Semaine 4 : Charles Bradley - No Time For Dreaming [Daptone Records]



Ne vous fiez pas aux apparences, Charles Bradley est loin d’être un vétéran. A 62 ans, cet homme a passé toute sa vie à côté de sa passion pour la musique. Fait de malheureux hasards, il a passé sa vie comme chef cuisinier un peu partout sur le continent Nord-Américain, ses économies passant dans l’achat de matériel musical. C’est à l’âge de 51 ans, que sa passion prend le pas, il chante alors dans plusieurs clubs de Brooklyn où il se fait une certaine notoriété. Malheureusement, le bonheur est de courte durée quand son frère se fait tuer par balle par son neveu. Au plus bas, c’est à ce moment là que Gabriel Roth intervient. Lui, c’est l’un des patrons de Daptone Records, découvreur de talents comme Sharon Jones. Illico, Gabriel Roth l’envoie en studio en compagnie du producteur des Dap Kings et l’entoure du Menahan Street Band pour l’accompagner. Il en accouchera de son premier disque : No Time For Dreaming.

Alors, oui. Encore un album de soul. Mais quel album ! Le premier titre qui est aussi le premier single ouvre le bal. L’année dernière on avait l’entraînant I Need A Dollar une vraie machine à tube, ce titre est son versant plus sombre. The World (Is Going Up In Flames) obsède, la tristesse est palpable, Charles Bradley crie à n’en plus pouvoir, l’émotion et la ferveur transpire à chaque note sur ce titre d’ores et déjà à ranger parmi les meilleurs titres de l’année. La suite n’a pas à rougir, sur les douze titres qui composent l’album, Charles Bradley y met toute son âme et son groupe en fait tout autant. Les compositions excellent et font mouche à chaque fois, la rythmique un peu trop discrète à mon goût déploie une ingéniosité débordante quand il s’agit d’employer des percussions Africaines sur le final de Golden Rule ou utiliser les codes de la bossa nova sur Since Our Last Goodbye. On retrouve sur l’album toutes les habitudes de la soul, l’orgue Hammond et les cuivres chaleureux ne sont jamais très loin. Les choristes sont eux aussi de la partie quand il s’agit d’appuyer les propos du chanteur comme sur le génial No Time For Dreaming où les exclamations « Get Up ! »et « Dreaming ! » sont du plus bel effet.
La vraie force de ce disque reste la voix majestueuse de Charles Bradley. Une voix qui prend tout l’espace, il suffit d’écouter How Long pour se rendre compte de l’ampleur du talent vocal de ce monsieur. Pas d’artifice ici, la voix est brute et rugueuse, on ne parle même plus d’une bonne interprétation mais d’une voix possédée par ses démons, sa rage, sa tristesse, son désespoir… On est tenté de comparer son chant à celui de son idole, celui qui lui a donné cette envie de chanter à son tour après avoir vécu en live. La prestation de James Brown en 1962 l’aura marqué et il lui rend un bel hommage à travers sa voix. Il y a chez ces deux hommes cette voix un peu éraillée et bouleversante qui font de ces deux artistes, de grands chanteurs soul.

Ne vous fiez pas aux apparences, Charles Bradley est bien plus qu’une mode, No Time For Dreaming n’est pas un simple album soul de plus comme on en voit pousser ici et là, c’est un disque qui aurait pu sortir en plein âge d’or de ce genre. Il ya une intemporalité qui se dégage de son disque qui ne fait certes pas avancer la soul vers de nouveaux horizons mais qui impose son disque comme une référence de plus pour les futures générations à venir.



sortie le : 25 janvier 2011
5 titres en écoute à droite.
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Pour :
De la lune on entend tout
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Contre :
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2 commentaires:

Matador a dit…

Tu pourras bientôt m'ajouter dans la catégorie "pour".
I need a dollar pâlit en comparaison. Il y a une verve plus dévorante chez Charles Bradley.

Panda Panda a dit…

Je comparais avec I Need A Dollar dans le sens où c'est une chanson soul qui m'a marqué l'année dernière (cf top chanson 2010) ici on est dans un autre registre mais là aussi, ce fut un choc lors de la découverte!