Lundi 15 novembre : Nightlands - God What Have I

Encore un ! C’est vrai quoi, des groupes comme Nightlands on a parfois l’impression d’en bouffer tous les jours. Depuis l’avènement d’Animal Collective et de Grizzly Bear, groupes qui donnent une grande importance à leurs chants, des ersatz on en a connu une pelletée avec parfois quelques bonnes surprise comme Fleet Foxes il y a deux ans qui donnaient envie d’émigrer dans les Pyrénées pour s’improviser berger. Nightlands s’inscrit donc exactement dans cette veine vous savez à quoi vous tenir. Derrière ce nom se cache en fait Dave Hartley, bassiste et guitariste de The War On Drugs (le groupe de Kurt Vile) dont les deux projets n’ont rien de vraiment comparable.

Ici, on évolue dans un son harmonieux où les instruments ont un écho surdéveloppé donnant l’impression que le disque a été enregistré dans une cathédrale tant le son résonne. D’entrée, Hartley en impose avec son orgue résonnant comme jamais. Se contentant de répéter inlassablement les deux mêmes accords, le musicien construit alors peu à peu un morceau aux allures tribales. Ce côté primaire, on le retrouvera ici et là dans des rythmiques atypiques ou des chœurs se répondant tour à tour. Dans la première moitié du disque, Nightlands émerveille dans cette capacité à créer des collages de toutes sortent qui peuvent paraitre à la fois brouillonnes et clairvoyantes jusqu’au limpide Till I Die reprise des Beach Boys exécuté d’une main de maitre, révélant finalement sa principale inspiration.

La seconde partie du disque enchante cependant un peu moins où l’on découvre un Dave Hartley plus intimiste. Si l’arpège de A Walk In Cheong, 1969 donne une impression de transition très agréable, gardant à l’esprit ce folk inspiré par celui des 70’s que l’on retrouve tout au long de l’album, la partie plus contemplative à tendance à durer oubliant au passage la confiance dont il faisait preuve au début ainsi que les mélodies pop/folk qui faisaient mouches. Sans faire de faux pas, le disque accuse un petit coup de mou à la fin faute à un disque trop déséquilibré donnant tout au début et nous laissant les restes pour les 3 derniers titres. Cependant, Nightlands reste une agréable surprise et aurait tendance à se poser comme un cousin de la scène énoncé aux débuts plutôt qu’un vulgaire ersatz, et pour un premier album c’est déjà beaucoup.

En écoute aujourd’hui, God What Have I, le morceau le plus réussi mais aussi le moins personnel où l’on reconnaitra sans peine (c'est partit pour un coup de name-dropping...) Bon Iver, Local Natives et Animal Collective pour un titre rêveur gagnant en ampleur au fil des minutes.

PS : Vous pouvez acheter l'album en version digital pour 5$ (ou plus) soit un peu moins de 4€ ici



Extrait de l'album : Forget The Mantra
sortie le : 9 novembre 2010
Label : Secretly Canadian
Bandcamp (album en écoute)
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Samedi 13 novembre : A Sunny Day In Glasgow - Drink Drank Drunk

Cette année, noël est arrivé plus tôt que prévu, le 19 octobre, A Sunny Day In Glasgow donnait leur troisième disque gratuitement (à télécharger ici). Depuis leurs débuts je suis ce groupe qui ne m’avait enchanté que moyennement avec le brouillon mais prometteur Scribble Mural Comic Journal, la consécration n’étant venu que par la suite avec Ashes Grammar un grand album de Dream Pop plutôt exigeant mais très jouissif au fils des écoutes. Leur dernier disque, Autumn, Again, est la suite logique du précédent. Rien d’étonnant là dedans puisque, les chansons ont été enregistrés au même moment mais ont été finalement écartés. Ce genre de disques est la plupart du temps assez casse gueule dans le sens où l’on se retrouve parfois avec un disque sans queue ni tête et des chansons sans intérêts puisque ce sont finalement ni plus ni moins des fonds de tiroir.

Le fait qu’il soit gratuit n’avait rien de rassurant aussi, on aurait put penser qu’ils avaient au moins l’honnêteté de ne pas essayer de nous revendre un album pourri qui aurait suffit à justifier une tournée et la vente de quelques tee-shirts à une poignée de fans (Quoique les fans de A Sunny Day In Glasgow ne doivent pas être très nombreux)… Finalement, Autumn, Again est une très bonne surprise. Surpris parce que c’est ce qu’ils ont fait de plus commercial. Beaucoup plus pop et accrocheur ils auraient sans doute eu peu de mal à revendre au moins autant que leur précédent disque. Plus commercial reste tout de même un bien grand mot pour le groupe de Philadelphie qui se complait toujours dans cette atmosphère vaporeuse et trouble où l’évidence des mélodies côtoient des bizarreries sonores.

A Sunny Day In Glasgow fait encore un sans faute avec ce nouvel album qui tranche avec le précédent par sa durée puisque l’on passe de plus d’une heure à trente minutes, mais qu’importe, Autumn, Again est un excellent disque pop qui plus est gratuit dont il serait dommage de s’en priver.

En écoute aujourd’hui, Drink Drank Drunk qui à part faire réviser le verbe irrégulier, montre le versant le plus radiophonique du groupe et démontre à quel point, au-delà des effets innombrables, la pureté de leurs mélodies.



Extrait de l'album : Autumn, Again
sortie le : 19 octobre 2010
Label : -
Myspace
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Mercredi 10 novembre : Kanye West - Runaway

Dans les albums les plus attendus de cette année il y a bien sûr My Beautiful Dark Twisted Fantasy, le nouvel album de Kanye West prévu pour le 22 novembre. Attendu parce que depuis un moment le monsieur nous titille avec ses GOOD FRIDAYS, collection de titres livrés en pâture chaque vendredi aux auditeurs affamés. Et il faut bien l’avouer, il n’y a pas grand-chose à jeter. Rien même. Si on rajoute à ça que dans ces fameuses sessions on retrouve quelques titres qui seront présent sur son futur album dont le gigantesque Monster et les deux singles remarquables en tout point (Runaway et Power), on obtient un sérieux concurrent au titre d’album de l’année. Déçu par ses deux précédents disques (Graduation sûrement son plus mauvais album et 808’s Heartbreak utilisant à outrance l’auto-tune jusqu’à l’écœurement), je retrouve ce qui m’avait plu dans ses débuts, des compositions qui ne laissent rien au hasard, de l’ambition et de l’audace.De l’ambition et de l’audace, il n’en manque pas, la preuve avec ce moyen métrage, élu par moi-même meilleur teasing pour un disque depuis que la musique existe. Si l’on reconnait bien là toute la mégalomanie qui caractérise bien le personnage, on ne peut que se prosterner devant le fait accompli. C’est beau et plein d’idées dans la réalisation notamment dans l’utilisation des couleurs. Tout ça donné gratuitement et surtout réalisé par Kanye West lui-même. Un grand bravo pour cet artiste qui s’est toujours remis en question depuis ses débuts. Garder le 22 novembre en tête, car on risque de connaitre le meilleur album rap de l’année.





Réalisé par Kanye West
Myspace

Mardi 9 novembre : Beach Fossils - Daydream

Ca y est on se caille les miches, l’hiver est bel et bien présent et n’hésite pas à nous le faire savoir à grand renfort de bourrasques et de pluies glaciales. Musicalement, l’hiver c’est aussi la fin d’une année qui comme à son habitude livre chaque semaine de moins en moins d’albums. La vie est tout de même bien faite pour les blogueurs laissant le temps pour nous de commencer nos tops ou autres joyeusetés pour ceux qui ne sont pas fans de ces classements stériles. Certes, il y a encore énormément de disques qui vont sortir (Panda Bear, Kanye West …) mais ayant loupé pas mal de d’albums cette année j’ai décidé d’arrêter plus tôt que prévu pour me plonger dans des CDs sortis depuis janvier et dégotter les perles rares que j’ai certainement loupé.

Bref c’est l’hiver et ça tombe bien on va parler de Beach Fossils tout droit sortis de Brooklyn vivement conseillé par un ami qui a su me le vendre aussi bien qu’un Steve Jobs quand il s’agit de refourguer ses cochonneries de pommes excessivement chères. Une argumentation qui tient en 5 mots aura suffit à me lancer dans ce premier disque : « le Real Estate de 2010 », bam. Parce que le Real Estate de 2009, le vrai l’original m’avait donné un bon coup sur la tête. Avec Beach Fossils, j’espérais donc retrouver ces chansons pop teintées de surf, de cet étrange mélange de mélancolie de beauté et de sérénité mais la promesse n’a finalement pas été à la hauteur de mes attentes.

La comparaison est pourtant juste puisque le style des deux groupes est assez similaire que ce soit dans le son très Lo-fi ou dans le jeu des guitares se ressemblant beaucoup. La saveur des compositions n’est cependant pas la même. En commun, on retrouve cette sérénité car Beach Fossils fait lui aussi dans les mélodies sucrées. Ce n’est pas calme, ce n’est pas bourrin, ça bouge, sans remuer l’arrière train. En conclusion, on peut dire que ce premier effort est à la cool. Un disque qui s’écoute posé, tranquillement, dans un transat, un mojito à la main, en tapotant du pied le sable chaud. Le quatuor démontre le plus souvent leur capacité à écrire des mélodies bien troussées tel que l’entêtant Youth, et parfois, mais c’est beaucoup plus rare, à accuser une petite baisse de régime qui fait que les titres passent dans une oreille pour ressortir directement de l’autre.

Leur album est bon mais il leur manque contrairement à Real Estate une âme (le baratin sur la mélancolie, la beauté, la sérénité tout ça…) qui permettrait de rester attentif tout du long de l’album ce qui n’est malheureusement pas le cas une fois passé le très beau Window View.

En écoute aujourd’hui, Daydream, qui ne laisse entrevoir que les qualités de ce groupe prometteur dont on attend déjà la suite pour savoir si l’on jettera ou non les New-Yorkais aux oubliettes ce dont l’on doute fort parce que mine de rien c’est quand même bien chiadé !



Extrait de l'album : Beach Fossils
sortie le : 24 aout 2010
Label : Captured Tracks
Myspace
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Pour :
Hartzine
Branche ton sonotone
Kill Me Sarah
En 100 mots
La musique à papa
Little Reviews

Contre :
...

Mercredi 3 novembre : N.E.R.D. - God Bless Us All

Disons le tout de suite, Nothing, le nouvel album de N.E.R.D. (pour No-one Ever Really Dies) ne faisait pas partie de ma top-list de la semaine, mais bon à défaut de « trouver » ce que je voulais, leur quatrième album a finit par arriver dans mon ordinateur… Parce que N.E.R.D. qui comprend le duo Neptunes producteurs à la chaine de nombreuses chansons ayant fait date dans la dernière décennie (Hollaback Girl, Milkshake, Drop It Like It’s Hot, Rock Your Body, Grindin…) n’a jamais été capable de réaliser l’exploit sur leurs propres albums excepté sur In Search Of… premier album qui mélangeait habilement les genres.

Alors même qu’ils étaient les plus courtisés, Fly Or Die ressemblait à un R’N’B à la sauce rock ringarde et vulgaire tandis que Seeing Sounds alors déjà sur la pente descendante en matière de popularité était juste vulgaire. Ha si, lourd aussi. Si tout commence mal avec Party People brassant inutilement du vent en compagnie de T.I., les trois amis se rattrapent vite avec le suave et sensuel Hypnotize U produit par Daft Punk (Hé ouai). Sans en faire des tonnes ce qui faisaient défauts dans leur deux précédents disques, N.E.R.D. a réapprit à être plus juste et finalement plus sobre sans laisser tomber une instrumentation et une production conséquente. I've Seen The Light / Inside Of Clouds peut par exemple en témoigner avec ses claps et ses cuivres chauds claquant à nos oreilles doucereusement.

Finalement, Nothing n’est pas si vide, loin de là puisqu’il nous réconcilie enfin avec ce talentueux trio. Bien qu’ils s’égarent par moment le temps de quelques titres pas forcément utile, ce quatrième opus est bon et se permet même un grand titre en écoute aujourd’hui.

God Bless Us All donc, un habile mélange entre la puissance des couplets convoquant une rythmique Hip Hop et des cuivres agressifs dans la veine de Clipse, et la beauté du refrain dans un esprit beaucoup plus soul où le chant (pas vraiment leur point fort) devient comme par magie divin.



Extrait de l'album : Nothing
sortie le : 02 novembre 2010
Label : Star Trak
Myspace
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Mardi 2 novembre : Brian Eno - Paleosonic

Après un arrêt obligatoire suite à un pc (oui je dis bien pc) qui avait décidé de ne plus marcher me revoilà avec dans les oreilles le nouvel album de Brian Eno qui lui ne doit pas connaitre de problèmes de PC. Le mec… (Transition à la con bonjour). Small Craft On A Milk Sea est donc la suite directe du pas top Another Day On Earth sortit il y a déjà 5 ans. Entre temps on aura eu le droit à de multiples rééditions, raretés comme on est en droit de s’attendre face à un artiste aussi réputé. Surtout il y aura eu une collaboration avec son poto David Byrne il y a deux ans dont quelques écoutes ne seraient pas volées pour ce disque charmant comme tout. Bien sûr, on n’est pas là pour ressortir toute la discographie assez dantesque de Brian où l’on peut compter 25 albums solos sur wikipedia depuis 1974 sans compter tous les albums où il a collaboré et tout ce qu’il a produit pour le meilleur (Talking Heads) et pour le pire (U2 2.0).

Pourtant, toutes ces années n’auront pas suffit à ce personnage pour épuiser son inspiration. D’ailleurs, pour son grand retour, Brian Eno a mis les petits plats dans les grands. Epaulé par Leo Abrahams (inconnu) et surtout Jon Hopkinsauteur d’un formidable Insides l’année dernière. Signé chez le très renommé et pas moins excellent label Warp, Brian Eno avait tout pour faire un disque fracassant. Oui, mais non. Oui parce que l’on ressent le travail accompli avec des titres accrocheurs et percutants aussi plaisants qu’excitants et non, pour des raisons bien plus nombreuses.

Tout d’abord, il y a la construction du disque : bancal comme pas possible. Une entrée douce, un milieu de disque violent et une fin très atmosphérique, très expérimentale et très lente surtout, de quoi faire sombrer n’importe qui dans un ennui profond. Une fin surtout qui représente quasiment la moitié du disque puisque les chansons qui ne font pas la dentelle sont au final assez courtes. Small Craft On A Milk Sea est finalement un disque très exigeant ou les longues plages ambiantes me laissent totalement de marbre. A l’image de Late Anthropocene qui connait très peu de variations durant les huit minutes qui viennent clôturer ce disque laissant un goût amer.

Je ne doute pas que certains y trouveront leur compte (enfin ils seront peu quand même) mais suite au teasing fait par cet artisan en matière d’électronique qui nous faisait découvrir tour à tour Horse et 2 Forms Of Anger, deux grandes réussites qui peuvent vaguement rappeler le travail effectué par Flying Lotus. Excepté quelques titres remplissant leur objectif, c'est-à-dire poser une ambiance en dévoilant une once de beauté (Small Craft On A Milk Sea ou Emerald And Stone), les titres « lents » sont rares à produire cet effet. Dommage car à trop vouloir jouer les avants gardes on en perd parfois l’essentiel : les mélodies.

En écoute aujourd’hui Paleosonic qui n’est peut être pas le morceau le plus turbulent mais qui laisse entrevoir ce dont un vieux bonhomme de 62 ans est encore capable de faire aujourd’hui.


Extrait de l'album : Small Craft On A Milk Sea
sortie le : 02 Novembre 2010
Label : Warp
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite