Vendredi 18 mars : The Dodos - Sleep

En 2008, je découvre comme beaucoup de monde The Dodos, et quelle rencontre ! Visiter, leur deuxième album, fut un véritable coup de cœur. Pendant une heure entière, le duo composé de Meric Long (guitare/chant) et Logan Kroeber (batterie) nous enchantait par leurs compositions somptueuses qui naviguaient entre sauvagerie et mélancolie. Visiter reste à ce jour un album marquant qui donna un sacré coup de fouet à la scène folk de l’époque en proposant un concept original. La batterie très présente tapait de toutes ses forces tandis que les guitares étaient souvent énervées contrastant à merveille avec la voix de Long beaucoup plus mélancolique.

La suite, ne fut pas des plus joyeuses pour ce sympathique groupe, Time To Die, reçut des avis beaucoup moins élogieux, en reprochant le son trop lisse dont le producteur Phil Ek (Fleet Foxes, The Shins) doit être en partie responsable. Pourtant, ce disque n’avait rien de honteux, au contraire, The Dodos, allait de l’avant en faisant évoluer leur musique, sans perdre leur identité, et surtout, en gardant un talent intact pour l’écriture. Ces mauvaises critiques auront pourtant raison du duo : éviction du musicien Keaton Snyder, embauché à l’occasion de Time To Die pour habiller leurs chansons de vibraphones, et retour en arrière en reprenant le producteur John Askew qui avait œuvré sur Visiter.

Indéniablement, No Color se rapproche beaucoup de leur chef d’œuvre mais il faut avouer que lorsque l’on décide d’évoluer à deux, les possibilités sont vite limitées et le tournage en rond arrive vite. C’est ce qui se produit sur ce disque. The Dodos reviennent aux basiques au détriment de la prise de risque mais c’est bien là le seul point que l’on peut leur reprocher, car force est de constater que The Dodos n’ont rien perdu de leur génie sur ce quatrième album. On remarque même quelques ajouts, anecdotique certes, mais du plus bel effet. Ainsi, la rouquine Neko Case vient prêter main forte sur de nombreux titres en y ajoutant quelques cœurs ici et là. On remarque aussi l’arrivée du violon qui fait quelques merveilles notamment sur le final bouleversant de Companions. Avec ces quelques ajouts, le son se fait beaucoup plus dense, d’autant plus qu’il est rare de n’entendre qu’une seule guitare. Tapi dans l’ombre, l’électricité gronde et nous réserve quelques accords rageurs du plus bel effet.

Mais la principale qualité du disque reste ce contraste permanent entre la voix et les instruments qui ont encore gagné en complexité. Il n’y a qu’à écouter le jeu de Meric Long sur Don’t Stop. Incroyablement doué, le guitariste dévoile de fantastiques arpèges joués à une vitesse affolante. Que dire de Logan Kroeber qui retrouve avec No Color une précision, une rapidité et surtout une force dans l’exécution qui est faite de ses percussions.

No Color nous permet de retrouver ces deux garçons qui nous avaient tant charmés à l’époque. Mais à quel prix ? Ce retour en arrière laisse la désagréable impression de voir un groupe tant aimé faire du surplace. Mais à côté, on a 9 titres sublimes, à la fois beaux et énervés qui nous laissent des étoiles pleins les yeux. Entre ces deux points de vue, je ne sais pas vous mais moi, mon cœur a déjà tranché.

En écoute aujourd’hui, Sleep, parfaite synthèse de la chronique ou vous entendrez : des guitares électriques et acoustiques, Neko et un violon pour un résultat qui frôle l'excellence... Comme c’est toujours le cas chez The Dodos.



Extrait de l'album : No Color
sortie le : 14 février 2011
Label : French Kiss
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite

Pour :
Funk You Dear
Feu à volonté
Tasca Potosina
Hop
...

Contre :
...

6 commentaires:

Joris a dit…

D'accord avec toi du début à la fin. Un bon album, qui revient un peu à l'extrême qualité de Visiter sans l'atteindre néanmoins. Et puis quelques chansons formidables (j'ai un gros faible pour les deux dernières).

Erwan a dit…

Je préfère le précédent, je trouve que le vibraphone apportait vraiment un plus au son des Dodos, là c'est un retour en arrière. Il y a vraiment de bons titres mais aussi deux trois très anecdotiques sur ce nouvel album, je suis un peu mitigé pour l'instant. Quant à Neko Case, j'attendais de sa participation un peu plus que deux trois choeurs cachés derrière les guitares!

Benoit a dit…

très bon album encore une fois. Avec un dispositif aussi minimal, les Dodos arrivent à nous surprendre et à nous accrocher encore. c'est fort !

Panda Panda a dit…

@Benoit: Oui! J'aimerai une petite révolution au sein des Dodos mais en même temps, ils ont réussisjusque là à proposer de superbes compositions en faisant un peu la même chose.

@Spiroid : oui les deux dernières font parties de mes favorites j'ai choisis Sleep que je trouvais plus représentative de l'album mais bon, ce disque mérite le détour de toute façon.

@Erwan : Ce que j'aime dans la participation de Neko Case, c'est comme tout le reste des arrangements, c'est discret mais suffisamment fort pour rompre le côté brut de leur musique. Néanmoins je te l'accorde, de toutes les nouveautés, Neko Case est peut être la moins utile...! Entre Time To Die et No Color, franchement, mon coeur balance, j'aime ses deux disques presque autant que Visiter, je crois qu'il est important de retenir que en 4 albums ils ont gardé une qualité de la composition assez élevé contrairement à... voyons... Aux Strokes? ;)

Anonyme a dit…

Neko Case, bien que créditée sur 5 titres, est très discrète sur cet album ; je m'attendais à une mise en avant sur au moins quelques titres, à la "New Pornographers" ; là ça confine à la choriste de luxe...
Très bon album en tout cas, mais le précédent était superbe également -avec notamment une première moitié d'album éblouissante-

Panda Panda a dit…

C'est vrai ce que tu dis là... Le fait de virer le musicien qui les avait accompagné sur leur précédente tournée montre peut être une certaine forme de protection sur leurs compositions vis à vis des gens venant du monde extérieur, The Dodos reste un duo et ça ne changera pas...
Ce qui fait leur identité est aussi le frein à leur évolution au final...
Bon je divague, j'arrête ;)
Je suis aussi d'accord sur le second point le précédent album était très bon et celui d'avant aussi et celui encore avant aussi! Pour l'instant, ce groupe à une discographie épatante et démontre une écriture très fine, pourvu que ça dure...