Route du Rock 2012 : Troisième jour.




Oh putain il fait chaud sous la tente (bis). Café (bis), galette (bis), plage (bis). Les jours se suivent et se ressemblent, on aurait presque notre routine dis donc ! Après la station radar, c’est au tour de l’excellent label Pan European Recordings de se lancer dans l’exercice du DJ Set et il faut avouer que leur culture musicale est très éclectique voir un peu What The Fuck (est ce de la K-pop que nous avons entendu à un moment ou bien… ?). Il faut bien admettre que ces DJ Set ouvrent comme il se doit les festivités, on rentre dans le bain, on nous prépare le terrain on s’y sent bien et pleins d’autres trucs rimant en «ein». Sur la plage, le temps passe vite surtout si comme nous vous récupérez de la veille. L’arrivée de Jonathan Fi(s)toussi se fera donc sans tarder. On restera très hermétique à sa musique électronique et expérimentale basée sur des boucles et des sons très abstrait. Comme personne n’est réellement convaincu, on décide de partir plus tôt car il n’est pas question de louper Cloud Nothings qui a peut être signé l’album de l’année. Après une petite douche sur la plage (beaucoup moins blindée que celles du camping. Vous aurez remarqué que ce live report ressemble un peu aux astuces malignes de Panda Panda !), direction la navette. C’est toujours un plaisir pour rejoindre le point de rendez-vous de déambuler dans Saint-Malo, une superbe ville historique grouillant aussi bien de festivaliers que de touristes. Enfin surtout de touristes ce jour-là puisque ce sont seulement 2 000 personnes qui se seront déplacés le dimanche. L’absence de groupes Anglais et peut être la clôture des J.O (avec concert de Blur et tout et tout) auront peut être poussé les Britons à rentrer plus tôt chez eux. Tant pis pour eux car cette soirée va remonter le niveau d’exigence que l’on avait connu les deux années auparavant à La Route du Rock.

On débarque pour Cloud Nothings programmé décidément beaucoup trop. Un groupe envoyant autant de pâté et de steak aurait mérité de clôturer le festival (ouai carrément). Bien que Dylan Baldi ai déjà deux albums et une excellente compil d’inédits à son actif, le groupe privilégiera Attack On Memory en nous jouant les 8 chansons qui le compose pour notre plus grand plaisir. A l’image de l’album, on retombe dans les années 90 avec leur grunge parfois noisy. Si on regrette que la voix soit un peu en retrait, comment ne pas tomber sous le charme de ses compositions incisives et rageuses. Wasted Days finira de nous achever, longue d’une dizaine de minutes, Dylan Baldi et ses potes vont faire monter la pression avant de terminer dans une explosion sonore. Enfin, le parfait No Future/No Past clôturera ce concert qui restera un des meilleurs souvenirs de ce festival.

C’est au tour de Stephen Malkmus de rentrer sur scène avec ses Jicks. Aussi légendaire pour sa musique que pour sa coolitude, il ne démentira pas cette réputation en blaguant avec l’assistance (on pense en particulier à son claviériste appelé Jean Michel Jarre durant la totalité du concert). L’ambiance est donc à la cool, parfait pour jouer ses chansons ensoleillées et décontractées rappelant le style de Pavement. Bien sûr les Jicks n’ont pas leur mais le spectacle vaut le coup et le dernier album produit par Beck est parfaitement retranscrit. Alors que le soleil se couche on se laisse emporter par ce concert au capital sympathie énorme.

Le soleil tombe et on appréhende la suite. En effet, on a beau aimer Chromatics, leur électro/pop nonchalante et lascive allait elle réussir à exciter la foule? La réponse est un grand oui. Mieux ils vont la galvaniser, elle qui était jusque-là bien timide. Sur scène, ce groupe originaire de Portland (comme Stephen Malkmus & The Jicks) livre une musique synthétique excitante aidée par une basse bondissante. La chanteuse Ruth Radelet reste sur le même credo, sexy et nonchalante, sa présence illumine la scène. En fait, on aurait bien aimé qu’ils clôturent le festival eux aussi tant la foule a été conquise par leur prestation cadrée et envoûtante. Encore un gros coup de cœur.

En attendant la tête d’affiche de la soirée, on va reprendre des forces au bar, la fatigue pointe son nez, et il faudra bien une bière pour être au taquet devant Mazzy Star. Alors oui, c’est un groupe mignon mais après l’enchaînement vivant et excitant que l’on vient de vivre avions-nous vraiment besoin de ça? Qu’importe le groupe est là, Hope Sandoval, déjà venue en solo il y a quelques années, connait bien les lieux et attaque les festivités. Le concert sera un enchainement de ballade folk/rock assez sublime (Fade Into You) car en peu de disques, Mazzy Star aura tout de même marqué son monde. Seulement voilà, le concert manquera de passion et de folies, excepté quelques fulgurances électriques, la musique bercera les festivaliers. Tellement bien que Panda Panda s’endormira dans l’herbe… Shame on Me. Bobbie Rambo et Bobby Love partis devant reviendront content sans tomber en extase devant ce groupe qui n’avait peut-être pas sa place ici en tant que tête d’affiche, un groupe sûrement trop cher pour ce qu’ils ont à proposer.

Après cette petite sieste qui nous aura tout de même bien remis d’aplomb, Colin Stetson envahit la scène de la tour avec son saxo baryton. On est bien curieux de voir ce que proposera le monsieur sur scène qui a déjà tourné avec les plus grands (Bon Iver). Musicien réputé, Stetson est capable de souffler en continu dans son instrument. On ne sait comment il est capable de sortir tous ces sons à lui seul mais la technique est impressionnante. La technique… Parce que musicalement putain, ce concert est une vraie purge. S’il arrive à se trouver une audience, on restera complètement hermétique face à ce concert trop mou, trop chiant et trop tout ce que vous voulez. On partira avant la fin pour ne pas louper une miette de The Walkmen qui vient de sortir un énième grand album. Il y a déjà un peu de foule, on se colle aux gens pour se réchauffer un peu (il commence à faire frisquette !).

La Route et The Walkmen c’est un peu je t’aime moi non plus, cela fait depuis 2004 que les programmateurs essaient de les faire venir sur leur terre. Il aura donc fallu attendre 8 ans pour que les New Yorkais pointent le bout de leur nez et on ne sera pas déçu. Après une introduction magique sur Line By Line, le groupe déboule et balance Heaven, dernier et grand single à découvrir sur l’indispensable album du même nom sorti cette année. La foule commence à bouger son popotin et ne s’arrêtera qu’à de rares moments. Conscient de l’heure tardive, le groupe privilégiera une setlist vivante au détriment des ballades et c’est tant mieux même si l’on regrette l’absence de morceaux chers à notre cœur (four provinces pour ne citer que lui). Alternant principalement entre les deux derniers albums, on est frappé par la classe et l’élégance du groupe. Leurs compositions semblent intemporelles et la voix de Hamilton Leithauser est toujours aussi incroyable. Eraillée, puissante, son chant nous impressionne toujours autant malgré toutes ces années. Amoureux, comment ne pas regretter leur départ qui nous parait si hâtif. On aurait bien redemandé une heure de prestation à la place de Hanni El Khatib chargé de nous achever. On espère qu’une chose, c’est qu’il ne faudra pas attendre encore 8 ans avant leur prochaine venue.

A la base on n’est pas un grand fan de l’Américain qui re-re-re-revisite le rock garage et qui a sorti un premier album complétement anecdotique. Le mec finira par nous saouler complètement. Le trio, qui semble plus soigner son look que ses chansons, nous livre une soupe mainte fois entendue. La fosse a perdu 10 ans de moyenne d’âge et se démène comme un beau diable, peut être sommes-nous tout simplement plus dans le coup ? Naaaannn c’est les jeunes qui ont des gouts de chiottes ! Si le groupe ne manque pas d’énergie on est un peu atterré face au succès de cet homme qui n’a pourtant pas grand-chose pour lui. Les chansons se suivent et se ressemblent. Bref on s’emmerde et le festival se finira sur un concert très mitigé.

Mitigé, c’est aussi le mot que l’on emploiera pour définir cette édition. Ce n’est pas de la déception puisqu’en voyant la programmation, on se doutait que certains concerts n’allaient pas nous emballer et au vu de la fréquentation catastrophique cette année, beaucoup semblent avoir eu le même sentiment. L’organisation était pourtant au poil cette année mais on aurait aimé que les deux premiers jours soient comme le dernier. Vivant, festif, rock, dansant et jovial… On espère que cette programmation, qui n’aura pas connu le succès escompté, forcera les programmateurs à retenir la leçon et les poussera à chercher des groupes talentueux, excitants et vivants. Ils devront aussi se faire à l’idée que certains artistes n’ont peut-être pas leur place dans un festival ou du moins faudrait-il limiter leur nombre et ne pas proposer en majorité des groupes réputés calme sur scène (l’équilibre était par exemple parfait le dimanche). Heureusement pour eux, les festivaliers de la route du rock comptent de nombreux fidèles dont moi. Bien que la programmation fût beaucoup moins alléchante, on n’a pas hésité à venir car la route reste un festival exigeant qui cherche à proposer aux auditeurs des musiques innovantes quitte à prendre des risques. Et mine de rien, face à de nombreux festivals qui font nawak niveau prog, la route devient une perle rare. Le lendemain, on prépare nos affaires, on récupère celles de bobbie rambo partie dans la nuit prendre son avion à Paris et on lâche un dernier regard sur le camping : "au revoir la route, à l’année prochaine, on t’aime bien quand même, des bisous".

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