Semaine 01 : Arnaud Fleurent-Didier – La Reproduction [Columbia]

Ça y est, il est temps de tourner la page, adieu 2009, bonjour 2010. Alors que l’année commence à peine me voilà déjà à la bourre zappant de parler d’American Dollar et de leur album Post-Rock pas terrible Atlas (Vous pouvez toujours faire un tour sur leur myspace), voici le premier album de la semaine avec le retour de Mr Fleurent-Didier.




On n’avait pas eu de nouvelles du jeune homme en artiste depuis 2004, premier disque sous le nom d’Arnaud Fleurent-Didier où il dressait son portrait à travers 12 compositions toutes plus belles les unes que les autres servies par des textes intelligents, fins et drôles, bref Portrait d’un jeune homme en artiste fut l’un des grands moments forts de cette année là de quoi faire trépigner d’impatience une fois l’annonce faites que Fleurent-Didier était de retour au travail. Voilà le genre de disque qui aurait dut passer complètement inaperçu en temps normal sauf que voilà, durant l’été 2009 (à moins que ce soit à la rentrée), un premier extrait apparaît, celui de France Culture. On en a déjà pas mal parlé ici, en ayant dit tout le bien possible jusqu’à lui donné le titre de chanson de l’année.

Grâce à cette chanson tout s’emballe pour Arnaud Fleurent-Didier, passage chez le pas très underground Nagui pour Taratata, chroniques dithyrambiques dans à peu près tous les journaux et magazines, l’artiste vit actuellement son heure de gloire comme il le fantasmait sur son titre Rock critique aux paroles ironiques qui finalement le rattrape. Méritait-il pour autant tous ses projecteurs braqués sur lui ? Oui et non car cet homme a du talent, énormément, La Reproduction regorge de titres où sa plume fait des merveilles et où l’orchestration très travaillée à de quoi être félicitée mais ce disque regorge aussi de quelques voir pas mal de défauts car à côté du sublime se côtoie quelques chansons juste mauvaises aux textes dont on ne sait pas trop quoi en penser. Est-il sérieux ou drôle ? On ne sait pas, et on a beau tourner ses paroles dans tous les sens on trouve toujours ça ridicule.

Faire une chanson intitulée My Space Oddity en 2010 fait incroyablement daté il faut l’avouer, au point qu’on se sent gêné pour lui, des malaises, il y en a sur La Reproduction, peut être trop pour ce disque attendu depuis 6 ans, on aurait put se passer de paroles un poil ridicule (Le thème du générique, Place Clichy sous la pluie, un lent travelling jusqu'au Quick...), on est alors en droit de se poser LA question fatale qui tue grands nombres d’artistes, « tout ça pour ça ?! ». Pourtant ça commençait bien, très bien même puisque France Culture ouvre l’album et l’origine du monde forcément un cran en dessous reste une grande chanson aux sonorités très 60’s, une décennie d’ailleurs qui a sûrement beaucoup marqué Arnaud Fleurent-Didier car cette époque ressort constamment de ses arrangements et de ses textes de Mémé 68 (facile celle là) à Si on se dit pas tout et bien sûr France Culture sans jamais tombé dans le côté réac, disons plutôt nostalgique d’une époque qu’il n’a jamais vécu mais idéalisé.

La Reproduction ressemble aussi et surtout à un exutoire, chanter ses textes sont l'équivalent chez d'autres à une séance de psy. Partageant ses peines amoureuses, sa relation avec ses parents, interrogeant la mémoire de ses grands-parents (Mémé 68, Pépé 44). Rien n'est glorifié, rien n'est glorieux d'ailleurs où beaucoup de choses ne sont que déceptions. C'est à ces moments là qu'Arnaud Fleurent-Didier émeut, se surpasse et impressionne par tant d'honnêteté sur ce disque qui pour ses instants volés vaut au moins une écoute.

Mais c’est aussi un auteur de notre temps, parlant de ces désarrois amoureux autour d’un Risotto aux courgettes qui est loin d’être une mauvaise chanson comme on pourrait le croire au vu du titre ou lorsqu’il se comporte tel un imbécile heureux, drôle et touchant à la fois quelque peu gâché hélas par une musique un poil décevante sûrement dut à sa voix difficile que certains jugeront un peu trop délicate pour rester poli. Et des jugements sévères il ne devrait pas tarder en recevoir comme tout bon buzz qui se respecte. Ceux dont le poil se hérisse, agacés par tant d’attentions pour un homme qui ne le mérite pas. On parlera alors de parisianisme, de bobo intello agaçant et j’en passe… Réaction légitime et pourtant tellement fausse, car cracher sur l’un des artistes les plus brillant de l’hexagone est vraiment de mauvais goûts… De nos jours, peu jouent dans le même registre qu’Arnaud Fleurent-Didier et dans ceux là qui est réellement à sauver ? Pas grand monde hélas…

En conclusion, Portrait d’un jeune homme en artiste aurait mérité bien plus de louanges que ce dernier disque décevant même s’il regorge de grands moments de la chanson française comme on en voit trop rarement. La reproduction est donc un bon disque mais ça s’arrête là, ce n’est ni le meilleur disque de l’année ni le disque français de l’année (enfin j'espère), on l’aura sûrement oublié dans un an mais en attendant félicitons-nous d’avoir dans notre patrie quelques compositeurs qui nous rappellent que nous aussi nous sommes encore capables d’écrire de grandes compositions dans la plus pure tradition de la chanson française et ça, c’est plutôt cool.



Sortie le : 04 janvier 2010
5 titres en écoute à droite.
Myspace
Quelques chroniques :
Hop Blog qui aime beaucoup.
La musique a papa qui aime bien.
Playlist Society qui aime beaucoup moins.

7 commentaires:

Benjamin F a dit…

Je me suis déjà longuement exprimé sur cet album mais ce que je trouve marrant dans ta chronique c'est que si tu arrives à 7/10 vs mon 4,5, nous avons finalement la même analyse du disque. Nous sommes gênés par les mêmes choses (certaines instrumentations, certaines mélodies, l'écriture en deçà sur My Space Oddity par exemple) et reconnaissons tous les deux l'intérêt thématique du disque et son importance dans le paysage français. Peut être que contrairement à moi, tu as réussi à te focaliser sur les qualités. Perso je voudrai bien essayer de me consacrer plus de temps cette année aux disques que j'estime totalement. Je pense que ça implique peut être plus de virulence à l'égard de ceux auxquels j'ai beaucoup de reproche à faire...

Panda Panda a dit…

A mon avis, les qualités du disques surpassent ses défauts effectivement, et je pense sincèrement que ce garçon est bourré de talents donc je ne voulais pas trop le pénaliser avec une note trop faible même si ce 7 n'est pas forcément mérité...
Mais je suis d'accord avec toi je préfère promouvoir les disques que j'ai beaucoup aimé plutôt que ceux qui m'ont laissé de froid ce qui n'est pas le cas d'AFD qui a sur son disque quelques pépites...
Et puis en disque de la semaine pour la première de l'année j'avais le choix entre deux albums, l'autre m'a laissé indifférent donc le choix a été rapide...

-Twist- a dit…

Tu lui as mis 7 donc je t'aime bien :)

Panda Panda a dit…

Tu vas peut être moins m'aimer sachant que j'ai également mis 7 à Vampire Weekend!

-Twist- a dit…

:'(

Panda Panda a dit…

Quelle mauvaise foi! Tu ne l'as même pas écouté je suis sûre!

-Twist- a dit…

Non, je vais passer mon tour là. :D