes que sont Real Estate. Avec The Flower Lane, il démontre surtout qu’il faut compter sur son projet solo et qu’il est lui aussi capable de sortir de (très) bons disques à défaut d’être grands.



Label : Domino
Sortie le : 29 janvier 2013
5 titres en écoute dans le lecteur à droite

Pour :
SWQW
Anti léthargique
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Des chips et du rosé
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Vendredi 1 février : Indians - Somewhere Else

Ce qui est bien avec 4AD, c’est qu’il suffit de voir ce nom pour faire confiance au label pour nous dénicher au minimum un artiste sympa qui nous fera passer d’agréables moments. On n’y coupe pas avec leur dernière signature, le Danois Søren Løkke Juul qui officie sous le nom de Indians. Pour son premier album, le blondinet évolue entre dream pop et folk fragile avec le paysage nordique en toile de fond.

Amoureux des synthés, Juul en garnit Somewhere Else. Guitare ou piano, les nappes sont toujours là sans jamais tomber dans le mauvais goût ou dans le ringard malgré les sonorités pop 80’s qui se font ressentir par moments. Finalement, ce premier disque est le mariage réussi entre la folk d’aujourd’hui et la pop d’il y a 30 ans. On l’a beaucoup comparé à Bon Iver, on retrouve en effet chez ces deux artistes cette peinture d’une nature glaciale accentuée par une voix pleine de reverb’ qui fait l’effet d’une brise nordique figeant notre visage un instant. Il y a aussi cette ambiance intimiste commune capable de belles envolées avec peu de moyens, mais c’est surtout chez Talk Talk que l’on retrouve ce même goût pour les arrangements minimalistes et les ambiances calfeutrées.

Bon, y a pas de quoi sauter au plafond non plus, comme il a été dit plus haut, 4AD est capable de dénicher au minimum un artiste sympa, ça tombe bien on est à la limite. Somewhere Else est un chouette disque mais pas franchement mémorable. Il n’y a pas vraiment d’émotions qui en ressortent, on reconnait juste un travail léché pas franchement original mais pas entendu mille fois non plus. Certains trouveront sûrement dans Indians de quoi assouvir leur amour pour la pop nordique, ici, on aura surtout passé un agréable moment en sa présence mais ça s’arrête là. Indians c’est un peu ce mec rencontré lors d’une soirée avec qui on accroche bien mais qu’on a déjà oublié le lendemain. Peut être le croiserons nous à nouveau un jour, un peu par hasard, on s’en souviendra comme de ce mec cool et alors peut être un véritable lien se créera lors de ces retrouvailles. En attendant on est déjà passé à autre chose.

En écoute aujourd’hui, Melt, titre sentimental au piano qui fait vachement années 80 dans son style non? En tout cas c’est trop pouce.


Sortie le : 28 janvier 2013
Label : 4AD
Un titre en écoute dans le lecteur à droite

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