Les oubliés de la semaine #6

On ne parle pas souvent de rap pourtant on en écoute un peu, séance de rattrapage avec 6 albums / mixtapes, promis on ne vous parlera pas de Maitre Gims.

Le1f – Fly Zone [Greedhead Entertainment]

Alors que sa troisième mixtape vient de sortir on revient sur Fly Zone sorti en début d’année qui continue à creuser le sillon exploré avec Dark York. Figure de proue de la mouvance queer rap, Le1f, à l’instar de MykkiBlanco, propose un électro / rap toujours aussi déluré. Sur des productions surexcitées, le New Yorkais déballe un flow rapide mi maniéré, mi agressif. Bien que l’effet de surprise ne soit plus là, on est toujours charmé par cette recette qui le place au sommet de cette mouvance. Cependant, tout ça reste un peu la même chose, on fatigue vite à l’écoute de ce disque qui ne manque pas de fraicheur et d’envie mais qui n’arrive pas vraiment à faire ressortir des titres forts. On écoutera tout de même la troisième mixtape et bien sûr son premier album qui, on l’espère, verra le jour l’année prochaine.

Note : 07/10
Date de sortie : Janvier 2013
A télécharger légalement et gratuitement ici
Un titre en écoute à droite


Ghostpoet - Some Say I So I Say Light [PIAS]

En voila un autre qui n’a pas changé d’un iota sa recette. Après un très bon premier disque, Obaro Ejimiwe continue cet étrange mélange entre Trip-hop, dubstep et rap. Disque nocturne par excellence, Ghostpoet fait trainer sa voix sur des productions envoûtantes et hypnotiques rappelant parfois un Tricky sous anesthésie. On trouve cependant une surprise, Plastic Bag Brain, pont entre l’Afrique et l’Angleterre où l’on retrouve la légende Tony Allen à la batterie. Si l’on regrette le manque d’innovations, Ghostpoet prouve encore une fois qu’il est un des rappeurs les plus intéressants de l’Albion.

Note : 07/10
Date de sortie : Mai 2013
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Tyler, The Creator – Wolf [Odd Future Records]

Avec ses 18 titres et sa durée dépassant l’heure, Tyler, The Creator a une fois de plus dépassé les bornes avec Wolf qui témoigne plus de cette envie de tout déballer plutôt que de faire du tri. Qu’importe,  Tyler démontre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent avec de nombreuses productions qui ne ressemblent à rien d’autre. Personnage fascinant, ce gamin fait déjà figure de petit génie en ne dévoilant aucune influence trop visible. Avec Wolf, Tyler fait avant tout du Tyler et se permet de varier les styles. Du jazz sombre et déstructuré en passant par la pop et l’électro, Tyler Okonma fait encore une fois preuve d’une grande ouverture d’esprit qui force le respect.

Note : 08/10
Date de sortie : Avril 2013
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Kanye West - Yeezus [Def Jam]

Les disques se suivent mais ne se ressemblent en rien. Après le blockbuster My Beautiful Dark Twisted Fantasy qui prenait la forme d’un album pop grandiloquent et ambitieux censé faire la nique à tout le milieu du rap, West revient avec son contraire Yeezus. Lorgnant du côté de Death Grips en beaucoup plus gentil, ce sixième album solo reste néanmoins un projet couillu loin de posséder le potentiel commercial de ses précédents efforts et qui montre un artiste lancé dans une quête perpétuel de renouveau. Bien qu’excellent, ce disque se situe tout de même dans sa tranche basse et ne devrait pas marquer autant les esprits que le précédent ou The College Dropout, la faute à quelques titres en deçà de son niveau habituel (qui est très très haut hein…).

Note : 08/10
Date de sortie : Juin 2013
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The Underachievers – Indigoism [Brainfeeder]

Sans aucun doute le groupe qui monte, à une vitesse folle qui plus est. The Underachievers a su exciter son monde avec Indigoism, une première mixtape menée avec brio bien qu’assez classique. Épaulés par Flying Lotus et appartenant au Beast Coast Movement soit les concurrents les plus sérieux de Odd Future (voir Tyler, The Creator), on retient surtout un flow excitant défilant à toute vitesse, des instrumentations d’une grande classe et une ambiance qui illustre un New York sombre mais où tout vos fantasmes se réalisent. Tout comme Joey Bada$$ qui appartient au même collectif, The Underachievers ne sont pas originaux pour un sou mais la qualité de leurs compositions permet d’oublier ce détail car on aura rarement pris autant son pied avec une mixtape.

Note : 08/10
Date de sortie : Février 2013
A télécharger légalement et gratuitement ici
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Chance the Rapper - Acid Rap [ - ]

Encore une mixtape d’un artiste qui n’appartient pour le coup à aucun mouvement ou collectif, Chance vient néanmoins de Chicago dont on a entendu pas mal parlé grâce à des artistes comme Chief Keef fier représentant de la drill music qui est tout simplement le fait de raconter sa vie pourrie dans la ville de Chicago qui n’en est pas moins pourrie. Mais Chance The Rapper ne s’intéresse pas vraiment à ça, ou plutôt est un observateur qui est loin de s’engager et prèfère raconter ses expériences en matière de drogue. Au-delà de son histoire on aime dans Acid Rap, très influencé par College Dropout de Kanye West, son côté fourre tout, lumineux et pop comme l’avait si bien fait West à son époque. Rempli de tubes, de passages extatiques et de moments plus mélancolique, Chance The Rapper fait d’ores et déjà partis des chouchous de la nouvelle scène rap, on a hâte d’entendre son premier album!

Note : 08/10
Date de sortie : Avril 2013
A télécharger légalement et gratuitement ici
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Dimanche 22 septembre : Vinc2 - By The Third Sea

Quand vous vous lancez dans un blog musical vous devez être prêt à passer pour un connard car très vite, et dieu sait comment, votre boite mail sera bombardé de mails promos qui vont des groupes plutôt cool aux plus gênants. Si vous avez peu de scrupules à ne pas répondre à ceux qui balancent le même lien cinq fois dans le mois et qui ne semble pas s’être intéressé au contenu musical du blog, vous en avez un peu plus quand vous vous réfugiez dans le silence ou pire lorsque vous ne tenez pas votre promesse. En plus d’être un connard, vous allez très vite vous transformez en pédant suffisant en remarquant que 90% de la  musique produite est à chier et que rien ne vaut nos Deerhunter d’amour.

Cependant, on aurait tort de cracher sur la totalité des artistes qui font leur auto-promo hors de tout circuit pour deux raisons. La première est de voir justement en nous un homme meilleur que le blogueur prétentieux, la seconde est tout simplement parce que certains valent le détour comme Vincent Coudert.

Vinc2 pour les intimes (à prononcer Vincz), a déjà bien roulé sa bosse, depuis 2005, le gaillard âgé aujourd’hui de 25 ans a déjà sorti 2 EPs et 1 album. By The Third Sea a donc été l’occasion pour Vincent Coudert de s’essayer une nouvelle fois au format long dans ce disque d’ambient rappelant par exemple l’artiste Eluvium si cher à notre cœur et au sien à l’écoute de cet album. Pas tout à fais inconnu, on avait déjà été séduit par son EP Dreams & Hopes, c’est donc avec une relative confiance qu’on se plongeait dans cette nouvelle épopée. De la confiance il en fallait un peu à l’écoute du premier titre plus que déroutant. Avec chanson de soie qui ouvre le disque, casse gueule comme pas possible, on pense à une composition destinée à une comédie musicale qui ne donne pas du tout envie de continuer l’écoute de By The Third Sea. Pourtant, d’un point de vue musical le titre est loin d’être mauvais si on enlève le côté mielleux de la voix, la chanson prend de l’ampleur au fil des minutes pour se rapprocher de ce qui nous attend par la suite.

A nos yeux, l’album débute avec So Long qui fait office d’introduction mais c’est véritablement avec Fantasia, le troisième titre, que la machine est lancée. La pluie tombe, et on tombe face à un univers proche de Thomas Newman ou encore Sigur Ros. Vinc2, oscille à chaque instant entre fragilité et un aspect beaucoup plus épique porté par ces murs de guitares saturés et désolés. Plus on avance dans le disque plus on est charmé par cet univers qu’il construit autour du thème de l’eau. Souvent mélancolique, et malgré la froideur de certains effets utilisés, il y a quelque chose de réconfortant et de cotonneux.

On se laisse bercer par le bruit des vagues, le magma sonore s’amplifie par moment avant de laisser place à des passages plus délicats. By The Third Sea est avant tout un disque contemplatif où le charme opérera au gré de votre humeur. Bien que l’immersion retombe un peu avec After Her Call, que le disque est parcouru de quelques maladresses, Vinc2 réussit à proposer à l’auditeur un joli disque d’ambient. Jamais facile en terme d’émotions ni inaccessible, il fait partie de ces artistes qui réussissent à trouver ce juste équilibre. By The Third Sea ne changera pas la face du monde mais est une belle promesse pour les années à venir.



Sortie le : 17 septembre 2013
Label : -
Peut pas uploader sur grooveshark du coup vous pouvez écouter l'album dans son intégralité.

Pour :
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Couci couça :
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Contre :
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Mercredi 18 mai : Holy Ghost! - Dynamics

Excepté quelques singles on est toujours passé à côté du duo Holy Ghost! qui semble depuis leur début vouloir reprendre le flambeau délaissé par LCD Soundsytem il y a 3 ans. Comme leur modèle, ces gars là sont New Yorkais et cherchent à tout prix à faire danser la jeunesse branchée de la Big Apple. C’est donc sans surprise que l’on apprend que Nick Millhiser et Alex Frankel sont sur le label DFA fondé par James Murphy qui est aussi le fondateur de LCD Soundsystem. Bon, cool, on est super avancé mais sinon ?

Sinon, Dynamics, leur deuxième album studio, réussit quelque part à capter l’esprit de DFA, on trouve dans ce disque un mélange entre disco, électro et pop qui a fait les beaux jours du label. Peut être un peu trop lorsqu’on entend la basse de Dumb Disco Ideas pas très loin du Summer Song de YACHT qui est aussi sur DFA! Mais bon, ça on s’en fout, car Holy Ghost! ne fait que reprendre les trucs et astuces de la maison New Yorkaise avec des basses bondissantes, des guitares tendues et des synthés un peu cheap mais pleins de charme. Le plus dérangeant dans Dynamics reste qu’il ressemble à trop de groupes sans jamais réussir à les égaler. On pense à LCD Soundsytem bien sûr, Neon Indian, Empire Of The Sun, Cut CopyOui certains se disent en lisant ces noms que ça ne vole déjà pas haut (même si on n’est pas d’accord) et bien oui, on descend encore d’un cran avec eux.

Bien que quelques titres soient de grandes réussites, on navigue la plupart du temps dans des compositions sans réels éclats comme ce Dumb Disco Ideas franchement réjouissant au départ avant de déchanter quand on voit que le titre s’allonge sur 8 minutes sans réellement se renouveler au point de nous fatiguer. Car oui Dynamics est usant avec sa positive attitude et sa volonté de vous faire danser à tout prix et tant pis si c’est pute, laid ou si ça déjà été ressassé des dizaines de fois. Holy Ghost! vit encore en 2003 et ne réjouira sûrement que les nostalgiques qui n’ont pas su passer le cap du Dance-punk popularisé à l’époque par Radio 4 et consorts.

Heureusement quelques titres s’élèvent de la masse comme le fragile I Wanna Be Your Hand et sa mélodie japonisante ou Okay qui est pour le coup un vrai tube. Pas étonnant, c’est le plus calqué sur LCD Soundsystem... Tout ça pour dire qu’on s’en fout un peu de ce groupe qui ne fait que remuer le couteau dans la plaie. On en revient toujours à la même chose, ça ne vaudra jamais la bande à Murphy qui nous manque terriblement. Revenez bordel.


Sortie le : 17 septembre 2013
Label : DFA
Un titre en écoute dans le lecteur à droite

Pour :
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Couci couça :
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Contre :
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P.S : Ears Of Panda a une page facebook et il se passe pleins de trucs dessus donc si tu veux passer à l'occasion c'est ici : CECI EST UN LIEN : CLIQUE DESSUS

Jour 3 : Ready For The Floor


Levé je-sais-pas-quelle-heure, on évite encore une fois la douche et les toilettes. On y raconte que c'est l'entrée de l'enfer. Bouchés, dégueulasses, c’est le cœur bien accroché qu’il faut affronter les wc, on n’ira pas vérifier. Les pissotières du site du festival nous suffisent déjà, un carré aménagé qui se sera transformé en trois jours en une sorte de lac où un parfum peu délicat vient vous chatouiller les narines. On ne tarde pas à filer à Saint Malo se taper une galette (ou deux) au corps de garde et retrouver des amis venus pour la soirée du samedi, il faut dire que le combo Tame Impala/Hot Chip a du attirer du monde.

En attendant c’est Trésors qui passe sur la plage, un duo Français qui joue avec des tas de pédales et des tas de synthés pour un résultat assez sombre mais plutôt envoutant et sacrément efficace. Malgré la qualité du live, on papillonnera à droite à gauche pour profiter d’une baignade et d’une douche bien méritée.

Le concert terminé on file à la voiture garé à 20/30 minutes de la plage (il est très dur de se garer gratuitement à Saint Malo le weekend du 15 août) et on retourne sur le site plus rapidement que d’habitude grâce au super GPS qui nous fait prendre des raccourcis. On décide de prendre notre temps au vu des premiers groupes qui passent. Ainsi on passe à la trappe Widowspeak qui passe un poil trop tôt, Junip (diffusé sur Arte Live Web)qui nous laisse de marbre (bien que les échos aient été assez positif concernant leur prestation) et Concrete Knives qui a du faire 300 concerts cette année tant on a l’impression qu’ils passent partout (diffusé sur Arte Live Web également)

Par contre, pas question de louper le rock des Parquet Courts, on essaie de se positionner devant mais apparemment on n’était pas les seuls à vouloir assister à leur concert tant la foule est serrée tant pis on écoutera là encore de loin mais le résultat est plus que satisfaisant. Contrairement à l’album qui a un faux rythme (chansons casses gueules entre deux brûlots), Parquet Courts assure de bout en bout en revisitant tout un pan de la musique du rock garage au post-punk. De nombreuses références se bousculent dans notre tête mais la qualité de leurs compositions et l’énergie déployée durant ce live nous a pleinement convaincu, le public aussi d’ailleurs.

Le concert terminé on ne perd pas de temps et on se place au milieu de la foule pour voir Tame Impala. On était curieux de les revoir après la déconvenue d’il y a deux ans. Alors que le groupe présentait son premier album, on avait eu le droit à un concert plutôt chiant (voire beaucoup) et assez plat. Bon et bien c’était le jour et la nuit. Bien que très fidèles aux disques, les Australiens ont réussi à donner une toute autre ampleur à leurs chansons en boostant le son. Alors que des visuels psychés défilent derrière, on est happé par ce show parfait et carré. A dire vrai, ils ne pouvaient pas faire mieux en matière de qualité sonore. Et puis quelle setlist bordel! En deux albums, ce groupe a réussi à collectionner un nombre de tubes assez dingue qui prouve bien que Tame Impala fait partie des groupes qui va compter, Kevin Parker est en passe de devenir une figure incontournable de la musique indé. La Route du Rock a eu la bonne idée des les programmer cette année car ils seront très certainement inaccessible dans les années à venir. S’ils continuent à écrire des chansons toujours aussi bonnes, leur cachet va très certainement grimper au plafond lors de leur prochaine tournée.

Pas le temps de rigoler, à peine fini qu’il faut repartir vers la scène des remparts pour assister au show de Suuns qui avait, il y a deux ans, déjà impressionné le public avec un live hypnotisant. C’était la même ce soir là. A l’aide d’un deuxième album pas mal qui contient quelques morceaux impressionnants (comme le premier disque en fait), les canadiens ont enrichi leur setlist sans oublier les classiques pour bâtir un show qui avait sacrément de la gueule. Dommage que l’on n’ait pas pu s’approcher de la scène (blindée encore une fois) pour apprécier le concert de plus près. On aurait aimé être transporté par ces basses et ces boucles synthétiques Krautrockienne intrigante, par cette violence retenue qui n’éclate qu’à des moments bien précis. Malheureusement, quand on ne voit pas le groupe difficile de les apprécier à leur juste valeur.

Par un malheureux hasard de circonstances, Panda Panda avait passé la soirée seul et ce n’est non sans plaisir que l’on retrouve enfin des Bobbies et des Poppies. On file alors devant la grande scène pour voir Hot Chip. Il faut avouer que ces survivants de l’époque électro/pop ont su malgré des albums inégaux toujours aligner 2/3 tubes par albums. Ce soir là, ils vont à peu près tous nous les sortir. Sachant qu’il est déjà une heure du matin, Hot Chip a pour mission de réveiller les festivaliers et va se transformer en machine à danser. Le fort Saint Père devient alors un club gigantesque où le public va rentrer en communion avec les Anglais. Over and Over, Hold On, Ready for the Floor, Flutes… Tout va y passer ce soir là pour notre plus grand plaisir. La prestation des 5 geeks fera date, bien que ce ne soit pas la première fois qu’on assiste au show des Anglais, on a toujours le même plaisir d’assister à cette grosse fiesta parfaitement orchestrée pas ces maîtres de cérémonies.
Concert disponible sur Arte Live Web.

Alors que les autres vont se coucher, on reste pour voir Disclosure, on a beau les avoir vu deux fois, on est toujours aussi dubitatif quand au buzz crée par le duo Anglais, en même temps, à chaque fois qu’on les a vu on n’était pas toujours en état d’apprécier... Qui plus est, on n’est pas fan de l’album mais bon… Hot Chip a échaudé nos esprits et on avait envie de partir sans la déception d’avoir loupé le dernier concert du festival. Après une longue attente encore une fois, Disclosure arrive. On n’attendait pas grand-chose mais il faudra avouer que le set des deux gamins sera terriblement efficace. En commençant (enfin presque) avec When A Fire Start To Burn, les D’jeuns s’emballent et nous aussi. Plutôt efficace, sans jamais baisser le rythme on restera finalement jusqu’à la fin. Sans s’être pris une grosse claque, le concert ce sera avéré dansant et fun et prouveront finalement que tout le brouhaha autour d’eux n’est pas si immérité.

Le concert fini on repart vers le camping on s’arrête à la buvette pour regarder un peu le phénomène qui enflamme les festivaliers. Avec une sono pourrie, un mec chante sur des titres de Johnny Hallyday, Lara Fabian et autres pointures de la musique Française. Le mec y croit à mort, aidé par ses fans qui le poussent à chanter encore et encore. On me dit que c’est une célébrité dans tout l’ouest Breton. On est amusé de voir ce performeur à la naïveté touchante et poussée par un public taquin mais pas méchant. On regagnera finalement notre tente en repensant à cette 23ème édition qui restera sûrement la meilleure de ces quatre dernières années. En privilégiant des groupes plus "sexy", La Route du Rock a su retrouver un public plus jeune, Nous étions plus de 21 000 spectateurs cette année, les organisateurs ont maintenant pour mission de les fidéliser en maintenant ce cap artistique les prochaines années. Quelques points noirs sont à soulever cependant.

La scène des remparts pas franchement idéale qui a empêché de nombreux festivaliers d’assister correctement aux concerts, les organisateurs en sont conscients et réfléchissent déjà à une nouvelle disposition, on pense que l’idéal serait de mettre les deux scènes côte à côte mais on n’est pas sûr que le site soit suffisamment grand. On regrette aussi qu’il n’y ait pas plus de battement entre le concert à la plage et le premier au fort Saint père ainsi que l'absence d'un groupe qui comblerait l'attente entre les deux derniers artistes jouant sur la grande scène. Enfin, les toilettes qui n’ont jamais été aussi dégueulasses.

Malgré ces détails, La Route du Rock a fait un quasi sans faute cette année et nous donne d’ores et déjà envie de revenir l’année prochaine, l’agenda est bouclé, on sait déjà où on sera l’année prochaine.

Les 6 meilleurs concerts (sans ordre de préférence) :

Bass Drum Of Death
Fuck Buttons
Hot Chip              
Nick Cave & The Bad Seeds
Parquet Courts
Tame Impala

Bonus : Suuns, on était éloigné, et pas franchement bien positionné pour apprécier le concert  mais les Canadiens restent un groupe enivrant à voir absolument en live.

Jour 2 : Galettes saucisse et groupes de la mort qui tue.


C’est comme une fleur qu’on se lève au camping de La Route du Rock. On zappe la toilette toujours facultative en festival pour partir sur Saint Malo. Surtout que l’attente est en général interminable donc oui, autant s’abstenir. Préférant prendre la voiture plutôt que la navette qui avoisine les 40 minutes d’attente (pas confirmé), on part vers la grande ville non sans galérer pour se garer. Finalement le temps de trouver une place et de rejoindre la cité historique (charmante en tout point), les 40 minutes gagnées seront perdues, raison de plus pour prendre la navette. Après s’être fait baladé par une policière qui nous a envoyé à l’opposé, on trouve enfin le théâtre Chateaubriand où se passe la conférence de Christophe Brault sur le Rock Garage. Le temps est idéal (ça crachouille un brin) pour poser ses fesses dans un siège confortable. On est bien, il fait chaud, la situation aurait été idéale pour se reposer si cette encyclopédie du rock n’avait pas été si énervée. Pendant 1h30, Christophe Brault sautera, dansera, avec une énergie folle pour nous transmettre sa passion pour la musique. Dommage que cette conférence finisse sous des allures de Name-Dropping, au lieu de s’intéresser à l’histoire même du rock garage. Sans notes on finira par se perdre dans cette avalanche de noms, on retiendra au final les compilations Nuggets qui s’intéresse au rock garage de 1965 à 1968 et Children of Nuggets de 1976 à 1995.

Il fait froid, il fait pas beau, on décide de zapper Cankun sur la plage qui n’a pas laissé un souvenir impérissable sur disque pour filer au camping. Arrivé plus tôt que prévu on en profite pour prendre un petit apéro avant de filer voir Jackson Scott. Il faut l’avouer, on arrivera un petit à la bourre devant la scène des remparts déjà bien pleine mais suffisant pour nous convaincre de se jeter sur son premier album. Malgrés leurs visages poupons, ces trois gamins ont des gueules de branleurs d’à peine 16 ans ce qui n'est pas tout à fait vrai. Âgé de 20 ans, Jackson Scott est de ces artistes qui font rêver. Il a vite quitté la fac pour se consacrer à la musique. De son propre aveu, il ne connait pas grand-chose en matière de musique indé , il y a pourtant dans ses chansons tous les emprunts possibles à cette mouvance. Ses chansons sont bricolées et branlantes, sales mais terriblement attachantes. Pas étonnant que le pape Bradford Cox l'ai pris sous son aile pour assurer les premières parties de Deerhunter aux Etats-Unis. On reconnait d’ailleurs sur scène le même esprit que dans la tournée Monomania. Ça crache les mélodies, le public est bousculé par les compositions criardes et attachantes. On est sous le charme. Malheureusement le concert s’achève vite et il n’est pas question de traîner afin d’assister au concert de Woods sur la grande scène.

Avec leurs 6 albums en 7 ans (sans compter les nombreux EPs) dans lesquels il n’y a pas grand-chose à jeter, il faut l’avouer, on pouvait compter sur les Américains pour nous balancer une setlist digne de ce nom. Ils piocheront finalement surtout dans le dernier (logique) ce qui n’est pas un mal au contraire. Bend Beyond dégage une atmosphère estivale qui cadre donc parfaitement avec La Route du Rock. Entre ballades pop, virées psychés et titres plus nerveux, Woods a réussi à happer son public dès les premières notes sans jamais le lâcher. Ces musiciens hors pairs vont une heure durant s’échiner à ramener le soleil avec leur pop/folk garage ce qu’ils parviendront à faire au final comme s’exclamera le guitariste. Avec une heure de permission, le groupe se permet parfois de digresser en se lançant dans des instrumentaux hypnotiques jamais lourdingues élevant un peu plus leur niveau de coolitude. Parce que c’est ça qu’on a retenu surtout, ces gars sont cools. Le chanteur avec sa barbe et sa voix haut perchée un peu fausse par moment, l’autre gus avec sa douze cordes, le bassiste avec son harmonica autour du coup... Ouai, Woods c’est trop trop cool.

Moins cool, mais sympa quand même, Efterklang continue sur la grande scène pour un set euh…Gentil ? Voilà deux groupes que tout oppose. Si Woods est le groupe qui parait détendu et faussement négligé, les Danois, eux, la jouent tirés à quatre épingles (avec nœud papillon et tout et tout). C’est carré, sérieux, la chanteuse fait même du lyrique ou presque. Comme Local Natives, Efterklang est un groupe lisse mais heureusement il échappe au maniérisme de ces derniers. En évitant de foutre des chœurs à tout va, en cherchant à exploiter tout leur matériel (et il y en avait) et grâce à des compositions qui ne vont pas toujours dans le même sens, l’emmerdement ferme est évité. Avec ses pointes d’électronica, on écoute leur pop orchestrale avec politesse mais cela ne nous empêchera pas d’aller faire un tour chez le disquaire des ballades sonores ou encore d’acheter un burger froid et pas top (où les serveurs ne parlent pas Français… Chelou…). Bien que l’on voit de la scène d’à peu près partout grâce une sono et des écrans placés derrière la régie son, on n’aura pas toujours été très attentif, FAUT L’AVOUER.

Le concert fini on part en direction de la scène des remparts pour assister au sympathique set des Allah-Las. Encore un groupe à tendance garage et on ne s’en plaindra pas. Parce que le rock aujourd’hui, il est là ma petite dame et pas dans les Efterklang à la con. Sauf qu’en arrivant devant on fait face à un mur. Pas des remparts hein, mais un mur de gens. Bien que les intentions étaient louables, La Route du Rock, victime de son succès, a vu trop juste au niveau de la capacité. Ressemblant, à un entonnoir, le public se trouvera vite cantonné derrière la régie son. Pour l’année prochaine, les programmateurs savent déjà qu’ils vont devoir trouver une autre place. Comme c’est une première, on pardonne. Allah-Las donc, on ne verra pas grand-chose si ce n’est un chapeau mexicain et des maracas, le son est cool et plus énervé que sur disque. On navigue encore dans les 60’s et on a l'impression d'être plus sur la côte Californienne que Bretonne. A défaut de pouvoir se rapprocher, on se casse boire une bière en attendant l’arrivée de la tête d’affiche Godspeed You! Black Emperor.

Légendes du Post-Rock, on peut même dire que  GY!BE est le meilleur groupe du genre depuis qu’il a été créé sans offusquer plus de 30% des gens. Autant dire que le groupe fait l’unanimité dans le milieu (le milieu des gens qui écoute du Post-Rock, soit un milieu pas funky). Qui plus est, les Canadiens sont revenus l’année dernière avec l’excellent Allelujah! Don’t Bend! Ascend! après dix ans d’absence sans perdre de leur rage et de leur beauté. Cependant, malgré toutes ces louanges on reste méfiant car pour les avoir vu avant la sortie de leur dernier disque on s’était pas mal emmerdé et autant dire que ça part mal. Malgré une scénographie soignée (photos d'archives de personnes arrêtées, des messages comme gravés sur du papier qui s’affichent…), le concert peine à se lancer. C’est tout de même ballot de faire une intro de 10 minutes quand on a environ 1h à jouer quand même... ENFIN, débarque Mladic, premier vrai morceau du concert, alors là on est content ! Alors oui ça tabasse et enfin GY!BE prend de la hauteur sauf que 20 minutes plus tard on retombe sur nos pieds à peine après avoir décollé. Ce soir là, on verra le public déserter petit à petit la grande scène, les novices sont partis depuis longtemps mais les fans commencent à suivre devant ce show pas du tout adapté en festival qui aura mis à chaque fois beaucoup trop de temps à se lancer. Malgré toute la bonne volonté du monde on finira par capituler préférant s’éloigner.

Après une pause galette saucisse, qui reste le meilleur investissement à faire sur le site (3 euros, c’est bon et ça remplit le ventre). On va voir l’ami Etienne sur la scène des remparts avec son groupe Zombie Zombie qui propose d’habitude des concerts électro rythmés et vivants qui vous font bouger du pied comme c’est pas possible. Sauf que là, on ne sait pas ce qu’il a bouffé, peut être une galette pas fraîche, mais ça ne marche pas. On a l’impression que le concert ne décolle jamais. Peut être est ce la faute du troisième larron trop accessoire? Du fait d’être compressé devant cette foutue scène? Ou tout simplement parce que le groupe est dans un jour sans? On ne sait pas, en tout cas, Etienne Jaumet a beau souffler dans son saxo, se déchaîner sur ses claviers, on reste insensible à son set de Krautrock dansant auquel il manquait un petit quelque chose afin de passer un grand moment.

Après cet enchaînement de déconvenues, on pouvait compter sur Bass Drum Of Death pour réveiller les ardeurs, mais à la folie qui va suivre peut être pas car le bonhomme va foutre le feu aux poudres. Alors que son deuxième album est plutôt décevant lorsqu’on le compare à GB City qui reste un summum dans le genre Rock Garage (vraiment), ce soir le groupe va livrer un concert électrisant faisant oublier notre déception. Avec sa formation 2 guitares / batterie, les Américains du Mississipi vont conjuguer un set alliant, punk, garage et grunge. Oui, ce soir là, Bass Drum Of Death a fait dans le bourrin, dans l’efficace avec des riffs à te faire sauter jusqu’à n’en plus pouvoir. Avec une setlist partagée équitablement en les deux disques, ces gars ont fait autant plaisir à eux qu’aux fans béats ce soir là. Avec un concert de cet acabit on n’a finalement pas tardé à se joindre à cette fosse et cela peut paraître idiot mais on a rarement été aussi agréablement surpris par les pogoteurs ce soir là. Les gens se poussaient mais étaient heureux d’être là et c’est avec une franche camaraderie que tout le monde se bousculait avec joie, tout simplement un des plus beaux pogos auquel on a pu assister. Concluant sur un Get Found d’ores et déjà mythique, Bass Drum Of Death a en 45 minutes replacé son nom en haut de la relève garage aux côtés de Ty Segall et autres Thee Oh Sees.

C’est complètement lessivé que l’on attend la venue de TNGHT le duo électro qui comprend en son sein Hudson Mohawke. Bien que l’on ne soit pas fan du bonhomme, il faut avouer que ce duo a su attiser notre curiosité à l’aide de ses morceaux putes et frontaux qui ne manquent pas d’efficacité. On pense en particulier à Higher Ground, utilisé d’ailleurs comme sample par Kanye West sur son dernier album. Avant leur arrivé il faudra avouer que temps aura paru long, les jambes sont lourdes, les bars ferment et c’est à ce moment là qu’on se dit qu’un concert sur la scène des remparts auraient été sympa puisque la fatigue commence à se faire sentir. On est idéalement placé quand arrive enfin TNGHT sur scène, qui ne tardera pas à envoyer des grosses basses. Surprise, pas mal de titres incluent des parties rappées, d’ailleurs, plus le concert avance et plus on a l’impression d’écouté une copie du dernier disque de Kanye West plutôt qu’un concert électro, pourquoi pas. Hormis ce détail, on remarque que l’autre moitié, Lunice, passe autant de temps derrière la platine qu’à se faire passer pour un rappeur à grand coup de moulinet afin de réveiller la foule. Las, la recette s’avère sur le court terme assez répétitive et usante. Malgré ces grosses percussions et ces grosses basses, on arrivera jamais à s’enthousiasmer pour cette recette un peu fadasse. Cependant dur de partir sans avoir entendu Higher Ground qui sera finalement que la copie calquée de la version du Kanye West (ils ont passé le mp3 quoi). Usé on retourne sur le camping pour un dernier verre avant de se reposer pour la dernière ligne droite.

Jour 1 : Mon fist, ma bataille.


3 trains, 1 voiture soit 5h30 de trajet auront été nécessaires afin de rejoindre la Mecque des festivals Breton, on parle bien sûr de La Route du Rock qui fêtait ses 23 bougies cette année. A l'occasion de cet anniversaire les enjeux étaient grands, il faut dire que l'année dernière les organisateurs n'étaient pas forcément à la fête avec une édition qui avait fait un four. Entre vieilles gloires et groupes peu reconnus pour leur entrain, la programmation avait fait fuir les festivaliers à raison. Sans être une catastrophe, les soirées s'étaient avérées plutôt chiantes. Heureusement, notre prière a été entendue et cette 23ème édition promettait sur le papier en se concentrant sur des groupes plus actuels. A l'exception de Nick Cave (qui n'est pas un artiste sur le retour non plus), les groupes dénichés étaient principalement issus des années 2000. Plus simplement, cette prog avait de la gueule. Pas trop de folk mou du genou, pas de geignards. Enfin ça faisait envie quoi! Même la pré-soirée du mercredi avec entre autre Clinic (Et Julia Holter et Austra si vous voulez tout savoir) faisait plus qu'envie mais bon ne sachant pas où loger (le camping était il ouvert?) on fait l'impasse.

On déboule donc sur la plage vers 16h et des brouettes pour Orval Carlos Sibélius qui fait pas mal parler de lui cette année avec Super Forma, une odyssée psychédélique et orchestrale qui nous a laissé sur notre faim mais qui nous a donné envie d'y replonger à l'écoute de ce concert qui aurait mérité sa place au fort Saint Père. Avec ses petits copains, le parisien Axel Monneau envoie des chansons pop virevoltantes qui prennent de l’ampleur quand le trombone et le synthé s'en mêlent. Pas très loin d'un Robert Wyatt en plus bondissant, cet artiste qui en est déjà à son troisième album solo n'a pas menti à sa réputation. Entraînant et réjouissant on fait l'impasse sur une petite bière qui nous aurait bien rafraîchi après le trajet en voiture pas trop climatisé pour ne pas perdre une miette de cette prestation qui ouvre à merveille les festivités.

Le temps de se remettre de ce premier concert plutôt jouissif, on part vers la voiture garé à perpette pour rejoindre le camping, quelques courses plus tard il est temps de prendre la route qui fut oh combien encombrée... après moult bouchons, il était presque 19H30 lorsqu'on arrive sur le site. Le temps de récupérer le pass, d’installer la tente, de manger un coup, de boire un verre avec les copains, autant vous dire qu’on n'a pas été très sérieux ce soir là… On ne peut que conseiller aux futurs visiteurs du port d’utiliser la navette qui connait les bons plans pour éviter toutes ces foutues routes encombrées ou d’avoir un GPS qui vous fera fuir les axes les plus utilisés. Néanmoins malgré ces astuces, il vous sera toujours difficile d’assister au premier concert de la soirée tant le timing est très serré.

Bon on ne va pas vous la faire à l’envers, on a loupé pas mal de choses on aurait pu débarquer pour Local Natives (disponible sur Arte Live Web) mais l’idée d’assister à une heure de pleurnicheries et de simagrées nous a complètement coupé la chique (On a déjà parlé en mal de l’album et d’un live donc on ne va pas non plus abuser des mauvaises choses). Des concerts loupés, on regrettera surtout la pop sous psychotropes de Jacco Gardner et le punk brûlant d’Iceage dont nous allons tout de même vous parler grâce à Arte Live Web (oui, ça commence dans la honte cette chronique) qui sont toujours dans les bons coups ceux là. Quand à Moon Duo, pas de regrets puisque l’album à tendance rock psyché (ha oui c’était psyché cette année!) ne nous a pas fait sauter au plafond et la prestation du duo n’était parait il pas forcément convaincante.

Iceage donc. Malgré un concert fastidieux avec quelques problèmes techniques, les jeunes bambins de Copenhague ne font pas mentir leur réputation de petits cons énervés. Pendant 40 minutes, les guitares hurlent autant que le chanteur qui multiplie les poses faussement indifférentes. Drôle de décalage de voir ce groupe qui semble mener une vie nocturne à une heure si tôt, le soleil mettant un peu plus leur pâleur nordique en évidence. Au final le concert se regarde avec beaucoup de plaisir même si l’on est conscient qu’un groupe de cette catégorie ne peut se permettre de jouer plus d’une heure sans cramer les neurones des festivaliers. Histoire de mettre tout le monde sur les rotules, Iceage clôturera sur le désespéré et rageur Morals avant d’enchaîner avec le très nerveux Ecstasy soit leurs deux meilleurs morceaux. De quoi te poser un groupe.
Concert disponible sur Arte Live Web.

Ellipse de malade et paf il est déjà 22h45 quand Nick Cave & The Bad Seeds rentre sur scène. La question qui nous trottait dans la tête est s’ils allaient nous bluffer une nouvelle fois après leur prestation à Porto où allait-on assister à une resucée de ce concert, la surprise en moins. Et bien non, l’introduction a beau être la même, cette façon d’occuper la scène aussi, le groupe impressionne toujours. Les affreux entament avec We No Who U R puis Jubilee Street avec une fougue faisant oublier leur âge avancé. Nick Cave lève la foule (Nick dans le public, Nick debout sur la barrière, Nick qui mouline avec ses bras…), et fascine. Le groupe se permet même quelques changements mineurs dans sa setlist (4 titres sur 11 étaient différents) en privilégiant toujours les tubes et le dernier album mis à l’honneur encore une fois. Parcouru d’une nervosité et d’une tension permanente, il y a quelque chose de rare qui se dégage des Australiens. Au-delà des compositions, on retient cette prestance qu’on aura rarement vue chez un groupe. Maintenant on le sait Nick Cave & The Bad Seeds est comme un (très) bon film, on sait comment ça se passe mais on prendra toujours autant de plaisir à le revoir, une valeur sûre.

Puisqu’on a un peu de temps avant !!! on en profite pour choper des jetons et prendre une bière. Il faut croire que sa qualité va de pair avec l’affluence puisqu’elle nous a semblé beaucoup moins diluée que l’année dernière! Avant que le concert débute on en profite pour voir le stand "Les Gérards" situé derrière la régie. Sévissant dans la région depuis quelques temps et plusieurs années à La Route du Rock, ces petits rigolos ont droit à une mise en avant pas dégueulasse. Adepte des jeux de mots foireux et souvent graveleux ("mon fist, ma bataille", "Bambi is a son of a biche", "boire ou conduire, rien à foutre je rentre en poney" et autres joyeusetés…), "Les Gérards" font rires, c’est déjà pas mal.

Bon, faut l’avouer, !!! (Ça se prononce tchik tchik tchik) ont du boulot pour égaler le père Nick. C’est même pas possible en fait et ça va se vérifier dès le début. Loin d’avoir proposé un concert chiant, nul ou horrible, l’énergie incroyable du chanteur ne suffira pas alors que ça aurait sûrement fait son petit effet à un autre moment. Ce n’est pas faute de se démener pourtant! Affublé d’un mini short coloré, le chanteur se dandine de chaque côté de la scène en répétant ses chorégraphies imparables. Le problème vient surtout des mélodies absentes et la désagréable sensation d’entendre toujours le même titre. !!! a finalement le rythme sans la musique. 30 minutes auraient suffi, l’heure entière qui leur est alloué va nous permettre de nous rendre compte que le groupe généreux, finit par tourner à vide. Sans être désagréable, le concert ce sera avéré sympa sans être transcendant.
Concert disponible sur Arte Live Web.

Terminé, on file sur la petite scène voir Electric Electric vendu par les petits copains comme géniaux. On se faufile sans trop de mal vers la petite scène (ce sera la seule fois où on n’aura pas trop de mal à se faufiler d’ailleurs…) qui est d’une autre envergure que les trois bouts de planches de l’année dernière QUAND MÊME. Quand on s’approche de la scène, le trio a déjà commencé et il faut avouer que ça cogne sévère. Comme des Battles enragés, ils représentent un Math-Rock à la Française avec une énergie débordante. Enfin, là c’est même plus de l’énergie, c’est une rafale. Electric Electric envoie des uppercuts au public comme on distribue des petits pains. Tandis que le batteur frappe comme un beau diable, on s’abandonne dans ces boucles synthétiques et ces déflagrations de guitare. Le groupe est d’une précision remarquable accentuant encore cet aspect martial et fou qui transpire de leur musique. Malheureusement le set nous aura paru beaucoup trop court et il est déjà temps de filer sur la grande pour voir le dernier concert de la soirée : Fuck Buttons.

Comme Nick Cave, Fuck Buttons fut une des grosses claques du festival Primavera à Porto, tout le monde l’ayant mis dans son top 2 (excepté Bobby Love qui dormait…) autant dire qu’on les attendait de pied ferme. Cette fois ci, pas question de louper le début du set, on est déjà devant alors que le groupe n’a pas encore commencé. Débutant sur le tonitruant Brainfreeze avec sa batterie mémorable, on rentre directement dans le bain. A travers des projections vidéo hypnotiques on se laisse embarquer par ce duo qui a su en trois albums imposer sa marque de fabrique dans le milieu électro et au-delà. Et quoi de plus agréable que de voir un groupe alors en promo pour leur dernier et excellent album Slow Focus, que de s’attarder autant sur ce dernier que Tarot Sport sommet de leur discographie? On se réjouit en particulier d’entendre Surf Solar, hymne hypnotique, à la fois aquatique et aérien, une berceuse énervée, une ballade épileptique bref, un classique qui vous fait passer dans tous les états. Encore une fois, l’heure passe à une vitesse folle, transcendé par la musique des deux Anglais qui nous offre une jolie setlist best-of parfaitement maîtrisée.
Sur ce on rentre au camping pour un petit digestif bienvenue, des étoiles encore pleins les yeux, la musique de Fuck Buttons en tête et des autres aussi qui ont réussi à nous faire oublier l’édition précédente pas folichonne pour un sou. En une soirée, La Route du Rock a remonté la pente et atteint le même niveau d‘exigence et de qualité qu’il y a 3 ans lors de leur 20ème anniversaire.