#0009 : Count Basie Orchestra – The Atomic Mr. Basie (1958)


Parler de The Atomic Mr. Basie comme d’un album de Count Basie tel il est mentionné dans le livre 1001 albums est plutôt incorrect car ce serait oublier l’apport de ses musiciens, de son orchestre, qu’il dirige d’une main de maître mais récompensé en échange par un band où chaque individualité rayonne. Ce disque sorti en 1958 (et non pas en 1957 comme il est indiqué dans le livre) fait partie d’un des innombrables albums de sa discographie très impressionnante et marque à jamais le style de Count Basie Orchestra qui restera un modèle de big band.

Composés de 5 saxophonistes, 4 trompettistes 3 joueurs de trombones et de la partie rythmique (piano, contrebasse, batterie et guitare), Count Basie Orchestra est l’exemple type d’un big band de l’époque qui transposait sur disque la puissance et la folie de leurs lives, à moins que ce soit le contraire. On a déjà parlé d’un fameux big band, très reconnu lui aussi, celui de Duke Ellington qui m’avait étonnement fait comprendre que le jazz n’était pas qu’une question d’intellect mais aussi de fête, de dépassement de soi et d’actes héroïques de la part des solistes.

The Atomic Mr. Basie peut donc se ranger dans la même catégorie qu’Ellington At Newport bien que le jeu des deux orchestres soit complètement différent. Si le second jouait à un rythme infernal, le premier se veut bien plus calme et cela passe par le style de Count Basie qui repose sur l’économie des notes. Bien que le pianiste soit le chef d’orchestre, ce sont surtout les cuivres, là encore, qui se taillent la part du lion. Basé sur des fulgurances, la plupart du disque est en mid-tempo mais il est ponctué par le jeu des saxophonistes intervenant constamment. Ces intrusions permettent de créer une dynamique dans les compositions de Neal Hefti.

Et là vous vous demandez, "putain mais c’est qui Neal Hefti ?". Trompettiste de formation, il sera surtout reconnu pour avoir arrangé et composé pour de nombreux artistes jazz essentiels de cette décennie. Plus tard, il tournera le dos à sa première passion pour se consacrer à l’écriture de films ou de séries comme le thème de Batman, sa composition qui restera sa plus populaire. Sur The Atomic Mr. Basie, toutes les compositions viennent de cet homme, ce disque porte finalement son empreinte mais que le groupe a su s’approprier grâce à une interprétation exemplaire de chaque instant.
                                                                                                               
Cependant, pour un album  définit comme festif, on ne peut pas dire qu’on bondit de notre siège comme c’est le cas avec le live de Duke Ellington. Les morceaux mid-tempo ont un côté balourd comme si l’on suivait la promenade dominicale d’un éléphant et toute la bonne volonté des cuivres, qui relèvent pourtant le tout, ne suffit pas à faire de ce disque ce qu’il prétend être. Plus grave, malgré la qualité des compositions, on ne rentre jamais totalement dans The Atomic Mr. Basie, notre attention a souvent papillonné ailleurs durant les écoutes, selon les titres ou certains passages plus anecdotiques.

Cet album n’est donc pas une claque mais reste toutefois le témoignage d’un groupe épatant qui enchaine les moments de bravoure entre deux accalmies. Surtout, The Atomic Mr. Basie confirme (pour moi hein) que le jazz peut être fun et sans prise de tête un peu comme Count Basie qui a su parfaitement transposer sa personnalité sur ce disque bien plus que sympathique.


Label : Roulette
Double-O et Li'l Darlin' en écoute.

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